L’isolement des cas positifs à la COVID-19 réduit à cinq jours
Pour éviter de « paralyser la société », la Santé publique québécoise allège ses exigences en matière d’isolement. Les personnes qui ont reçu un résultat positif à la COVID-19 auront maintenant à s’isoler pour cinq jours, plutôt que dix.
Cette nouvelle mesure, annoncée mardi au cours d’une séance d’information technique, se colle aux recommandations de plusieurs provinces canadiennes et à celle des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains. Elle a pour objectif de maintenir les travailleurs essentiels infectés, mais asymptomatiques, sur le terrain.
« On pourrait être plus précautionneux que moins et garder les dix jours. Mais à ce moment-là, on paralyse la société », a signalé la conseillère médicale stratégique senior de la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Marie-France Raynault, qui croit que le Québec « était rendu là ».
Selon elle, « il n’y a pas que la COVID dans la vie ».
« Si on n’a pas de pompiers pour éteindre les feux, si on n’a pas de policiers pour assurer la sécurité, si on n’a pas de livreurs, si on n’a pas de chauffeurs d’autobus… Ce sont aussi des considérations qu’on prend en compte », a ajouté l’experte.
Les Québécois qui n’éprouvent plus de symptômes à la fin de leur isolement pourront retourner travailler après cinq jours, et avec un masque. S’ils sont toujours symptomatiques, ils devront respecter la période initialement fixée à dix jours. La consigne ne s’applique qu’aux personnes ayant reçu deux doses de vaccin.
Par ailleurs, seuls les contacts « à risque élevé » devront suivre les règles d’isolement. La Santé publique parle ici de personnes en couple avec un individu qui a reçu un test positif ou issues de la même bulle.
Accès restreint au PCR
S’il desserre la vis de la quarantaine, Québec resserre ses critères d’entrée dans les centres de dépistage. Malgré la pénurie de tests rapides, les Québécois de la population générale qui éprouvent des symptômes de la COVID-19 ne pourront plus accéder aux PCR — les tests classiques —, à moins de répondre à certaines conditions très précises.
Les travailleurs en centres de dépistage accorderont maintenant la priorité aux travailleurs de la santé qui ont des contacts avec les patients, aux personnes symptomatiques qui travaillent en centres d’hébergement, en foyers de groupe, dans des refuges, dans des établissements correctionnels, ainsi que ceux qui vivent dans des communautés des Premières Nations, Inuits et Métis ou qui y travaillent.
Le reste de la population sera redirigé vers les tests rapides. « En fait, si vous n’êtes pas en lien avec un milieu à risque, vous n’aurez pas accès à un test PCR, a affirmé la Dre Raynault, mardi. Même si on aime beaucoup les PCR, on a dû prioriser. »
Le Québec teste plus que jamais. Dans les deux dernières semaines, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le Québec a dépassé à huit reprises les 50 000 prélèvements quotidiens. Les autorités sanitaires ne l’avaient pas fait une fois depuis mars 2020.
Or, les réactifs nécessaires à l’analyse des tests commencent à manquer, s’est justifiée la Santé publique, mardi. Les délais anticipés étaient trop importants, a indiqué la Dre Raynault, qui espère pouvoir revenir à la normale « dans quelques semaines ».
Entre-temps, les nouvelles directives devraient permettre de désengorger les centres de dépistage de moitié, selon elle.
« On trouve que les tests, c’est très bien, mais que la vaccination, c’est ça qui va nous sortir de la vague actuelle. Si on a des choix à faire, on préfère vacciner plus rapidement », a signifié la conseillère de santé publique.
« Se considérer comme infecté »
Ceux qui cherchaient des tests rapides pendant les Fêtes auraient tout aussi bien pu partir à la recherche d’un calendrier de l’avent le 1er janvier. Mais si les ruptures de stock ont ponctué le début de l’hiver, Québec prévoit un cadeau tardif aux Québécois : des millions de tests antigéniques devraient arriver dans les pharmacies en début de semaine prochaine.
Pour ceux qui ne réussiraient tout de même pas à s’en procurer, la consigne est simple, a indiqué la Dre Raynault. Des symptômes : on s’isole.
« On est bien conscients que c’est un changement majeur. Il va falloir une période de tolérance dans les centres de dépistage », a-t-elle observé.
Un peu plus de productivité ?
Après plusieurs annonces difficiles pour l’économie québécoise, avant et durant les Fêtes, le secteur s’est réjoui mardi des quelques allègements qu’amènera la réduction de la période d’isolement à cinq jours. Selon le Conseil du patronat du Québec (CPQ), le gouvernement a écouté les employeurs.
« En contexte de pénurie de main-d’œuvre, que les travailleurs puissent revenir plus tôt au travail, c’est une bonne nouvelle pour l’économie », a dit Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.
Près de 240 000 postes étaient vacants au Québec à la fin de 2021, selon Statistique Canada.
La chaîne de restaurants de poulet rôti Benny & Co., qui produit maintenant seulement des plats pour emporter, en livraison ou en épicerie, est notamment à la recherche de centaines de travailleurs. Or, depuis la mi-décembre, environ 15 % des 2200 employés de l’entreprise ont dû se placer en isolement en raison de la COVID-19. Certains des 71 établissements de la marque ont dû fermer pour un ou deux jours.
« C’est un défi de tous les jours de ne pas fermer de succursales et d’offrir le service à nos clients qui en ont besoin. On dirait qu’on est toujours à un ou deux employés près d’être en situation critique, a soutenu Nicolas Filiatrault, vice-président Finances et administration chez Benny & Co. On accueille bien la quarantaine de cinq jours, ça va nous aider à reprendre le dessus un peu plus rapidement. »
Avec La Presse canadienne