Des organismes pour personnes itinérantes réclament plus de moyens pour faire face à la crise

Le nombre de cas de COVID-19 se compte encore quotidiennement par milliers au Québec et des organismes qui hébergent des personnes itinérantes réclament plus de mesures pour les aider à faire face à de potentiels bris de services à cause de la contamination de leurs employés.
« C’est certain que nous vivons actuellement des défis énormes en termes de personnel. Nous voulons garder tous nos services ouverts, et ils sont 24/7, lance le président-directeur général de la Mission Old Brewery, James Hughes. Le plus rapidement que les gens peuvent revenir au travail, le mieux c’est. Les nouvelles règles qui permettent un retour plus rapide des employés asymptomatiques seraient très pertinentes pour nous. »
L’organisme est en discussion avec la Santé publique pour voir si les mesures annoncées la semaine dernière par Québec pourraient s’appliquer à ses employés. La mission Old Brewery est un organisme sans but lucratif indépendant du réseau de la santé et des services sociaux, ce qui rend moins clair s’il peut par exemple réduire le temps d’isolement de ses employés. « Jusqu’à temps que nous obtenions des clarifications, nous sommes toujours avec la période d’isolement habituelle, dit le p.-d.g. Nous sommes prêts à mettre le pied sur la pédale le plus vite possible ». D’autres, comme la Mission Bon Accueil, peuvent déjà appliquer les nouvelles règles parce qu’ils font partis du réseau.
Une dizaine d’employés sont présentement hors circuit à la Mission Old Brewery, une situation « très difficile » et qui évolue tous les jours. L’organisme a de plus cessé de faire affaire avec des bénévoles, qui donnent parfois un coup de main dans les cuisines notamment, à cause de la flambée de cas d’Omicron.
Comme d’autres organismes, James Hughes aimerait de plus que ses employés aient accès plus rapidement aux tests de dépistage et aux résultats, comme c’est le cas pour les travailleurs de la santé, et à davantage de tests rapides.
Un manque de ressources criant
« J’ai trois employées en dépistage, et trois employées qui ont la COVID-19 », mentionne Mélanie Walsh, directrice de l’Auberge Madeleine, qui emploie 35 personnes. « En général ça prend trois ou quatre jours avant d’avoir le résultat. Se passer d’une employée pendant quatre jours alors que les effectifs sont déjà étirés au maximum, c’est catastrophique », ajoute-t-elle, en parlant du cas précis d’une employée qui a été en contact avec une usagère positive.
La ressource pour les femmes itinérantes de 26 lits est « constamment sur la fine ligne du bris de service », dit-elle. Cela, en plus de devoir composer avec un manque de ressources criant pour les femmes. « Nous n’arrivons pas à les référer vers des ressources régulières, qui peinent à offrir leurs services à pleine capacité », souligne Mélanie Walsh. Elle précise qu’il faut donc les référer à des haltes-chaleur, qui n’offrent presque pas de services, et qu’il y a des enjeux de sécurité pour les femmes qui se retrouvent dans la rue.
Il y a également un problème d’accès aux tests rapides. « On commence à nous en offrir au compte-goutte et on nous dit que ce sont uniquement pour les résidents de nos ressources », dit-elle. L’organisme s’est fait indiquer jeudi dernier par la Santé publique qu’il ne pouvait pas réduire le temps d’isolement à moins de 10 jours pour ses employés. Mais Mélanie Walsh se demande de toute façon si les usagères ne sont pas trop vulnérables pour accélérer un retour au travail. « J’ai beaucoup de femmes qui ont plus de 60 ans et qui ont des problèmes de santé physique, elles sont très vulnérables, souligne-t-elle. Est-ce que les recommandations de la Santé publique sont adaptées pour une ressource comme la nôtre ? ».
La Mission Bon Accueil appuie elle aussi un meilleur accès aux tests rapides, même si l’organisme ne compte pas encore beaucoup de cas de COVID-19 chez ses employés. « Je pense que ce serait idéal, parce qu’il y a seulement 1500 personnes au service des gens dans le besoin à Montréal, alors c’est un petit écosystème », dit le président-directeur général, Sam Watts.