2021 dans l’oeil d’Adil Boukind

Les photographes posent un regard très personnel sur l’actualité. Nous leur avons demandé de choisir leurs meilleures photos de l’année plutôt… inusitée qui s’achève. Des rencontres surprenantes aux portraits intimistes, voici la sélection d’Adil Boukind.

1 21 août | Cet été, Kaboul est tombé aux mains des talibans en quelques jours. Les Afghanes et les Afghans qui bénéficiaient d’un tant soit peu de liberté occidentale se retrouvaient alors tout à fait au dépourvu. «On s’en doutait tous, que les droits des femmes allaient méchamment reculer avec l’arrivée des talibans au pouvoir. Ça me démangeait, je voulais aller en Afghanistan couvrir ce moment charnière de l’histoire», mentionne Adil Boukind. Il usera plutôt de son appareil pour raconter l’histoire de celles qui ont trouvé refuge à Montréal. «Je m’apprêtais à quitter la manifestation. Le soleil commençait à se coucher. Et là, cette femme lance ce regard à la foule.» Adil Boukind Le Devoir
2 16 novembre | Les voix des chanteurs amateurs de karaoké se sont tues en septembre 2020, pour n’être réentendues qu’un an plus tard, en novembre 2021. «J’avais photographié la fermeture des karaokés. J’ai vraiment vu le contraste entre la grosse déprime de 2020 et le retour à la fête cette année», note Adil Boukind. Il garde en mémoire une tournée des bars qui relevait presque de la thérapie pour ces oiseaux de nuit. «L’an dernier, les gens ne voulaient pas trop se faire prendre en photo. Cette année, les gens étaient très à l’aise. On pouvait penser qu’il n’y avait plus de COVID-19 le temps d’un soir.» Adil Boukind Le Devoir
3 9 février | Certaines rencontres marquent plus que d’autres. Pour Adil Boukind, c’est le cas de celle avec la chanteuse Pomme, plutôt inconnue de lui avant cette affectation. «J’étais plus intéressé par le chien, au tout début, dans l’appartement», dit-il en rigolant. Il raconte la cascade de surprises qui a découlé de cette courte séance de prise de photos. «Quand je suis arrivé au lieu du rendez-vous, c’est Safia Nolin qui m’a ouvert. J’étais surpris. Les deux étaient ensemble à l’époque.» Pomme, artiste féminine de l’année aux Victoires de la musique, respire l’humilité. Adil Boukind Le Devoir
4 23 juillet | «Occupation Hood» est née des méandres d’Instagram. Pastichant Occupation double, Tailaire Laguerre, alias Tai, invite le public à participer à ses vidéos en direct sur Instagram afin de former des couples. Des dizaines de milliers de personnes écoutent chaque dimanche les offensives de charme souvent loufoques des participants. Le rendez-vous entre Tai et Jay du Temple est l’initiative du journaliste Dominic Tardif. «Jay du Temple était techniquement la star. Il est arrivé seul. Tai est arrivé avec 15 minutes de retard, avec cinq ou six personnes. On était fascinés par le gars qui arrivait avec son entourage, son gérant, sur le mode de la superstar», se souvient Adil Boukind. «C’était improbable comme rencontre. Au final, ça a cliqué tout de suite.»   Adil Boukind Le Devoir
5 13 février | «C’est comme ça que j’ai commencé mon année 2021», se remémore Adil Boukind. Ces «anges gardiens» louangés par le gouvernement se retrouvent en janvier exclus d’un programme de régularisation. Les histoires de soignants en détresse à qui l’on refuse un statut permanent s’accumulent, et le photographe se rend dans les centres de santé pour illustrer leur désespoir. L’anonymat est même souvent requis pour raconter leurs histoires. «Ces personnes-là qu’on appelait des héros ont été complètement oubliées du discours des politiciens.» Adil Boukind Le Devoir
6 11 septembre | Les artistes agissent parfois avec indifférence, distance, voire arrogance avec les journalistes et les photographes. Pas Louis T. «Il était vachement intéressé par mon appareil photo. Habituellement, c’est pour faire du small talk, mais lui était sincèrement intéressé», se rappelle Adil Boukind. La vie des humoristes n’est pourtant pas simple depuis deux ans. Leurs spectacles ont été reportés à maintes reprises. Le contact entre Louis T et Adil Boukind fut si cordial qu’un seul déclic de l’appareil photo fut nécessaire pour que le portrait soit tiré. Adil Boukind Le Devoir

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