Le dépistage de la COVID-19 arrive au point de saturation

Partout au Québec, les délais avant d’obtenir un test s’allongent face à une demande record.
Photo: Paul Chiasson La Presse candienne Partout au Québec, les délais avant d’obtenir un test s’allongent face à une demande record.

Alors que le Québec enregistre son pire bilan quotidien de nouveaux cas de COVID-19, les délais s’allongent en matière de dépistage. Tant l’attente dans les centres ou avant d’obtenir un rendez-vous que celle avant d’obtenir le résultat d’un test se sont accrues dans plusieurs régions cette semaine.

Dans la région métropolitaine, plusieurs centres de dépistage ont été pris d’assaut vendredi. À Montréal, le centre du Stade olympique affichait complet pour la deuxième journée de suite. « C’est la deuxième fois qu’on vire de bord après une attente de trois heures », se désespère Martin Patenaude-Monette.

Son fils de deux ans a eu un contact étroit avec un cas confirmé de COVID-19 au centre de la petite enfance qu’il fréquente.

« Comme adulte, on aurait pu attendre plus longtemps, mais avec un enfant en bas âge, sans toilette et sans lunch, c’est ingérable », explique-t-il. Illustrateur et vulgarisateur scientifique, il se dit « entièrement d’accord » avec les consignes sanitaires : « Mais si le dépistage ne suit pas, les gens qui s’en fichent le moindrement risquent de laisser tomber leur test », glisse-t-il.

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal reconnaît que les délais d’attente « peuvent aller jusqu’à trois heures à certains moments de la journée selon le centre de dépistage », affirme un conseiller en communication au Devoir.

Ailleurs, il a fallu gonfler la capacité de dépistage après une semaine mouvementée. Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal réalise actuellement 3000 tests par jour « pour répondre à la demande accrue », expose la relationniste Hélène Bergeron-Gamache. C’est le double de la capacité habituelle de 1750 tests par jour.

Les résultats sont communiqués dans un délai maximal de quatre jours après un test, a-t-elle poursuivi. Ce délai était plutôt de 24 à 48 heures dans d’autres régions, a constaté Le Devoir.

Partout au Québec

 

À Lévis, il faut attendre plus de deux jours avant d’obtenir un rendez-vous. Une clinique sans rendez-vous est aussi ouverte, mais impossible d’y connaître le temps d’attente, à moins d’aller sur place.

Même son de cloche à Lac-Mégantic, Sainte-Marie, Saint-Georges, Beauceville et Thetford Mines : il faudra s’armer de patience jusqu’à lundi, voire mardi, pour pouvoir accéder à un test.

Il faut gagner l’est de la province pour trouver les rares exceptions. Rivière-du-Loup, Rimouski et en Gaspésie ; plusieurs sites offraient des rendez-vous le soir même, vendredi.

Le CISSS de Laval qui fait face à « achalandage exceptionnel » depuis le début de la semaine, a aussi dû avertir le public que jusqu’à quatre jours pouvaient s’écouler avant de recevoir son résultat.

La capacité d’analyse a été dépassée en début de semaine, alors qu’un record de 10 000 prélèvements ont été acheminés au laboratoire. « Notre capacité d’analyse est plutôt de 7000 échantillons par jour », a indiqué au Devoir la porte-parole du CISSS de Laval, Judith Goudreau.

Ce même laboratoire dessert trois régions, soit Laval, les Laurentides et Lanaudière. Vendredi, le délai maximal s’était raccourci à trois jours pour obtenir un résultat, un signe « encourageant », poursuit Mme Gaudreau. Jusqu’à 30 % des personnes qui se font dépister à Laval proviennent d’autres régions, indique-t-elle également.

La couronne sud de la métropole connaît une saturation semblable de son dispositif de dépistage. À Sorel, les délais pour obtenir un rendez-vous vont jusqu’à six jours, a confirmé la conseillère en communication Marianne Paquette, du CISSS de la Montérégie-Est. À Saint-Hyacinthe et Boucherville, il faut patienter deux jours.

Le CISSS de la Montérégie-Ouest dit maintenir sa capacité entre 750 à 1000 tests par jour, avec des délais jusqu’à trois jours pour prendre rendez-vous. Des cliniques mobiles sont ajoutées au besoin « pour couvrir [son] large territoire », a indiqué au téléphone la porte-parole Jade St-Jean.

Vers un soulagement ?

Ces deux divisions de la Montérégie cherchent aussi à recruter plus de « dépisteurs » pour leurs centres. Le bassin est souvent composé de retraités, explique Mme Paquette, et les disponibilités ont baissé dans les dernières semaines ; la « fatigue ou le retour de différents titres d’emploi dans leurs secteurs respectifs de travail » ont joué sur les effectifs, dit-elle.

« On s’attend aussi à ce que la distribution de tests rapides fasse baisser l’achalandage », ajoute Mme St-Jean.

Environ 1900 pharmacies commenceront en effet la distribution gratuite de cinq tests de dépistage rapides par personne à partir de lundi prochain. Une personne qui obtient un résultat positif doit néanmoins se présenter dans un centre de prélèvement pour valider le résultat.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux compte aussi sur cette distribution pour le « désengorgement des centres de dépistage », écrit par courriel un relationniste. Malgré la « très grande capacité de dépistage », dit-il, certaines régions comme l’Estrie sont en effet au maximum de leurs capacités.

Les tests rapides ont commencé à être utilisés dans les files d’attente pour faire un premier triage des tests négatifs à plusieurs sites, entre autres à l’Hôtel-Dieu de Montréal et au CIUSSS de la Capitale-Nationale.

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