La belle-mère de la «fillette de Granby» passera un minimum de 13 ans en prison

La grand-mère paternelle, la mère biologique et la soeur du père se sont déplacés au palais de justice de Trois-Rivières vendredi pour expliquer au juge l’impact que la mort de la fillette de 7 ans a eu dans leur vie.
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir La grand-mère paternelle, la mère biologique et la soeur du père se sont déplacés au palais de justice de Trois-Rivières vendredi pour expliquer au juge l’impact que la mort de la fillette de 7 ans a eu dans leur vie.

Pour son « crime insensé » qui relève d’un « acte odieux », la belle-mère de « la fillette de Granby », qui a écopé d’une peine de prison à vie, ne pourra pas demander de libération conditionnelle avant 13 ans.

C’est la décision qu’a rendue le juge Louis Dionne de la Cour supérieure vendredi après-midi au palais de justice de Trois-Rivières, là où s’est déroulé cet automne le procès de la femme de 38 ans.

« Le comportement de l’accusée dépasse l’entendement », a-t-il déclaré dans la salle de la Cour, en présence de la belle-mère.

Le magistrat a mis l’accent sur le fait que les crimes dont elle a été reconnue coupable par un jury — meurtre non prémédité et séquestration — ont été commis sur une jeune enfant, vulnérable, et sur laquelle elle se trouvait en position de confiance et d’autorité. La violence faite aux enfants est particulièrement répréhensible, a-t-il insisté.

La fillette de 7 ans a été entourée de ruban adhésif par son père, avec l’aide de la belle-mère, au cours de la nuit menant au 29 avril et celle-ci en a rajouté en matinée. Sa mort par suffocation s’est ensuivie. Elle avait du gros ruban adhésif sur tout son corps, comme une momie, a pu entendre le jury.

« Le crime est insensé et relève d’un acte odieux quand on pense à ce que la victime a pu vivre durant toutes ces heures », a souligné le magistrat.

Il a toutefois consigné des facteurs atténuants jouant en faveur de la femme : son risque de récidive est faible, elle a le soutien de sa famille et d’amis — qui ont écrit des lettres remises à la Cour — et elle a exprimé des regrets et des remords à plusieurs reprises, qu’il a jugés « sincères ». Ses textos troublants, envoyés le matin du drame, démontrent certes de l’animosité envers la fillette, mais aussi la détresse de quelqu’un qui est « dépassé par les événements ».

Prison à vie

Comme le chef de meurtre non prémédité entraîne automatiquement une peine de prison à vie, il ne restait au juge qu’à déterminer le minimum d’années — entre 10 et 25 — qu’elle allait devoir passer derrière les barreaux avant de pouvoir demander une libération conditionnelle.

La Couronne avait requis de 15 à 18 ans, alors que l’avocat de la belle-mère jugeait que le minimum prévu pour ce crime, soit une période de 10 ans, serait plus adéquat.

Le magistrat a donc tranché entre ces deux suggestions. Il a aussi imposé une peine de 4 ans d’emprisonnement sur le chef de séquestration. Même si la femme demande à être libérée au bout de 13 ans, la Commission des libérations conditionnelles ne va pas forcément accéder à sa demande et elle peut demeurer incarcérée. Elle est d’ailleurs détenue depuis le jour du drame.

« Le drame de tout le Québec »

Vendredi, en matinée, des membres de la famille de la petite victime se sont déplacés au palais de justice pour expliquer au juge les effets que sa mort a eus dans leur vie. « Par ses actes, elle a détruit la vie d’une petite fille innocente », a tenu à dire la grand-mère paternelle de l’enfant au juge.

Si elle en avait assez d’elle et ne la voulait plus, « pourquoi ne pas avoir accepté de me la redonner », a demandé celle qui a accueilli chez elle la petite lors des quatre premières années de sa vie.

Elle a relaté au juge qu’elle-même et le grand-père de la fillette ont été « déchirés » lorsqu’ils l’ont vue mourante dans son lit d’hôpital, sans oublier son petit frère qui a « tout vu et tout entendu » : il restera marqué à vie, déplore-t-elle.

« Ce n’est pas le drame d’une seule enfant, d’une seule famille, c’est le drame de tout le Québec. »

La mère biologique de la fillette a aussi voulu parler au juge. « On ne s’attend pas à mettre un enfant au monde pour le perdre dans une tragédie comme cela », a dit avec nervosité la jeune femme menue de 30 ans, qui avait perdu la garde de la fillette, retirée par la DPJ.

Elle a expliqué que, pour elle, la blessure de sa mort est « encore vive » et qu’elle a toujours en tête les derniers moments de sa vie, ce qui l’empêche d’être présente pour ses deux autres filles.

« Au moins, je me dis qu’elle ne souffre plus. »

Quant à la tante de la fillette, elle a écrit une lettre qui a été lue en salle de Cour. Elle n’y est pas allée par quatre chemins en lançant : « il faut passer un message à toute la population : ça ne se fait pas de toucher à un enfant, de lui faire du mal ».

Le père de la fillette a plaidé coupable cette semaine de l’avoir séquestrée, échappant ainsi à son procès. Il connaîtra bientôt sa peine.

La belle-mère peut encore porter en appel son verdict de culpabilité et sa peine.

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