Le centre communautaire islamique de Vaudreuil-Dorion visé par un possible acte haineux

La transformation en mosquée pour toute la région du Centre culturel islamique de Vaudreuil-Soulanges a été mise sur pause en raison de la pandémie. Aucune prière ne s’y tiendrait «encore», affirme un membre de la communauté.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir La transformation en mosquée pour toute la région du Centre culturel islamique de Vaudreuil-Soulanges a été mise sur pause en raison de la pandémie. Aucune prière ne s’y tiendrait «encore», affirme un membre de la communauté.

La carcasse d’un animal sauvage a été déposée samedi matin devant le nouveau Centre culturel islamique de Vaudreuil-Soulanges, en Montérégie. L’établissement est au cœur de tensions sociales depuis son inauguration, l’an dernier. Un homme de 33 ans a été arrêté dans cette affaire, confirme la Sûreté du Québec, et des accusations de harcèlement criminel et d’incitation à la haine pourraient être déposées contre lui.

« Vaudreuil-Dorion, c’est une ville très sécuritaire, très inclusive, c’est une ville multiculturelle. C’est peut-être un cas isolé, quelqu’un de pas très bien dans sa tête », estime un membre actif de la communauté musulmane qui tient à demeurer anonyme par crainte de représailles.

Depuis son inauguration, en octobre 2020, le centre mine les relations entre la communauté musulmane locale et les voisins du bâtiment.

 

Officiellement, cet ancien resto-bar a été reconverti en « centre communautaire », explique le maire de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon. « Il ne peut pas avoir d’actes religieux. Il peut seulement y avoir des activités communautaires, recevoir la communauté pour faire des devoirs, des repas, des activités communautaires. »

Or, selon un des voisins de ce bâtiment situé en périphérie de la ville, sur le rang Saint-Antoine, l’afflux de fidèles pour la prière a déjà commencé. « Entendre des voitures, des claquements de portes, à côté de ta maison, en pleine nuit, on ne veut pas vivre ça », soutient un voisin du bâtiment. « Ça me dérange plus ou moins, mais dans trois ou quatre ans, ça va devenir gros, car la population musulmane augmente d’année en année. »

Il n’y a aucune prière qui s’y tient « encore », nuance le membre de la communauté musulmane. La transformation de ce centre communautaire en mosquée pour toute la région de Vaudreuil-Soulanges a été mise sur pause en raison de la pandémie, explique-t-il au Devoir. « On fait toutes nos activités communautaires là-bas, socioculturelles, en attendant de régulariser le statut de lieu de culte. »

Il affirme que le dépôt de cette carcasse de lièvre constitue le premier geste qui s’apparente à une menace envers la communauté musulmane et qu’il « n’y a pas de panique » autour de cet « événement isolé ».

« On est en train d’attendre la fin de l’enquête de la Sûreté du Québec. On n’a aucun détail actuellement sur le geste de cette personne-là, son intention. On est un peu dans le néant. »

Un projet contesté

 

Se dissociant du geste de samedi, le voisin explique avoir tenté « démocratiquement » de bloquer ce projet en tenant un référendum sur le changement de zonage qui devait autoriser la création d’un lieu de culte.

Vaine lutte, car aucun changement de zonage n’a été finalement nécessaire pour la vente de l’immeuble ; l’usage comme centre communautaire était déjà permis. « On a contesté un projet et on a reçu une lettre de mise en demeure », déplore-t-il en insistant sur le manque de transparence dans le processus. « C’est de jouer sur les mots constamment. […] Je prends ça comme une insulte, et beaucoup de gens prennent ça comme une insulte. Il y a eu un processus démocratique qui n’a pas été respecté. »

« Choqué » et « troublé » par la tournure des événements, le maire défend les occupants du centre culturel. « Ce sont des gens qui ont été 20 ans dans Vaudreuil-Dorion dans un bâtiment, et personne ne savait qu’ils étaient là. On n’a jamais eu de plainte, parce que personne ne savait qu’ils étaient là. » D’autant plus, dit-il, que leurs activités religieuses du vendredi — jour saint pour les musulmans — se déroulent dans un autre bâtiment, zoné comme lieu de culte.

Le représentant de la communauté indique plutôt que le bâtiment situé rang Saint-Antoine « est pleinement occupé » : « On a même des activités la fin de semaine, vendredi, samedi, dimanche, comme du taekwondo, des concours d’échecs, des cours d’arabe, de Coran, des activités comme ça. »

« Le centre n’a jamais fait de problèmes », assure-t-il.

Selon lui, la communauté musulmanede Vaudreuil-Soulanges « dépasse facilement les 3000 familles ».

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