Québec veut protéger le presbytère de Saint-Michel-de-Bellechasse

Le presbytère de Saint-Michel-de-Bellechasse, construit en 1739 et rallongé en 1790, est un des rares bâtiments de ce type au Québec encore debout.
Photo: GIRAM Le presbytère de Saint-Michel-de-Bellechasse, construit en 1739 et rallongé en 1790, est un des rares bâtiments de ce type au Québec encore debout.

L’État souhaite protéger le presbytère de Saint-Michel-de-Bellechasse et ses différents éléments. Le ministère de la Culture et des Communications (MCC) vient de publier un avis d’intention de classement afin d’assurer la protection de ce presbytère menacé qui a défrayé l’actualité au cours de la dernière année.

La ministre Nathalie Roy a également signé un avis d’intention de classement pour l’orgue de l’église, réalisé en 1897 par Napoléon Déry, un des facteurs d’orgues les plus importants du Québec, de même que pour le bâton de bedeau, conçu par l’orfèvre Laurent Amiot vers 1820.

Au cœur de cette action de protection conduite par l’État, le presbytère de Saint-Michel-de-Bellechasse est un des symboles les plus forts de la région. Construit en 1739, rallongé en 1790, modifié à quelques reprises par la suite jusqu’aux années 1920, ce presbytère est un des rares bâtiments de ce type encore debout. « Bien qu’il ait subi quelques modifications au cours des siècles, il a conservé son cachet traditionnel et demeure des plus remarquables, tant par ses dimensions impressionnantes que par son site exceptionnel », constate le MCC.

Le Devoir avait rapporté, en février 2021, que l’administration municipale de Saint-Michel-de-Bellechasse se disait embarrassée par ce bâtiment. Ses alentours servaient désormais de décharges à neiges usées, au mépris des règles élémentaires de base visant à assurer sa protection. Qui plus est, le bâtiment se retrouvait, au cours de l’année, sans occupant, à la suite d’un litige entre la fabrique de la paroisse et l’administration municipale.

Le maire de l’époque, Éric Tessier, avait multiplié les déclarations où il montrait faire peu de cas du presbytère. « Je ne sais pas trop ce qu’il a de spécial », avait-il déclaré, allant jusqu’à préciser qu’il s’était opposé à l’affirmation d’une protection légale pour le bâtiment. « Ça fait augmenter le prix de rénovations à venir », disait-il.

Dix mois plus tard, le cabinet de la ministre de la Culture et des Communications rappelle que « le presbytère de Saint-Michel présente un intérêt pour sa valeur historique et architecturale » pour l’ensemble des Québécois. Ce bâtiment est « le troisième presbytère parmi les plus anciens au Québec » qui se distingue par sa « grande qualité » et son état « d’authenticité ».

Un lieu exceptionnel

 

Le MCC note aussi le caractère exceptionnel de ce cœur villageois qui comprend l’église, la grange à dîme, le cimetière et le vieux presbytère. « Les bâtiments et les aménagements qu’il regroupe, bien qu’ils aient été modifiés ou reconstruits, occupent le même emplacement depuis 1712, ce qui en fait l’un des plus anciens noyaux paroissiaux du Québec. Il se distingue notamment par la ceinture formée par les rues qui le séparent du reste du village. »

Photo: Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu GIRAM 15 février 2021  Les terrains du presbytère servent de décharge pour les neiges usées.

Le bâtiment religieux, désormais protégé par la loi de l’État, a constitué, en 1775, le théâtre de l’expression de l’esprit insoumis du Canada français. Des paroissiens, animés par un esprit républicain souvent passé sous silence, se sont alors emparés des lieux afin de résister aux efforts d’embrigadement forcés, même s’ils étaient dénoncés par le curé.

La ministre Nathalie Roy a une fois de plus affirmé qu’elle souhaite que « les municipalités et les partenaires privés mettent l’épaule à la roue en trouvant des projets pour occuper nos bâtiments patrimoniaux ».

Sujet à débat

À Saint-Michel-de-Bellechasse, la mise en valeur et la préservation du patrimoine ont trôné parmi les thèmes principaux de la campagne électorale du 7 novembre dernier.

Le maire sortant souhaitait désormais remettre le presbytère historique à une fiducie pour en assurer une gestion indépendante.

Photo: Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu GIRAM, 15 février 2021 

Au scrutin, son opposant, Stéphane Garneau, a obtenu 91,9 % des suffrages exprimés. Le nouveau maire avait, pour sa part, plaidé que le presbytère était un joyau collectif à préserver. Pour le nouveau maire Garneau, l’avis d’intention de classement publié par l’État va permettre à sa municipalité « de planifier de façon judicieuse, clairvoyante et responsable la préservation du presbytère ». Il s’est montré réjoui par la nouvelle.

Un nouvel usage ?

Deux projets ont été avancés pour occuper ce cœur historique du village de Saint-Michel-de-Bellechasse. La Société des amis du presbytère, pilotée par la conseillère Sylvie Lauzon, réélue avec une très forte majorité lors de la dernière élection, propose d’utiliser les lieux notamment comme centre d’exposition voué en partie à l’histoire. « On y retrouverait les archives de la fabrique, dont un document de 1790, une exposition d’artefacts et une banque de photos anciennes du littoral », avait-elle expliqué au Devoir. Un autre groupe de citoyens veut en faire, dans le même esprit de reconversion respectueuse, un pôle de diffusion culturel appuyé par l’exploitation d’un café.

Saint-Michel-de-Bellechasse est souvent crédité du statut d’un des plus beaux villages du Québec. D’ici à ce que cet ensemble patrimonial soit officiellement classé d’ici un an, l’avis d’intention publié par le ministère de la Culture et des Communications lui assure le même degré de protection.

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