Pour un Noël aussi vert que festif

Pour passer des Fêtes plus douces pour la planète, il est possible de revisiter les traditions sans bouder son plaisir et garder l’esprit festif. Idées en vrac pour un Noël créatif, antigaspillage et plus vert.
Ménager ses transports
Avec le « go » donné aux fêtes de 20 personnes doublement vaccinées, parions que plusieurs se passeront cette année d’un Noël dématérialisé sur Zoom ou FaceTime. Enfin des retrouvailles en chair et en os ! Noël rimera pour plusieurs avec le retour de longues virées en voiture aux quatre coins du Québec. De joyeuses expéditions qui ajoutent toutefois à l’empreinte carbone liée aux festivités. Si l’idée de troquer la voiture pour le bus ou le train n’est pas possible et que vous voyagez en autosolo, il est possible d’accueillir un passager à bord, en adhérant à un service de covoiturage, pour alléger votre empreinte carbone. L’auto est déjà bondée par votre marmaille en liesse ? Sachez que vous pouvez évaluer vos émissions (de 0,10 à 0,40 tonne de CO2 par 500 km parcourus selon le véhicule) et les compenser par un achat sur divers sites de compensation d’émissions de carbone. L’aller-retour Montréal Québec ? Une bagatelle d’environ 4 $ qui servira à planter un arbre. Un microcadeau pour vos enfants et la planète, de surcroît géolocalisable sur une carte du Québec ! Pour quelques dollars de plus, vous pouvez contribuer à un projet de reforestation ou au développement d’énergies vertes ailleurs dans le monde. Planifier ses achats permet aussi de limiter les bouchons autour des centres commerciaux, responsables des fortes émissions de CO2 associées au magasinage effréné qui ponctuent les dernières fins de semaine avant Noël.
Isabelle Paré
Emballants emballages
Nos logis abondent déjà en matériaux pour emballer avec humour et créativité plus d’un présent. Du lot, des magazines regorgeant de superbes reportages photos (National Geographic), du papier journal, de vieilles cartes routières, des partitions de musique ou même du papier kraft, à égayer de dessins d’enfants. Des pages de bandes dessinées, de mangas ou de comics, dont les invendus s’achètent pour quelques sous dans des magasins spécialisés, feront jubiler les enfants. Pourquoi ajouter aux 540 000 tonnes de papier d’emballage et de sacs cadeaux jetés bon an mal an aux ordures au Canada ? Mettre la parenté au défi de trouver l’emballage zéro déchet le plus original ne manquera pas de pimenter les traditionnels échanges de cadeaux. Au rayon « fait maison », les sacs papillotes — fabriqués à même des chutes de tissu, foulards ou manches récupérées de chemises qui dorment dans la garde-robe — feront un tabac. Le furoshiki, tissu noué à la japonaise, évite aussi d’ajouter aux six millions de rouleaux de ruban adhésif achetés chaque année au pays. L’emballage se fait aussi cadeau : de jolies chaussettes, un joli bocal, une tuque, une tasse, une caisse de vin, une théière, alouette ! accueilleront petits et moyens présents. Si l’idée d’abandonner le papier de Noël vous déprime, choisissez ceux faits de papiers recyclés, sans aluminium, sans surface dorée, texturée ou brillante qui ne peuvent aller au recyclage. Pour le ruban, optez pour la ficelle, le raphia, la cordelette de jute ou la laine, au lieu des rubans plastiques.
Isabelle Paré
Agapes réinventées
Le quart de l’empreinte carbone des familles québécoises émane de ce qu’elles mangent, et la viande et les produits laitiers comptent pour plus de la moitié de ce bilan. Diantre ! Comment faire ripaille à Noël tout en choyant la planète ? Manger local est un premier pas. Troquez le foie gras contre poissons fumés, volailles, huîtres, champignons fins, fromages, vins et spiritueux du Québec, aptes à damer le pion, côté carbone, à n’importe quelle tourtière carnée. Un menu tout local n’allégera que de 9 % vos émissions de GES, mais fera fructifier les producteurs locaux. Éliminer la viande et les fromages fera chuter de moitié le poids carbone de vos agapes. L’Internet abonde en plats végétaliens ou sans vianderoboratifs, aptes à convertir le plus mordu des carnivores. Mais si une table de Noël 100 % végé vous coupe l’appétit, poulets, canards et autres volatiles bios d’ici rempliront votre assiette avec une faible empreinte écologique. Au rayon douceurs, les recettes sans produits laitiers sont légion en ligne et plusieurs enseignes d’ici manient avec brio l’art du dessert végétalien, dont Sophie sucrée, la pâtisserie Zébulon et Le Marquis à Montréal, et Hansel et Gretel à Québec. En fin de compte, le repas le plus vert est celui qui ne finit pas à la poubelle, comme le tiers des aliments produits sur la planète. Oubliez les trempettes collectives — pas super en temps de COVID — souvent gaspillées après avoir traîné sur les tables, et offrez vos restes aux invités. La vaisselle vous pèse ? Plutôt que de faire le plein d’assiettes jetables, jetez votre dévolu sur bouchées et canapés, à dévorer avec les doigts ! Kampaï !
Isabelle Paré
Sortir le cadeau de la boîte
Inspiration zéro ? Basta de la course à obstacles pour trouver l’objet parfait ? On estime à 25 milliards les sommes mondiales englouties chaque année à Noël dans les cadeaux inutiles. Un gâchis tant financier qu’écologique, car une personne sur six (50 % des moins de 25 ans !) retourne vite fait ses étrennes après Noël pour toucher un remboursement ou un crédit. Tout ça pour ça. Pourquoi ne pas donner plus vrai et plus vert, en offrant un cadeau « immatériel » et local, une douce parenthèse dans un horaire trop rempli ? Pour les curieux : un cours de cuisine, de musique, de danse, d’œnologie, de langues étrangères ou un atelier d’objets faits main. Assoiffé de culture ? Pensez à un billet de spectacle, de cinéma, une sortie au musée, une visite guidée à travers la ville, un abonnement à un superbe magazine ou à une plateforme de diffusion de films. Les sportifs craqueront pour le billet de ski, l’aventure dans le réseau SEPAQ, le cours de voile, l’abonnement au gym ou le saut en parachute ! Pour les proches au bord de leur crise de nerfs : massage, sortie au spa et fuite dans un gîte insolite s’imposent. Le temps est en rupture de stock, et l’épuisement et la solitude, trop répandus. Offrir de garder la marmaille, mitonner un repas ou accompagner en sortie une personne esseulée fera un carton. Pour les tout-petits, plutôt que des jouets importés d’Asie (composés à 90 % de plastique), testez l’abonnement à un théâtre ou à une revue. Des jouets durables en bois, blocs Lego, et autres figurines indémodables peuvent aussi être dénichés neufs ou de seconde main, sur les multiples bazars en ligne et sites de vente entre particuliers. Donner ses jouets de génération en génération, pourquoi pas ?
Isabelle Paré
Décorer sans gaspiller
Sapin naturel ou sapin artificiel ? La question est épineuse. L’arbre naturel — surtout si on le coupe soi-même — remporte la palme de la meilleure option. La séquestration du carbone lors de la croissance de l’arbre, puis sa décomposition en fin de vie, en font un choix écologique. Certaines sapinières offrent même des sapins biologiques ou le loisir de l’autocueillette, autant de façons de réduire son empreinte sur l’environnement. Si vous penchez plutôt vers le sapin de plastique, pensez à vous en procurer un qui durera longtemps. Les analyses de cycles de vie démontrent que le sapin artificiel que l’on réutilise plusieurs années peut être moins polluant que l’achat répété Noël après Noël de sapins naturels. Aucun consensus n’existe sur le seuil temporel au-delà duquel l’artificiel l’emporte sur le naturel. Des études américaines réalisées pour le compte de fabricants de sapins artificiels estiment que ces derniers deviennent plus écologiques que leur équivalent vivant après cinq ans d’utilisation. Une firme québécoise a évalué que l’arbre artificiel devient un meilleur choix s’il est conservé plus de vingt ans. La même règle s’applique pour les ornements. Mieux vaut opter pour les guirlandes, boules et autres décorations fabriquées maison ou à partir de matières organiques, à moins de les conserver longtemps. D’autant plus que « pas plus de 9 % des plastiques sont recyclés à l’échelle du Canada », selon la spécialiste en consommation responsable à l’UQAC, Myriam Ertz.
Jean-Louis Bordeleau