La clémence vis-à-vis l’application ArriveCAN crée un système inéquitable, selon des voyageurs
Des Québécois doublement vaccinés mais forcés d’être en quarantaine parce qu’ils ont oublié de remplir l’application ArriveCAN s’expliquent mal pourquoi ils doivent rester à la maison, alors que le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, est intervenu et que les douaniers font maintenant preuve de clémence aux frontières. Ils demandent à être libérés de leur confinement obligatoire.
« Il y a plein de gens qui entrent au Canada présentement même s’ils ont oublié de remplir l’application. Mais nous, on doit être en quarantaine, à cause d’une différence de six heures », lance Guillaume Savard.
Lundi en début de soirée, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, annonçait avoir demandé aux autorités frontalières de faire preuve de souplesse. Au même moment, le Montréalais revenait d’une escapade à New York entre amis. Doublement vaccinés et avec des tests PCR négatifs en main, les trois avaient néanmoins oublié l’étape obligatoire de remplir l’application ArriveCAN.
L’agent du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle leur a répondu qu’il n’était pas possible d’entrer au Canada sans avoir complété l’application et téléchargé leur statut vaccinal. Il ne leur a pas permis de le faire sur place, pour ne pas ralentir les autres personnes en ligne. « Il y avait seulement deux ou trois voitures derrière nous », laisse tomber Guillaume Savard.
Une supérieure m’a répondu qu’elle ne regardait pas les nouvelles et qu’elle n’était pas au courant.
Tout de suite après avoir traversé la frontière, Frédérique Hébert-Soucy, qui faisait partie du voyage, a de son côté tenté de convaincre au téléphone une représentante de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) de renverser cette décision, en s’appuyant sur les déclarations du ministre Mendicino. Elle s’est plutôt fait « envoyer paître ». « Une supérieure m’a répondu qu’elle ne regardait pas les nouvelles et qu’elle n’était pas au courant », raconte-t-elle. De son côté, Guillaume Savard s’est fait dire par un représentant de « vivre avec la décision du douanier ».
Les deux ont également tenté de faire renverser cette décision en contactant l’Agence de la santé publique du Canada. Guillaume Savard décrit une discussion « non fluide » avec un agent, lors de laquelle on lui récitait des passages de formulaires. Une demande d’exemption envoyée à une adresse courriel qu’on lui a fournie n’a pas abouti. À bout de ressources, il a écrit au bureau de sa députée.
Comme d’autres, les deux s’expliquent très mal pourquoi ils doivent rester enfermés à la maison. Un résident de Gatineau doublement vacciné avec qui Le Devoir s’est entretenu, et qui ne veut pas être nommé parce qu’il est employé par le gouvernement fédéral, travaille lui aussi à faire annuler sa quarantaine depuis plusieurs jours. Sans succès. « Un policier de Gatineau est même venu cogner chez moi hier pour vérifier si je respectais ma quarantaine », lance-t-il.
Purolator est récemment venu récupérer son test PCR obligatoire du jour 8, qu’il a dû compléter avec l’assistance à distance d’une infirmière. « Il y a sûrement un coût élevé à toute cette opération », pense-t-il.
Contacté par Le Devoir, le cabinet du ministre Marco Mendicino nous a référé à l’Agence des services frontaliers (ASFC). De son côté, l’ASFC a indiqué ne pas pouvoir commenter les situations spécifiques. « Les agents des services frontaliers peuvent aider les voyageurs terrestres à se conformer à l’obligation de soumettre leurs renseignements par voie numérique en permettant au voyageur de retourner aux États-Unis pour prendre le temps de remplir le formulaire ArriveCAN et de rentrer au Canada après l’avoir soumis. De plus, lorsque les opérations le permettent, les agents peuvent permettre au voyageur de remplir son formulaire ArriveCAN à son arrivée aux points d’entrée », écrit-on.
Le cabinet du ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, n’avait pas retourné notre message au moment de rédiger ces lignes.