Une marche en hommage à Jannai Dopwell-Bailey

Une centaine de manifestants ont défilé dans l’avenue Van Horne peu après 15 h en direction du parc Martin-Luther-King, après s’être d’abord réunis devant l’école Coronation. 
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Une centaine de manifestants ont défilé dans l’avenue Van Horne peu après 15 h en direction du parc Martin-Luther-King, après s’être d’abord réunis devant l’école Coronation. 

Les larmes aux yeux, de nombreux proches et amis de Jannai Dopwell-Bailey ont pris part à une marche samedi après-midi pour rendre hommage au jeune de 16 ans, qui a été poignardé à mort le 18 octobre dernier devant son école du quartier Côte-des-Neiges.

Escortés par des voitures de police, une centaine de manifestants, tout au plus, ont défilé dans l’avenue Van Horne peu après 15 h en direction du parc Martin-Luther-King, après s’être d’abord réunis devant l’école Coronation, près de la station de métro Plamondon. Au sous-sol de celle-ci que Jannai étudiait dans le Programme Mile End, destiné aux étudiants décrocheurs. C’est aussi devant ce bâtiment que l’adolescent a été poignardé à mort il y a six semaines lorsqu’une altercation est survenue entre plusieurs jeunes à la sortie des classes.

« Je dors, je pense à mon fils. Je me lève le matin, je pense à mon fils. C’est comme des montagnes russes. Le matin, le soir, la nuit, je pense à Jannai », a déclaré samedi après-midi la mère de Jannai, Charla Dopwell, devant les médias réunis en face de l’établissement scolaire. Les larmes aux yeux, elle a décrit la douleur qu’elle ressent au quotidien, chaque fois qu’elle pose son regard sur la chambre vide de son fils.

« Ce que je veux, c’est que les gens sachent que mon fils était un enfant aimant. Et ce qui lui est arrivé là, si c’était quelqu’un d’autre qui avait été à sa place, il serait venu l’aider », a-t-elle dit.

Mais au-delà de la tristesse, c’est aussi « la colère » qui habite la mère de famille. « Mon fils a été assassiné comme un animal », a déploré Mme Dopwell. Elle réclame ainsi que « justice » soit rendue pour son fils. Dans les dernières semaines, le Service de police de la Ville de Montréal a procédé à l’arrestation de deux jeunes hommes qui ont été accusés de meurtre au deuxième degré, dans le cadre de cette affaire.

« On veut juste que la violence cesse et que nos enfants soient en mesure d’aller à l’école sans que les parents aient peur que ça puisse être la dernière fois qu’ils voient leur fils ou leur fille », a pour sa part déclaré le grand-frère du défunt, Tyrese Dopwell-Bailey. Ce dernier a décrit Jannai comme un passionné de musique – il s’apprêtait à apprendre le piano – mais aussi de rap et de danse.

« C’est vraiment difficile et douloureux. Je regarde chaque jour dans sa chambre et je dois accepter qu’il ne reviendra pas me voir », a soufflé Mme Dopwell.

Après avoir d’abord déploré le manque d’attention accordée par les politiciens à la mort de son fils au cours des dernières semaines, la mère de famille a finalement été rencontrée jeudi par la mairesse de Montréal, Valérie Plante. L’élue s’est déplacée à sa demeure et lui a remis des fleurs. « La rencontre a bien été », a indiqué la mère de Jannai, sans vouloir entrer dans les détails.

« Il était vraiment aimé »

La tristesse se lisait sur les visages de nombreux proches présents à cette manifestation samedi après-midi, malgré le froid et la neige. Plusieurs amis du défunt ont d’ailleurs pris part à cet événement, des ballons bleus à la main. Parmi eux se trouvait Naomi, une adolescente de 15 ans qui se décrit comme la copine de Jannai.

« Il avait des rêves et des buts et sa vie lui a été dérobée trop vite. On devrait toujours garder son nom en vie et se souvenir de lui comme il était: une bonne personne », a-t-elle soufflé au Devoir. L’adolescente, qui a préféré taire son nom de famille, dit d’ailleurs ne plus se sentir en sécurité dans son quartier, depuis la mort de Jannai.

De l’avis de plusieurs manifestants rencontrés, une bonification des activités culturelles et sportives offertes aux jeunes dans le quartier Côte-des-Neiges est nécessaire afin d’y réduire la criminalité.

« Il n’y a rien pour les jeunes ici. Ils sont dans la rue. Et dans la rue, ils se font interpeller par la police pour aucune raison », a notamment déploré Charla Dopwell.

Présente à cette manifestation, la mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Gracia Kasoki Katahwa, a assuré vouloir s’attaquer à cet enjeu. Devant la foule, elle a promis de rejoindre les différents organismes « qui travaillent avec les jeunes en prévention » afin de voir ce qui pourrait être fait pour bonifier les services offerts dans l’arrondissement.

« Je veux m’assurer que les jeunes aient des choses à faire après l’école, qu’ils aient des leaders positifs qui prennent soin d’eux. C’est un des moyens à prendre pour s’assurer de les protéger », a-t-elle dit.

Jannai Dopwell-Bailey est devenu le 18 octobre la 25e personne victime d’un homicide à Montréal depuis le début de l’année. Depuis, ce décompte a grimpé à 32 victimes d’un meurtre dans la métropole.

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