Une entreprise de construction réclame 668 000$ au Parc olympique

Une entreprise soutient que la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique a « omis » de lui divulguer l’ensemble des informations concernant « l’ampleur réelle » des travaux qui l’attendait en prévision de la réfection de la tour du Stade olympique de Montréal, qui aurait coûté plus cher que prévu.
Dans une demande introductive d’instance déposée plus tôt cette semaine au palais de justice de Montréal, l’entrepreneur général Cimota, basé à Québec, réclame ainsi plus de 668 000 $ à l’organisation paragouvernementale, a constaté Le Devoir.
En juin 2016, Cimota a obtenu un contrat pour participer, aux côtés d’autres entreprises, au vaste effort de rénovation de la tour du Stade olympique en vue de permettre à quelque 1000 employés de Mouvement Desjardins de s’y installer. L’entrepreneur général avait eu le mandat précis de s’occuper de la réfection de l’enveloppe extérieure de la tour, un chantier évalué à lui seul à 47,2 millions par le Parc olympique, selon son rapport annuel 2017.
Les travaux, réalisés en bonne partie en appuis sur cordes par des employés spécialisés, impliquaient notamment la réparation de la surface de béton de la tour et le retrait de l’ancienne membrane imperméabilisante pour la remplacer par une nouvelle. Une immense grue d’une hauteur de 200 mètres avait aussi été mobilisée dès 2016 dans le cadre de ce chantier.
Une tour en piètre état
Le chantier ne s’est toutefois pas déroulé comme prévu. L’entreprise de construction, qui assure avoir respecté son contrat à la lettre, affirme avoir « subi des retards causés par divers éléments imprévisibles et hors de son contrôle », indique la requête en justice. Celle-ci note notamment que « les conditions d’exécution des travaux rencontrées par la demanderesse n’étaient pas celles prévisibles lors de l’appel d’offres ».
À cet égard, Cimota souligne que la membrane existante de la tour du Stade olympique, au moment de réaliser ce chantier, présentait « un état de dégradation supérieur » par rapport à ce qu’avait pu constater celle-ci en visitant les lieux en amont du dépôt de sa soumission. Cimota affirme aussi, par le biais de ses procureurs, que les documents d’appels d’offres n’étaient pas représentatifs de l’ampleur de la tâche qui attendait l’entreprise.
La surface des zones à traiter sur la tour du Stade olympique, dont la hauteur totalise 165 mètres, a notamment été de « beaucoup supérieure à celle estimée » au départ, tout comme « l’envergure des travaux de réparation d’acier » que l’entreprise a finalement dû effectuer. Achevée en 1987, soit plus de 10 ans après les Jeux olympiques de 1976, la tour du Stade olympique est restée essentiellement vide pendant plus de 30 ans par la suite, à l’exception de l’observatoire qui en occupe deux étages. Des années pendant lesquelles son état s’est dégradé.
Ainsi, soutient l’entreprise, la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique « a omis de divulguer l’ampleur réelle des travaux à exécuter et de lui fournir les informations exactes », ce qui a engendré « des coûts supplémentaires importants » pour celle-ci, par rapport aux dépenses prévues par l’entrepreneur au moment du dépôt de sa soumission.
Pas d’entente
L’entreprise a donc tenté dans les dernières années d’obtenir un dédommagement financier de la part de la société qui gère le Parc olympique, une demande qu’a chaque fois rejetée celle-ci. Cimota a par la suite envoyé une mise en demeure à l’organisation, le 21 mai dernier, mais le Parc olympique « refuse toujours de payer les sommes réclamées ». Cimota se tourne donc maintenant vers la Cour supérieure du Québec pour tenter d’obtenir un dédommagement financier de 668 485 $.
Joints par Le Devoir, le président et le directeur général de Cimota ont refusé de commenter le dossier, tandis que leurs avocats, du cabinet KSA Avocats, sont restés muets devant nos requêtes.
La Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique s’est également faite avare de commentaires, « étant donné que le dossier est en cours de processus judiciaire », a indiqué son porte-parole, Cédric Essiminy. Ce dernier a par ailleurs renvoyé Le Devoir à la procédure de demande d’accès à l’information concernant les détails du contrat accordé en 2016 à Cimota.
En plus des réfections de la tour du Stade olympique, qui ont permis l’installation de Desjardins dans celle-ci dès 2018, d’importants travaux restent à faire concernant la toiture de la structure, qui sera réaménagée dans les prochaines années.