Mort d’un adolescent à Saint-Michel: plus de contrôle des armes à feu réclamé

La mort de Thomas Trudel, 16 ans, élève apparemment sans histoire de l’école montréalaise Joseph-François-Perrault, ébranle encore la communauté quelques jours plus tard. Le conseil d’établissement de l’école secondaire demande plus d’efforts pour empêcher la circulation d’armes à feu et lutter contre la criminalité, tandis que les policiers poursuivent leur enquête.
Lors d’une rencontre mardi soir, le conseil a adopté une résolution en ce sens adressée à tous les ordres de gouvernement et aux services policiers. « C’est important de montrer qu’on est avec la famille et qu’on n’en veut plus, de nouvelles comme ça. Ça n’a pas de sens que des armes se promènent. Ce ne sont pas nos écoles, le problème », mentionne Patricia Clermont, dont la fille fréquente l’école et qui participait à la rencontre.
Elle ajoute que l’établissement s’active depuis lundi pour donner du soutien aux élèves. L’ambiance est lourde pour eux, rapporte-t-elle, mais elle apprécie le travail fait par l’équipe de gestion de crise pour contrer leur anxiété.
Dimanche soir, l’adolescent se serait fait accoster par un individu alors qu’il était proche de chez lui, au coin de la rue Villeray et de la 20e Avenue, dans le quartier Saint-Michel. Il se serait ensuite fait tirer dessus.
Il n’était pas connu des policiers, selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ses camarades de classe rapportent qu’il n’était pas mêlé à des histoires de drogue ou de gangs de rue. « Il ne faisait rien de louche », mentionne au Devoir Maryam, 16 ans, qui n’était pas proche de lui, mais qui le connaît depuis le primaire.
L’élève de 5e secondaire le côtoyait dans ses cours. « Les gens étaient encore déprimés aujourd’hui », raconte-t-elle, lorsque Le Devoir lui a parlé à la sortie des classes mardi. Des élèves étaient absents, et les professeurs leur ont donné une charge de travail moins lourde qu’à l’habitude. Les travaux d’équipe, habituellement animés, étaient silencieux.
La veille, lors de tournées, on avait indiqué aux élèves qu’ils pouvaient quitter la classe à tout moment s’ils avaient besoin de parler avec quelqu’un. Le Centre de services scolaire de Montréal a envoyé une équipe de soutien pour offrir de l’aide psychologique aux élèves. Il n’a pas voulu donner plus de détails au Devoir.
« Je trouve ça très, très triste. Ça touche beaucoup de gens, beaucoup de parents ont peur », renchérit une élève de 4e secondaire.
L’enquête se poursuit
« Je suis sans mots », a de son côté lancé Sylvain Caron, directeur du SPVM, lors d’un point de presse tenu mardi en fin d’après-midi en compagnie de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Il a rappelé que l’opération Centaure avait été mise sur pied récemment par la ministre de la Sécurité publique pour lutter contre la violence liée aux armes à feu. « Des saisies sont faites, mais il faut aller plus loin que ça encore. Il faut travailler auprès des jeunes », a-t-il dit. Il préconise un travail « en amont » et à « la source ». « Pourquoi on est rendus aujourd’hui, en 2021, avec des jeunes qui se procurent des armes à 16 ans, ou à 15 ans, ou à 18 ans ? Il y a un phénomène particulier qu’on a beau saisir des armes, mais il en restera toujours en circulation », a-t-il lancé.

Aucune personne n’a été arrêtée pour l’instant, et le directeur a été avare de détails sur l’enquête. Il a demandé la collaboration du public pour trouver les coupables. « Nos enquêteurs sont à pied d’œuvre depuis le soir de l’événement, a-t-il dit. L’enquête se déroule très bien, il y a beaucoup de travail qui se fait, mais je ne veux pas trop entrer dans les détails pour ne pas nuire au travail des enquêteurs. »
De son côté, Valérie Plante a promis de « mettre tout en œuvre » pour épingler les responsables. « Nous allons continuer à faire front commun, les organismes communautaires, le SPVM, la Ville de Montréal pour que ce type de tragédie ne se reproduise plus », a-t-elle insisté.
Un mémorial de fortune a été érigé sur la rue Villeray avec des gerbes de fleurs, des chandelles, des animaux en peluche et des lettres adressées au jeune Thomas. Deux bâtons de hockey ont été posés contre la palissade de bois. L’adolescent était un joueur actif.
« Je ne laisse pas sortir ma fille le soir, je suis trop inquiète », a lancé une mère de famille au Devoir pendant que sa fille, élève à l’école Joseph-François-Perrault, déposait un ours en peluche rose par terre. « Ça n’a aucun sens ce qui s’est passé. »
Une marche à la mémoire de Thomas Trudel et des autres victimes tombées sous les balles aura lieu samedi à midi au parc François-Perrault pour dénoncer la violence armée.
Depuis le début de l’année, 567 armes ont été saisies par le SPVM sur le territoire montréalais.