Vives discordes entre les candidats à la mairie de Montréal

Valérie Plante, Denis Coderre et Balarama Holness lors d'un débat en août dernier.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Valérie Plante, Denis Coderre et Balarama Holness lors d'un débat en août dernier.

Le premier débat télévisé de la campagne a été le théâtre d’échanges acrimonieux.

Querelles, cacophonies et critiques acerbes ont dominé le premier débat télévisé entre les aspirants maires de Montréal. À travers des échanges parfois inaudibles, Valérie Plante (Projet Montréal), Denis Coderre (Ensemble Montréal) et Balarama Holness (Mouvement Montréal) ont tenté de présenter leur vision pour l’avenir de la métropole.

Mobilité

 

La mobilité a été imposée comme le premier thème de la soirée organisée par TVA.

La mairesse sortante a défendu son bilan, elle qui plaçait cette « mobilité » en tête des priorités de son mandat. « La ligne bleue, ça va se faire. La ligne rose, c’est dans les livres du gouvernement du Québec, a-t-elle certifié. Le service rapide par bus sur Pie-IX, on a décidé de le prolonger jusqu’à Notre-Dame pour que les gens en profitent au maximum. »

« Les Montréalais ne peuvent pas se faire avoir une deuxième fois, a répondu Balarama Holness en secouant la tête. On sait tous que la ligne rose est une hyperbole. Ça ne va pas arriver. » Le budget de la Société de transport de Montréal doit être revu à la hausse pour améliorer les déplacements sur l’île, selon lui.

Denis Coderre s’est félicité de l’ajout de pistes cyclables lors de son passage à l’hôtel de ville. « Pour vous, une piste cyclable, c’était de la peinture au sol », a riposté la mairesse en défendant son projet du REV.

Point surprenant : Balarama Holness a dit vouloir instaurer une « licence » pour posséder une bicyclette afin de responsabiliser les cyclistes montréalais.

Denis Coderre a par ailleurs tapé sur le clou de la propreté en reprochant à Valérie Plante d’avoir transformé Montréal en ville « sale ». « On doit ajouter des poubelles souterraines comme on en voit dans plusieurs grands parcs. C’est une poubelle qui a l’air très normale, mais qui est très profonde », a expliqué la cheffe de Projet Montréal. « On doit augmenter le nombre de collectes. »

Économie

 

L’économie montréalaise, moribonde depuis 18 mois, a aussi donné lieu à de vifs échanges.

« Développement économique et Projet Montréal, ça ne va pas ensemble », a dit Denis Coderre en début de segment. « Montréal a la meilleure relance au niveau économique au pays et la deuxième meilleure relance en Amérique du Nord », a répliqué Valérie Plante du tac au tac. « Bravo, bravo… », a raillé le chef d’Ensemble Montréal alors qu’enflait la cacophonie.

Balarama Holness a tenté de s’élever au-dessus de la mêlée. « On parle d’un débat, mais ce n’est pas un débat, pour moi. »

« On ne vous a pas vu au niveau des missions commerciales », a dit Denis Coderre à sa rivale une fois les décibels redescendus.

La cheffe de Projet Montréal a relancé la discussion en rappelant avoir concédé une baisse de taxe aux commerçants durant son mandat. « Toutes les semaines, j’ai eu des rencontres pour le développement économique, avec la Communauté métropolitaine de Montréal, Tourisme Montréal, le Port de Montréal, l’aéroport. […] Les chiffres parlent ! »

« Ce n’est pas une question de chiffres, c’est une question de présence, une question de leadership. Vous ne croyez pas au développement économique », a affirmé Denis Coderre.

Le chef de Mouvement Montréal a plutôt proposé de « décentraliser » l’économie en ouvrant des guichets pour soutenir les entrepreneurs, sans pouvoir retenir une nouvelle flèche en direction de Valérie Plante. « Vous avez construit des puits cyclables devant des commerces qui fermaient pendant la pandémie. Vous avez zéro conscience de ce qu’est être entrepreneur. »

Vaccination et bilinguisme

 

La vaccination obligatoire des élus a donné lieu à un des seuls consensus de la soirée. Cette accalmie a volé en éclats lorsque Denis Coderre a évoqué l’idée d’imposer la vaccination pour tous les employés de la Ville de Montréal.

« Vous proposez ça sans même vérifier, sans même vous assurer qu’il n’y aurait pas une rupture de services », a lancé Valérie Plante. « C’est irresponsable. »

Un référendum sur le statut du français dans la métropole — proposition de Mouvement Montréal — a clos le débat dans une atmosphère de controverse.

« Les petites entreprises, les commerçants, les jeunes ont des inquiétudes légitimes envers le projet de loi 96 », a affirmé M. Holness.

Une telle idée, « ça serait mettre de l’huile sur le feu », a rétorqué Denis Coderre, un sentiment partagé par Valérie Plante.

« Les Montréalais et les Montréalaises pourront décider », a conclu le chef de Mouvement Montréal.

Les deux principaux candidats à la mairie s’affronteront à nouveau, sur le plateau de Radio-Canada cette fois, le lundi 25 octobre.

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