Quel est le degré de littératie de votre région?
Quelles sont les régions dont la population présente les plus grandes lacunes en lecture au Québec ? Grâce à une nouvelle étude de la Fondation pour l’alphabétisation, il est maintenant possible de connaître la répartition géographique des degrés de littératie dans toute la province.
En jumelant les données de recensement de 2016 aux résultats d’une étude du programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2012, la nouvelle étude est la première à permettre une telle analyse dans chaque municipalité régionale de comté (MRC) et agglomération.
Les capacités des répondants sont classées selon six niveaux de littératie, de 0 à 5, le troisième étant considéré comme le seuil à atteindre afin de lire des textes denses ou longs nécessitant une capacité à interpréter et à donner du sens aux informations.
Ce sont ainsi 31 MRC de la province qui ont une population dont plus de 60 % n’atteindraient pas le troisième niveau selon les nouveaux résultats. Seulement 21 MRC se classent parmi celles qui comptent moins de 54 % des habitants qui n’atteignent pas le seuil.
Une composante agricole importante, une activité économique concentrée dans les ressources naturelles, un secteur manufacturier important, une démographie vieillissante, un éloignement des grands centres urbains, de même qu’une couverture incomplète des cégeps pour la région expliqueraient en partie les résultats « plus défavorables » en littératie de certaines localités.
« Des chiffres terribles »
Plus globalement, on évaluait que 53 % des Québécois de 16 à 65 ans n’atteignaient pas le niveau 3 en 2016. Selon la projection de la nouvelle étude de cette année, ce résultat se situerait maintenant à 50,6 %, soit un léger progrès.
La diminution de la population vieillissante, « qui n’a pas eu la chance de passer à travers le système d’enseignement du Québec d’aujourd’hui » expliquerait en partie cette progression des dernières années, selon André Huberdeau, président de la Fondation pour l’alphabétisation.
Or, la donnée n’en est pas moins alarmante pour autant, estime le président. Les décès dans cette tranche d’âge « améliorent globalement les statistiques, mais quand on est autour de 50 %, ça veut dire qu’on a un problème réel », déplore-t-il.
Grâce à ces nouveaux résultats régionaux, M. Huberdeau espère parvenir à une « prise de conscience globale », ainsi que chez les élus locaux et régionaux. Si l’alphabétisation est souvent décrite comme un problème de société, il s’agit d’abord d’un défi régional, selon lui.
Les lacunes en littératie ont de grandes répercussions sur la productivité de la main-d’œuvre, par exemple. « Quand on va à l’échelle locale et régionale, ça nous donne la chance de sensibiliser les entreprises en disant de trouver des pistes d’action qui correspondent à leur région », indique-t-il.
Sur l’île de Montréal
L’île de Montréal, et ses près de deux millions d’habitants, affiche un résultat en littératie meilleur que la moyenne québécoise. En 2016, 48,2 % des répondants n’atteignaient pas le niveau 3, alors que la moyenne québécoise se situait à 53 %.
Les quatre grandes universités et de nombreux cégeps de la métropole expliqueraient sa bonne figure. La population y est aussi plus jeune que la moyenne québécoise : 16,7 % des Montréalais ont plus de 65 ans alors que la moyenne québécoise est de 18,3 %.
Cependant, certains arrondissements de Montréal présentent des résultats en littératie plus faibles que la moyenne de l’agglomération. En 2016, Montréal-Nord avait près de 60 % de ses répondants de 15 à 65 ans qui n’atteignaient pas le niveau 3.
Pour sa part, la Ville de Laval arrive à se classer avantageusement avec un point sous la moyenne québécoise en littératie. Ce sont 52,1 % des répondants lavallois de plus de 15 ans qui n’atteignent pas le niveau 3 du PEICA.