Témoignages émouvants des proches de Jaël Cantin

La juge Johanne St-Gelais de la Cour supérieure a condamné Benoit Cardinal à l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, la peine automatique accompagnant un verdict de culpabilité au chef de meurtre prémédi
Photo: Marie-France Coallier Archives Le Devoir La juge Johanne St-Gelais de la Cour supérieure a condamné Benoit Cardinal à l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, la peine automatique accompagnant un verdict de culpabilité au chef de meurtre prémédi

Des amis et la famille de Jaël Cantin ont décrit avec émotion, mercredi, le vide béant qu’a laissé dans leurs vies la mort de la mère de six enfants. Avant que la juge Johanne St-Gelais ne condamne Benoit Cardinal à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour 25 ans, plusieurs proches ont pris la parole au palais de justice de Joliette pour exprimer leur désarroi face au meurtre de la femme de 33 ans.

« Comment ai-je pu laisser entrer sous mon toit celui qui deviendra le destructeur de nos vies ? », a soufflé Gaétan Cantin, le père de la victime.

L’homme a rappelé que le meurtre s’est déroulé « sous notre toit familial, dans la maison que mon père a construite, le lieu même où sont nés les petits de Jaël ».

Dans la nuit du 16 janvier 2020, Jaël Cantin a été retrouvée sans vie après avoir été battue à mort dans la chambre à coucher de la résidence intergénérationnelle qu’elle partageait avec ses parents à Mascouche.

« [Benoit Cardinal] nous a tout pris, notre confiance pendant toutes ces années, à quelques pas de nous pour la majeure partie du temps, a poursuivi M. Cantin, la gorge nouée. Il nous aura floués, trompés, sans même prononcer un mot pour sa défense au cours du cheminement judiciaire. »

L’accusé de 35 ans n’avait pas présenté de défense à son procès, qui s’est soldé le 8 mai dernier par un verdict de culpabilité au chef de meurtre prémédité. Il a également choisi, mercredi, de ne pas prendre la parole avant l’imposition de sa peine.

« Les enfants eux aussi ne sauront jamais pourquoi, a insisté M. Cantin. Pour le restant de nos vies, petits et grands resteront dans l’inconnu. »

En se tournant vers le meurtrier de sa fille, Gaétan Cantin lui a posé une question : « Pourrais-tu maintenant penser à tes enfants, utiliser un brin de compassion, s’il t’en reste, et mettre fin à toute cette procédure judiciaire [Benoit Cardinal porte le verdict de culpabilité en appel] ? Cela nous empêche d’avancer. »

Pourquoi ?

Dans une déclaration lue par la procureure de la Couronne Me Caroline Buist, la mère de Jaël Cantin, Lynda Hethrington, s’est aussi dite hantée par la même question. « Pourquoi ? Cette question tourne dans ma tête. Pourquoi nous avoir fait subir ça à nous et aux six enfants ? »

En s’adressant à sa fille, Mme Hethrington lui a assuré qu’elle allait continuer à vivre à travers ses enfants. « Je voudrais tant que tu sois là. Tu me manques énormément, tellement, a-t-elle ajouté. Tu seras toujours ma fille et la meilleure maman du monde. »

Depuis le décès de Jaël Cantin, la famille s’est resserrée pour prendre soin des six enfants. Plusieurs proches ont contribué, chacun à leur manière, à les aider à poursuivre leurs vies. « La grande famille, elle est belle, forte, présente et tissée serrée. On a développé de belles choses, et ce n’est pas fini », a mentionné une tante de la victime, le regard résolument tourné vers l’avenir.

Avant l’imposition de la peine, la juge Johanne St-Gelais de la Cour supérieure a souligné la force et le courage de la famille de Jaël Cantin. « Les proches de la victime démontrent un très grand dévouement et une résilience — qui méritent d’être soulignés — pour permettre aux enfants affectés par la perte de leurs deux parents de reprendre le cours de leur vie ».

« Ce noyau fort représente certainement un bel héritage pour les enfants », a-t-elle ajouté.

La magistrate a par la suite condamné Benoit Cardinal à l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, la peine accompagnant automatiquement le verdict de culpabilité pour meurtre prémédité qui avait été annoncé en mai.

Selon la thèse présentée par la Couronne au cours du procès, Benoit Cardinal a tué sa conjointe pour régler ses problèmes financiers. Il était l’unique bénéficiaire de la police d’assurance-vie d’un million de dollars de Jaël Cantin.

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