Valérie Plante demande à Québec de se pencher sur le dossier Ray-Mont

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, demande au ministre de l’Environnement du Québec « d’évaluer la possibilité » de soumettre le projet de plateforme de transbordement de conteneurs de Ray-Mont Logistiques, dans l’est de la ville, à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Dans une lettre adressée jeudi à Benoit Charette, l’élue joint sa voix à celle du maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, et d’un mouvement citoyen qui demande la tenue d’une audience publique du BAPE. La lettre de Mme Plante fait référence à l’article 31.1.1 de la Loi sur la qualité de l’environnement, grâce auquel le ministre peut décider exceptionnellement d’assujettir un projet à un examen si « les enjeux environnementaux que peut susciter le projet sont majeurs et que les préoccupations du public le justifient ».
« Malgré les nombreux efforts déployés pour trouver le meilleur scénario d’implantation possible […], la population locale craint les nuisances sur sa santé, sa qualité de vie et l’environnement, en raison notamment de l’augmentation anticipée du passage de camions, écrit la mairesse dans sa lettre. Plusieurs soulignent également l’importance de protéger les rares espaces verts du secteur Assomption-Sud menacés par le projet. »
Cette missive a été envoyée deux jours avant la tenue d’une manifestation contre le projet prévue samedi à 12 h 45 à la place Simon-Valois. De nombreux politiciens y sont attendus, dont le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, et le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Ce dernier a d’ailleurs réclamé, dans une entrevue au journal Métro jeudi, une évaluation du projet par le BAPE.
Les candidats du Parti libéral du Canada, du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique des circonscriptions couvrant l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ont aussi confirmé leur présence à la marche, selon les organisateurs.
Encore en attente de dépôt
Dans une lettre adressée à Pierre Lessard-Blais, le cabinet du ministre de l’Environnement affirme qu’il n’est pas possible de déclencher une étude d’impact environnemental puisque Ray-Mont Logistiques n’a pas encore déposé de demande d’autorisation du projet. Les seuls travaux autorisés pour l’instant, qui sont d’ailleurs en cours, concernent la réhabilitation du terrain.
Membre de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM, Marie-Ève Rancourt souligne que ces travaux sont déjà importants, puisqu’ils impliquent de l’asphaltage et « la création d’un îlot de chaleur ». Elle se réjouit de l’appui de la mairesse. « La balle est dans le camp du gouvernement. […] Tout le monde s’inquiète du projet dans le quartier. Pourquoi il ne prend pas les devants ? » se demande la résidente de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
De son côté, Ray-Mont affirme que son projet n’est pas final. Des discussions sur l’atténuation des nuisances ont encore lieu au sein d’un groupe de travail piloté par la Ville auquel participent des citoyens, et l’entreprise dit attendre la fin de ces consultations avant de soumettre officiellement son projet. « Ce travail de concertation permettra de bonifier le projet et d’en présenter une nouvelle mouture qui tiendra compte de ces réflexions. Entre-temps, l’entreprise a volontairement cessé tous les travaux de construction reliés à ses opérations », déclare l’entreprise par courriel.
La lettre de jeudi a été envoyée « pour que ce projet reste dans les dossiers prioritaires » du ministère, précise l’attachée de presse du cabinet de la mairesse Plante, Catherine Cadotte. « Évidemment, le processus doit suivre son cours. La mairesse veut s’assurer que le ministre suive de près les avancements du dossier. »
Les tensions sont vives sur le terrain de Ray-Mont Logistique depuis quelques semaines. Jeudi matin, une trentaine de manifestants ont temporairement bloqué l’accès au chantier jusqu’à l’arrivée de policiers, rapporte l’entreprise. Cette dernière affirme également avoir été victime d’une tentative d’incendie et d’autres actes violents.