Le syndicalisme est au cœur de l’action sociale, selon la CSD

Pierre Vallée
Collaboration spéciale
Une participante d’une manifestation syndicale à l’occasion de la fête du Travail, à Montréal, le 7 septembre dernier
Graham Hughes La Presse canadienne Une participante d’une manifestation syndicale à l’occasion de la fête du Travail, à Montréal, le 7 septembre dernier

Ce texte fait partie du cahier spécial Syndicalisme

D’où sortent des mesures sociales comme la semaine de travail de 40 heures ou les prestations d’assurance-emploi versées aux travailleurs au chômage ? Elles ont vu le jour à la suite d’importantes luttes ouvrières. Est-ce dire que les syndicats sont des acteurs de changements sociaux ?

Selon Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), le rôle social du syndicalisme ne fait aucun doute. Ce n’est donc pas sur ce sujet qu’il hésite. « Ce qui me préoccupe, c’est plutôt la perception que le grand public a de l’action syndicale. Trop souvent, il pense que les actions syndicales sont toujours centrées sur nos membres. »

Évidemment, le rôle premier d’un syndicat est la défense de ses membres. « C’est le levier par lequel un syndicat peut agir sur la société. Lorsque je m’adresse à mes membres, poursuit-il, je leur rappelle qu’en plus d’être des travailleurs syndiqués, ils se doivent aussi d’être de bons citoyens et de contribuer à améliorer la société dans son ensemble. »

De plus, très souvent, la portée des avancées syndicales dépasse largement les seuls intérêts des syndicats. Un bref survol des avancées sociales des dernières décennies en fournit la preuve : la sécurité et la santé au travail, la conciliation travail-famille, des normes de travail rehaussées qui profitent à tous les travailleurs, etc. « C’est pourquoi une perception plus juste de l’action syndicale est importante, surtout pour la nouvelle génération qui fait son entrée sur le marché du travail, soutient-il. Ces jeunes n’ont pas mené les luttes pour ces avancées sociales, ils ne connaissent pas le rôle qu’ont joué les syndicats. Pour eux, ce sont des acquis. Mais des acquis que l’on doit non seulement protéger, mais aussi bonifier. »

Soutien à l’action citoyenne

Cette vision plus large de l’action syndicale est la raison pour laquelle les syndicats québécois ont souvent apporté leur soutien à des causes émanant de l’action citoyenne. Luc Vachon donne en exemple l’équité salariale. « La lutte pour l’équité salariale, c’est d’abord le fer de lance des organismes féministes. Mais la justesse de cette revendication a fait en sorte que les syndicats ont apporté leur plein soutien. »

C’est pourquoi aujourd’hui les syndicats québécois appuient fortement l’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure, une mesure qui ne profitera guère aux travailleurs syndiqués puisque la majorité d’entre eux ont déjà atteint ce seuil de rémunération. Une revendication qui n’a pas encore porté ses fruits parce que le patronat s’y oppose et qu’il préfère les mesures fiscales pour bonifier le niveau de vie des travailleurs à faible revenu.

« Je n’ai rien contre ces mesures fiscales, avance Luc Vachon, mais je crois qu’elles sont pensées à l’envers et qu’elles entraînent des effets négatifs. Pour les entreprises qui ont les moyens de payer 15 $ l’heure mais qui ne le font pas, comme Walmart, ces mesures viennent financer indirectement leurs coûts de main-d’œuvre. Je préférerais obliger tous les employeurs à payer leurs employés 15 $ l’heure quitte à mettre en place des mesures fiscales pour soutenir les entreprises plus fragiles à ce chapitre. »

Vers une transition juste

 

Les changements climatiques, doit-on le rappeler, n’épargnent personne. Les syndicats ont déjà mis en place des mesures pour réduire leur empreinte carbone et appuient les entreprises qui vont dans le même sens. Mais ce n’est pas sur la diminution des gaz à effet de serre, estime Luc Vachon, que la contribution syndicale peut être la plus importante.

« Le passage des énergies fossiles vers les énergies renouvelables va entraîner de nombreux bouleversements dans le monde du travail. Certains travailleurs des secteurs plus polluants perdront tout simplement leur emploi actuel. D’autres verront leur façon de travailler complètement transformée. Les syndicats ont un important rôle à jouer si l’on veut que cette transition soit la plus juste pour les travailleurs », avance-t-il, précisant qu’il faut donc mettre en place des programmes de requalification et de formation de sorte qu’aucun travailleur ne soit laissé sur le carreau.

« Les changements climatiques, le vieillissement de la population, la pénurie de main-d’œuvre font que le monde du travail est appelé à changer, et il faut adapter nos mesures sociales afin d’en tenir compte, et les syndicats ont un rôle social à jouer dans cette adaptation », souligne Luc Vachon.

C’est pourquoi il croit plus que jamais en la pertinence et en la raison d’être des syndicats pour affronter les défis sociaux à venir.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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