Le G7 appelle les talibans à respecter les droits des femmes

Pas de légitimité sans le respect des obligations et des engagements internationaux de l’Afghanistan. Au terme d’un sommet virtuel qui s’est tenu mardi après-midi, les leaders du G7 ont appelé les talibans à « empêcher le terrorisme » et à assurer le respect des « droits humains » en sol afghan, particulièrement ceux des femmes.
Les dirigeants de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni ont également exigé des nouveaux hommes forts de Kaboul qu’ils garantissent « un passage sûr » pour ceux et celles qui voudraient quitter le pays, jusqu’au 31 août — date butoir fixée par Washington après vingt ans de guerre — « et au-delà », a indiqué le premier ministre britannique, Boris Johnson, qui préside le G7.
Ils ont également convenu d’une approche commune afin de poursuivre les évacuations, plus d’une semaine après la chute du gouvernement afghan et le retour des talibans au pouvoir, et se sont fixé « une feuille de route » sur la manière dont ils allaient discuter avec ce nouveau régime, dont la radicalité passée laisse présager un avenir incertain pour le pays.
Ce que nous disons, c’est que l’Afghanistan ne peut redevenir un terreau pour le terrorisme ou un narco-état
« Nous jugerons les parties afghanes sur leurs actes et non sur leurs paroles », ont indiqué les dirigeants du G7 dans un communiqué conjoint, affirmant que « les talibans devront rendre compte de leurs actions en matière de prévention du terrorisme, de droits de la personne, en particulier de ceux des femmes, des filles et des minorités ».
Les étrangers oui, les Afghans non
Alors que les évacuations de ressortissants étrangers et de leurs alliés afghans se sont poursuivies mardi dans le chaos qui s’est installé au cours des derniers jours aux abords de l’aéroport international de Kaboul, le G7 a appelé les talibans « au calme et à la retenue ». Le groupe a posé comme première condition qu’ils n’entravent pas le départ des personnes cherchant à quitter le pays.
Un appel qui n’a pas été entendu. Mardi, le nouveau pouvoir en place a décidé de fermer la route menant à l’aéroport de Kaboul aux Afghans, y compris à ceux dont l’évacuation par les airs a été approuvée par un autre pays, laissant cette voie ouverte uniquement aux citoyens de pays étrangers.
Nous jugerons les parties afghanes sur leurs actes et non sur leurs paroles
Tout en s’opposant à l’extension du délai d’évacuation au-delà du 31 août prochain, les talibans ont également demandé aux Occidentaux de mettre fin à l’aide au départ des ressortissants afghans, afin de ne pas vider le pays de ses citoyens qualifiés et de son expertise.
Les Occidentaux « ont des avions, ils ont l’aéroport, ils devraient emmener leurs ressortissants […] hors d’ici », a dit Zabihullah Mujahid, un des porte-parole des talibans. Mais « ils ne devraient pas encourager les Afghans à fuir l’Afghanistan ». « Nous leur demandons d’arrêter cela […] Ce pays a besoin de son expertise », et ces gens qualifiés « ne devraient pas être emmenés vers d’autres pays », a-t-il ajouté.
Rencontre en haut lieu
Près de 60 000 étrangers et Afghans ont déjà fui le pays par avion depuis la prise de pouvoir éclair des talibans il y a neuf jours. Mardi, le président américain, Joe Biden, a indiqué à ses homologues du G7 qu’il avait confiance que l’évacuation des Américains de Kaboul et des Afghans ayant travaillé pour eux allait pouvoir être menée à terme d’ici la fin du mois. Comme prévu.
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Le Canada prêt à rester en Afghanistan après le 31 aoûtLe chef de la Maison-Blanche a toutefois demandé à son équipe chargée de la sécurité nationale d’établir un plan de contingence au cas où ce délai devrait être dépassé, a rapporté le Washington Post, citant des sources gouvernementales.
Selon le quotidien américain, le directeur de la CIA, William Burns, s’est rendu secrètement en Afghanistan lundi où il aurait eu un entretien confidentiel à Kaboul avec le cofondateur des talibans, Abdul Ghani Baradar. Il s’agit de la plus haute rencontre à ce niveau entre les États-Unis et le régime fondamentaliste depuis son retour au pouvoir. La teneur de cette discussion n’a pas été révélée, mais il est probable que l’échéance des évacuations y ait été au cœur, tout comme l’aide que la communauté internationale pourrait offrir à l’Afghanistan.
Selon l’ONU, le pays risque de faire face à une crise alimentaire majeure d’ici septembre.
Mardi la Maison-Blanche n’a pas confirmé ni infirmé l’existence de cette rencontre.
Leviers financiers
Au sortir du sommet virtuel du G7, Boris Johnson a assuré que les dirigeants des grandes puissances du monde disposaient d’« importants leviers de pression » et souhaitaient aider le pays à faire face à une éventuelle crise humanitaire. « Si des fonds énormes sont finalement dégelés pour le gouvernement et le peuple d’Afghanistan, ce que nous disons, c’est que l’Afghanistan ne peut redevenir un terreau pour le terrorisme ou un narco-état, les filles doivent être éduquées jusqu’à 18 ans, entre autres », a indiqué le premier ministre du Royaume-Uni.
Les talibans pourraient rapidement arriver à court de liquidités, puisque des 9 milliards de la réserve monétaire du pays, 7 milliards sont détenus par la Réserve fédérale américaine de New York. Or, le gouvernement américain a cessé ses transferts d’argent après la chute de Kaboul aux mains des talibans.
Une nouvelle coopération économique avec ce nouveau régime est tributaire de sa reconnaissance par la communauté internationale, une perspective balisée par le G7. « La légitimité de tout futur gouvernement dépend de l’approche qu’il adopte dès à présent pour respecter ses obligations et engagements internationaux », ont indiqué les leaders réunis au sommet.
Le G7 a entre autres demandé que les talibans « œuvrent de bonne foi » à la mise en place d’un « gouvernement inclusif et représentatif », avec une « participation significative de femmes et de groupes minoritaires », ont-ils indiqué.
Avec l’Agence France-Presse