Le pédophile Sylvain Villemaire écope de 18 ans de prison

Sylvain Villemaire, reconnu coupable d’avoir « acheté » une enfant en Afrique et de lui avoir fait subir des sévices sexuels pendant des années, a été condamné mercredi à 18 ans de prison.
C’était la peine que la Couronne réclamait, mais également la plus sévère jamais imposée au Québec dans une affaire de crimes sexuels sur une mineure. « Il n’existe qu’une seule sanction adéquate, soit une peine d’emprisonnement significative », écrit le juge Pierre Labelle dans sa décision. « L’ensemble des faits démontre sans aucun doute, la totale et complète responsabilité du délinquant dans cette affaire », ajoute-t-il.
L’enfant de huit ans, originaire de la Côte-d’Ivoire, est arrivée au Canada en 2015. En échange d’aide financière, sa mère avait accepté d’envoyer la fillette vivre chez Sylvain Villemaire puisqu’il lui avait promis « une bonne éducation » et une vie meilleure. Mais l’ancien psychoéducateur en a plutôt profité pour l’agresser sexuellement à de nombreuses reprises sur une période de trois ans. Selon la Cour, il était clair que Sylvain Villemaire avait comme but de commettre des sévices sexuels lorsqu’il planifiait sa venue au Canada.
« Les délits envers la victime ont eu et auront des graves répercussions dans sa vie. Notons qu’elle a été déracinée de son milieu de vie, qu’elle a vécu un sentiment de trahison vis-à-vis sa mère, qu’elle est sans nouvelle de cette dernière. Dans les faits, elle est maintenant orpheline et elle vit avec les conséquences des agressions qu’elle a subies », mentionne le magistrat.
Le juge estime qu’il y a un risque de récidive et que Villemaire a exprimé des remords « qui n’avaient pas de résonance de sincérité ». L’homme a également mentionné vouloir s’impliquer dans la vie de la jeune victime à sa sortie de prison, ce que la Cour trouve incompréhensible.
« Cette intention avouée de revenir dans la vie de la victime une fois sa peine purgée démontre une certaine distorsion cognitive et surtout, une incompréhension des torts et des séquelles qu’il a causés », souligne le juge Pierre Labelle.
Comme Villemaire est déjà détenu de façon préventive, il lui reste un peu plus de 13 ans de prison à purger. Le juge lui interdit également d’aller sur le Web pour une période de 25 ans.
La Couronne fera des représentations le 12 octobre prochain pour que l’homme soit reconnu comme délinquant dangereux. Une requête a été déposée en ce sens, a indiqué au Devoir la procureure affectée au dossier, Me Amélie Rivard. Elle ne fera pas d’autres commentaires comme le dossier est encore en cours.
L’homme de 60 ans avait plaidé coupable à quatre chefs d’accusation en septembre 2020. Il a été déclaré coupable de deux chefs d’accusation supplémentaires à la suite du procès le 12 février 2021, incluant ceux de traite de personne mineure et distribution de pédopornographie.