Des organismes de psychothérapie crient à l’aide

Le Regroupement québécois des organismes communautaires de psychothérapie milite en faveur d’un soutien financier récurrent de la part de Québec.
Photo: iStock Le Regroupement québécois des organismes communautaires de psychothérapie milite en faveur d’un soutien financier récurrent de la part de Québec.

Le Regroupement québécois des organismes communautaires de psychothérapie (RQOCP) réclame une aide financière récurrente de la part de Québec. Ses membres accueillent de plus en plus de patients adressés par le réseau de la santé, affirme-t-il, sans pour autant bénéficier de soutien financier supplémentaire.

« Non seulement nos listes d’attente sont pleines, mais la majorité des clients qui sont sur nos listes d’attente sont des clients qui sont adressés par le réseau public, soutient Richard Lavoie, secrétaire au RQOCP. On se ramasse avec une clientèle que le public ne veut pas prendre, mais on n’a pas de financement pour augmenter cette desserte. »

Les dix organismes communautaires du RQOCP, situés dans les régions de Montréal, de Laval, des Basses-Laurentides et de l’Outaouais, estiment être les grands oubliés du programme de rattrapage de Québec pour améliorer l’accès aux services en santé mentale. Selon le regroupement, une minorité de ses membres a reçu une aide d’urgence du gouvernement pour rehausser leurs services durant la pandémie.

Le manque d’aide gouvernementale est un problème récurrent, déplore Richard Lavoie, qui dirige le Service populaire de psychothérapie, situé à Laval. « Sept [de nos dix] organismes ne reçoivent rien du PSOC [Programme de soutien aux organismes communautaires] ni d’aucune autre enveloppe gouvernementale », précise-t-il.

Parmi les trois bénéficiant d’un financement, un seul « reçoit suffisamment du PSOC pour payer convenablement ses psychothérapeutes », indique Richard Lavoie. « Mais cet organisme fait de la psychothérapie de groupe. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que le PSOC le finance entièrement », pense-t-il.

Famille Nouvelle, un organisme offrant des thérapies individuelles à prix réduit, ne bénéficie pas de l’aide de l’État. Pour survivre, le centre doit compter sur des fondations, des donateurs privés et des thérapeutes qui ont « un sens un peu de missionnariat », explique sa présidente Pauline Houle.

« Ils font du bénévolat avec un mini-forfait », remarque-t-elle. Les psychothérapeutes, travailleurs sociaux et sexologues qui suivent les clients de Famille Nouvelle reçoivent entre 35 et 45 $ par séance, au maximum 60.

Pauline Houle croit que si son organisme obtenait une aide financière du gouvernement, il pourrait offrir une meilleure rémunération à ses professionnels et prendre en charge davantage de clients. L’organisme offre un suivi à environ 300 à 500 personnes par année. « Les thérapeutes que j’ai en ce moment, j’ai fait mon propre sondage, je pourrais facilement offrir 40 heures par semaine de plus à condition qu’ils soient bien payés. »

Le RQOCP milite en faveur d’un soutien financier récurrent de la part de Québec. Ses membres veulent réduire leur propre liste d’attente avant de contribuer à diminuer celles du public. À la mi-mai, près de 20 000 personnes étaient en attente de services en santé mentale dans le réseau, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Au Service populaire de psychothérapie, la liste d’attente s’arrête à 35 personnes. « Elle est toujours pleine, dit Richard Lavoie. On ne fait aucune publicité. »

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on indique que le RQOCP a présenté une demande d’admissibilité au PSOC pour l’année 2020-2021, mais que celle-ci a été refusée, l’organisme n’ayant « pas été en mesure de démontrer sa portée nationale ». En effet, précise le MSSS dans un courriel, « ses membres sont concentrés dans la grande région métropolitaine ».

Le MSSS ajoute qu’« étant donné que le PSOC est régionalisé, il revient à chaque établissement (CISSS et CIUSSS) d’appliquer les règles du Cadre de gestion national du PSOC en tenant compte des besoins particuliers de la population régionale et des demandes des organismes communautaires qui œuvrent en santé et en services sociaux sur leur territoire ».

Le ministère conclut en soulignant que « les organismes communautaires demeurent des partenaires essentiels et leur offre de services complémentaires » à ceux du réseau.

Pour Martin, ils sont devenus essentiels. L’homme de 54 ans, qui préfère taire son nom de famille, est suivi au Service populaire de psychothérapie depuis quelques années. Il vit des épisodes dépressifs périodiquement, tous les six mois environ. « Quand j’ai commencé à faire affaire avec eux, je n’avais pas de revenu, j’étais aux études, dit-il. Ils me chargeaient 15 $ par session. C’était vraiment apprécié. »

Martin a depuis trouvé un emploi. En ce moment, il va bien. Mais il poursuit la psychothérapie. « Ils me chargent maintenant 75 $ », dit-il. Sa psychothérapeute, avec qui il a établi un lien de confiance, l’accompagne toujours en pensée. « C’est salvateur », souligne-t-il.
 



Ce texte a été modifié après publication pour y ajouter une précision.

 

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