Ottawa vertement critiqué pour son aide aux voyageurs

Le versement aux voyageurs de la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE) encourage les déplacements à l’étranger en temps de pandémie, dénoncent des groupes d’opposition à Ottawa.
« C’est complètement illogique et inacceptable. Ça envoie un message totalement contradictoire. D’un côté, on décourage tout voyage non essentiel à l’extérieur du pays et, d’un autre, on offre une aide d’urgence à ceux qui ont décidé de voyager quand même », a de nouveau lancé dimanche le député conservateur Alain Rayes.
À l’instar de ses collègues députés Michelle Rempel Garner, Peter Kent et Pierre Paul-Hus, M. Rayes demande au gouvernement Trudeau de « faire les changements qui s’imposent pour rectifier la situation ».
Des médias ont récemment rapporté que les voyageurs placés en quarantaine après leur retour au pays peuvent demander la PCMRE, ce qui a rapidement soulevé un tollé.
La PCMRE est destinée aux travailleurs privés de congés de maladie. Ils doivent être dans l’impossibilité de travailler pendant au moins la moitié de la semaine en raison d’un statut sérologique positif ou d’une obligation de quarantaine. C’est le cas des voyageurs, obligés d’observer une période d’isolement de 14 jours de retour au Canada. Ils sont admissibles au versement de 500 dollars par semaine, pour un maximum de deux semaines.
Au Bloc québécois, beaucoup estiment que l’idée de subventionner les quarantaines est un mauvais signal envoyé à ceux qui font l’effort de ne pas voyager. Le porte-parole de la formation en matière de Transports, Xavier Barsalou-Duval, a établi un parallèle entre la PCMRE et le refus du gouvernement fédéral de contraindre les compagnies aériennes à rembourser leurs clients qui avaient réservé des billets d’avion.
« Le gouvernement demande aux gens de ne pas voyager et c’est la bonne chose à faire, a-t-il déclaré. Ensuite, il récompense ceux qui ne respectent pas la consigne en leur offrant 1000 $ et il continue de laisser tomber ceux qui ont acheté un voyage de bonne foi, souvent avec leur épargne de plusieurs années, souvent avant même la pandémie, en n’obligeant pas le remboursement des voyages. »
« Si quelqu’un voyage parce que c’est essentiel pour son travail, on peut croire qu’il ne perdra pas de revenus, et si quelqu’un voyage par plaisir, on lui recommande déjà de ne pas voyager. C’est absurde dans la plupart des cas. Absurde ou électoral », a analysé le chef du Bloc, Yves-François Blanchet.
Nouveaux critères ?
Le gouvernement fédéral a semblé prêt à ouvrir la porte à des changements au sujet des critères d’admission à la PCMRE. C’est ce qu’a laissé entendre la ministre fédérale de l’Emploi et du Développement social, Carla Qualtrough, dans une déclaration publiée samedi soir sur Twitter.
« La PCMRE n’a jamais eu pour but d’inciter ou d’encourager les Canadiens à ne pas suivre les directives de santé publique ou de voyage international », a déclaré la ministre Qualtrough. « Nous examinons activement toutes les options disponibles pour résoudre cet enjeu », a-t-elle ajouté.
Celle-ci a souligné qu’un des objectifs du programme était de permettre aux travailleurs de ne pas avoir à choisir entre rester à la maison ou aller travailler pour nourrir leur famille.