DPJ: entente «historique» avec les Anicinape

En vertu de l’entente, le directeur de la protection de la jeunesse en Abitibi-Témiscamingue demeurera responsable «à 100 %» de l’application de la Loi sur la protection de la jeunesse dans les quatre communautés autochtones.
Photo: iStock En vertu de l’entente, le directeur de la protection de la jeunesse en Abitibi-Témiscamingue demeurera responsable «à 100 %» de l’application de la Loi sur la protection de la jeunesse dans les quatre communautés autochtones.

Après deux années de négociation, quatre communautés anicinape ont commencé à offrir des services en protection de la jeunesse en vertu d’une entente — qu’elles qualifient d’« historique » — signée dans les dernières semaines avec le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue.

« C’est une entente qui va permettre de sécuriser nos enfants culturellement et d’arrêter de toujours nous faire dire quoi faire, de nous faire coloniser. On est les mieux placés pour prendre soin de nous-mêmes », a souligné en entrevue Peggie Jérôme, directrice générale de l’organisme Mino Obigiwasin, qui chapeautera les services enfance et famille en protection de la jeunesse et en justice pénale pour les adolescents pour les quatre communautés anicinape.

Donald Vallières, directeur de la protection de la jeunesse en Abitibi-Témiscamingue, explique qu’il demeurera responsable « à 100 % » de l’application de la Loi sur la protection de la jeunesse dans les quatre communautés autochtones. « Mais les services, au lieu d’être offerts par les intervenants du CISSS, seront désormais offerts par l’agence autochtone, en collaboration avec le CISSS », précise-t-il.

Concrètement, la réception et le traitement des signalements demeureront entre les mains de la même équipe au CISSS, mais lorsque le signalement sera retenu, les intervenants de Mino Obigiwasin feront eux-mêmes l’évaluation, puis l’application des mesures.

« On va pouvoir s’assurer que les enfants sont placés dans des familles qu’on connaît », se réjouit Peggie Jérôme. Donald Vallières espère également que l’entente permettra de diminuer le nombre d’enfants placés dans des familles d’accueil à l’extérieur des communautés. « C’est un enjeu majeur pour eux [les Anicinape] et on est vraiment d’accord avec ça. »

L’organisme Mino Obigiwasin souhaite également offrir un meilleur accompagnement aux parents pour qu’ils puissent se prendre en main plus rapidement et ainsi retrouver la garde de leurs enfants. « Nous, c’est moins punitif, explique Peggie Jérôme. C’est plus l’entraide familiale, le processus de guérison, la responsabilisation qu’on veut développer. »

L’équipe actuelle de Mino Obigiwasin compte une vingtaine d’employés. Mais l’organisme espère monter à 90 employés dès l’an prochain. À terme, les Anicinape souhaitent créer leur propre DPJ, comme le permet la loi fédérale C-92. « En ce moment, on fait une transition et on prend de l’expérience. Dans les prochains mois, on va enclencher le processus. »

Les quatre communautés faisant partie de l’entente sont le Conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon, le Conseil des Anicinapek de Kitcisakik, le Conseil de la Première Nation Abitibiwinni et Long Point First Nation.

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