Apprendre du passé pour préparer l’avenir du Québec

Institut du Nouveau Monde Collaboration spéciale
Instauré en 1997, le réseau des centres de la petite enfance a permis à de nombreuses Québécoises d’accéder au marché du travail.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Instauré en 1997, le réseau des centres de la petite enfance a permis à de nombreuses Québécoises d’accéder au marché du travail.

Ce texte fait partie du cahier spécial L'état du Québec 2021

Le bilan jusqu’à maintenant mitigé de nos institutions de santé et services sociaux en cette période de crise force la réflexion sur les actions publiques du passé. Qu’il s’agisse des décisions prises dans les domaines de la santé publique, de la protection de la jeunesse ou des soins offerts aux personnes âgées, les forces et faiblesses du « modèle québécois » ont été mises au jour depuis le début de cette pandémie.

Certains événements et choix dans le dernier quart de siècle peuvent expliquer en partie ces insuccès. Pour son 25e anniversaire, L’état du Québec a fait un retour, dans ses pages, sur les événements marquants dans la transformation du Québec, et quelques-uns d’entre eux sont liés aux constats faits dans ces domaines.

Trois vagues de coupes dans les services publics ont pu affaiblir ces institutions. Le Plan d’action d’économie sociale adopté lors du Sommet socioéconomique en 1996, la réingénierie de l’État au tournant des années 2000 et l’austérité à la sauce Leitão dès 2014 font partie de ces décisions controversées. En effet, ce n’est pas d’aujourd’hui que les difficultés existent : « Les services se désagrègent depuis déjà trop longtemps », explique Jean-Pierre Hotte.

Un modèle hospitalocentré

 

Les réformes liées à ces coupes ont aussi mis de côté « l’approche globale [biopsychosociale] mise en avant avec la création des CLSC » pour se rabattre « sur le modèle biomédical et hospitalocentré », dit Andrée Sévigny. On se retrouve ainsi avec des hôpitaux et des CHSLD débordés, « alors qu’on donne à celles et à ceux qui occupent le poste de préposé un salaire de famine ».

Néanmoins, certaines politiques dans les dernières années se rangent évidemment du côté des bons coups. Jean-Pierre Hotte rappelle que, pour la protection de l’enfance, la prévention passe par « la mise en place de politiques sociales » comme « le Régime québécois d’assurance parentale […] et la présence de services de garde éducatifs de qualité dans toutes les régions ».

Parmi les événements marquants présentés dans la rétrospective de L’état du Québec 2021, on discute justement de la création de la politique familiale de Pauline Marois en 1997, qui a entre autres lancé le réseau des centres de la petite enfance, alors que d’autres missions de l’État subissaient les impacts du « déficit zéro ». Aujourd’hui, les femmes du Québec sont d’ailleurs celles qui ont le plus haut taux d’emploi en Amérique du Nord.

Combler les brèches du système

 

Le passé nous montre ainsi que, si nous avons commis des erreurs, nous avons aussi fait de bons coups. C’est donc possible de continuer d’améliorer nos services publics avec d’autres bonnes idées. Pier-Luc Turcotte et Andrée Sévigny rappellent que miser sur les services publics peut réellement améliorer la situation. « Quand on se concentre sur les services essentiels, plus de gens sont soudainement disponibles pour y travailler », disent-ils. Cela veut dire combler les brèches du système pour en construire un « qui ne laisserait personne derrière, où les mailles du filet social sont si petites qu’il est en mesure de protéger les citoyennes et citoyens de tous âges ».

Ce n’est pas d’hier que des tenants de l’investissement dans le secteur public s’opposent à d’autres favorables à un régime minceur de l’État. En 2005, l’espace public a d’ailleurs été investi par deux groupes formels représentant ces courants : les signataires du manifeste Pour un Québec lucide et ceux du manifeste Pour un Québec solidaire. Toutefois, Jean-Pierre Hotte rappelle « à ceux qui s’interrogent sur les coûts liés aux propositions avancées que, chose certaine, ne pas agir coûtera beaucoup plus cher sur le plan économique et sera plus dramatique sur le plan humain. Le statu quo n’est pas une option », conclut-il.

Apprendre du passé permet donc d’envisager une relance qui renouvellera pour le mieux nos services publics. Un renouvellement qui n’est pas étranger à la CAQ, qui a mis fin à un demi-siècle d’alternance à l’Assemblée nationale en 2018, autre événement que vous pouvez retrouver dans la rétrospective de >L’état du Québec 2021.

À lire à ce sujet dans «L’état du Québec 2021»

La relance du Québec sous l’angle de la protection des personnes âgées
« Le Québec aime-t-il vraiment les personnes âgées ? »
(Pier-Luc Turcotte, Andrée Sévigny)

La relance du Québec sous l’angle de la protection de la jeunesse
« Agir pour que les enfants et les jeunes deviennent une priorité sociétale »
(Jean-Pierre Hotte)

1996-2020
« La transformation du Québec en 25 événements marquants »
(Francis Huot, Francis Therrien, Nicolas Vazeille)

 

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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