Sofiane Ghazi restera au moins 15 ans en prison

Sofiane Ghazi
Photo: SPVM via La Presse canadienne Sofiane Ghazi

Sofiane Ghazi, ce Montréalais qui a plaidé coupable d’avoir poignardé à mort son bébé alors que celui-ci était encore dans le ventre de sa mère, a écopé d’une peine de prison minimum de 15 ans.

La peine a été imposée mercredi matin par le juge Jean-François Buffoni de la Cour supérieure au palais de justice de Montréal, qui a qualifié ses crimes « d’horribles », d’une « cruauté extrême », « commis dans un contexte d’extrême violence conjugale ».

En juillet 2017, Sofiane Ghazi avait poignardé 19 fois son épouse, dont 12 fois du côté gauche de son ventre et sept fois dans le haut de sa cuisse gauche.

 

Parmi ces nombreux coups portés avec une fourchette à viande, neuf ont blessé le bébé qui se trouvait dans le ventre de sa mère, alors enceinte de 36 semaines. Les blessures ont pu être constatées à sa naissance. L’autopsie pratiquée sur le bébé a identifié comme cause du décès un traumatisme in utero causé par un objet tranchant. La mère a heureusement survécu à ses blessures.

En rendant son jugement oralement, le juge Buffoni a notamment souligné à grands traits le fait qu’après la brutale attaque, l’homme a quitté la résidence familiale sans appeler les services d’urgence, emportant le seul téléphone de la maison, enlevant ainsi à sa femme qui baignait dans son sang la chance d’appeler à l’aide.

Ghazi, sur le banc des accusés, a écouté le jugement, tantôt en fixant le juge, tantôt la tête baissée.

 

Comme l’homme de 40 ans a déjà passé trois ans en détention préventive, soit depuis son arrestation — ce qui compte à temps et demi — il ne lui reste que 10 ans et demi à purger avant de pouvoir demander une libération conditionnelle.

Son ex-épouse, dans la salle, écoutait, fort tendue. Au moment de la violente agression, le couple était marié depuis 12 ans et avait déjà deux enfants. Leur identité est protégée par une ordonnance de non-publication.

Après avoir quitté la salle de cour, elle a confié qu’elle espère que ce jugement va les aider à tourner la page et à regarder vers l’avenir.

« Ce qu’il a fait, ça va rester toute la vie, pour nous et les enfants. Les enfants, ils sont traumatisés à vie. Moi, je suis traumatisée à vie ».

« J’espère que le jugement va nous permettre d’avancer dans la vie, surtout pour les enfants. »

Le chef de meurtre au deuxième degré entraîne automatiquement une peine de prison à vie. Il ne restait donc au juge qu’à déterminer le nombre d’années avant que Ghazi ne soit admissible à une libération conditionnelle : le minimum est de 10 ans.

Pour le meurtre du bébé, le ministère public avait réclamé un minimum de 18 ans, et la défense 12 ans.

Pour la violente attaque sur son épouse, il devra passer 11 ans en prison. Cette peine sera toutefois purgée en même temps que celle pour meurtre et ne s’y’ajoutera pas.

Plaidoyer de culpabilité

 

L’homme avait plaidé coupable en septembre dernier à des accusations réduites de meurtre au deuxième degré du bébé et de voies de fait graves sur son épouse. Il avait initialement été accusé de meurtre au premier degré.

Cette reconnaissance de culpabilité inattendue, survenue au deuxième jour de son procès devant jury, avait pris tout le monde par surprise.

 

En plaidant coupable, il évitait la tenue du procès. Mais il a ensuite tenté de retirer ses plaidoyers de culpabilité, moins de deux semaines plus tard. La Cour avait refusé cette demande en mars dernier.
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