Vivre la pandémie en langue étrangère

Mélanie Gagné Collaboration spéciale
La coordonnatrice du SANAM, Fanny Allaire-Poliquin
Louis-Philippe Cusson La coordonnatrice du SANAM, Fanny Allaire-Poliquin

Ce texte fait partie du cahier spécial Services essentiels

Imaginez vivre la crise sanitaire en ne comprenant pas les informations transmises par le gouvernement et en ne sachant pas qui peut nous aider et comment. C’est la réalité actuelle de nombreuses personnes immigrantes allophones vivant au Québec.

Pour Fanny Allaire-Poliquin, coordonnatrice du Service d’accueil des nouveaux arrivants de La Matanie (SANAM), et sa collègue Sandrine Edmond, il est primordial, depuis le début de la crise, d’aller au-devant des demandes d’aide. Chaque nouvelarrivant et chaque personne immigrante ayant eu recours à leurs services au cours de la dernière année ont été joints au téléphone. « Onleur demande s’ils ont gardé leur travail, s’ils ont besoin d’information ou d’être accompagnés pour unedemande d’assurance-emploi. On veut les informer qu’ils peuvent y avoir droit, s’assurer qu’ils comprennent ce qui se passe, parce que plusieurs ne comprennent pas encore le français. Ils se retrouvent à être assez vulnérables », explique Mme Allaire-Poliquin.

La coordonnatrice du SANAM explique que les personnes immigrantes se sentent parfois perdues lorsqu’il est question d’assurance-emploi ou de droits des travailleurs : « Ce n’est pas dans le pays d’origine de tout le monde qu’il existe des structures comme l’assurance-emploi. Ce n’est pas parce qu’on vit dans un pays depuis quelques mois ou un an qu’on a l’habitude de suivre les informations de son nouveau pays. La personne peut avoir de la difficulté à savoir à quelle porte frapper. Avec certains, je me suis rendue au bureau de Service Canada pour déposer des demandes et faire la traduction. »

De multiples barrières

 

Mme Allaire-Poliquin salue les démarches du gouvernement du Québec pour traduire les informations sur la crise sanitaire en plusieurs langues. Elle soutient qu’il est essentiel d’informer les personnes allophones dans leur langue en temps de crise. L’utilisation des réseaux sociaux pour transmettre l’information constitue également une barrière selon elle pour certains immigrants : « Plusieurs personnes n’utilisent pas autant Internet que nous dans leur pays. Ce n’est pas courant pour elles. Il y a beaucoup d’information et d’offres faites dans les médias sociaux, mais il y a des gens pour qui c’est difficile d’aller chercher ces informations. »

Fanny Allaire-Poliquin a dû serendre chez un immigrant, en respectant les mesures, pour s’assurer de sa sécurité : « Cette personne était en détresse et avait besoin qu’on lui trouve du soutien psychosocial dans sa langue maternelle, confie-t-elle.Ce n’est pas évident de trouver enrégion des gens qui peuvent faire dela traduction. On a eu recours au soutien du politique pour nous aider et éviter des délais. On fait des démarches. On essaie de faire remonter les besoins des personnes immigrantes et leur réalité. »

Le SANAM offre aussi de l’aide aux entreprises de la Matanie qui emploient des personnes immigrantes : « Pour les employeurs qui ont des demandes de permis de travail en attente, qui ont des travailleurstemporaires actuellement qui doivent renouveler des permis, on sait que les délais sont très allongés, alors c’est stressant pour eux aussi. »

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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