Les adolescents prennent la relève des bénévoles âgés

Aussi dévastatrice soit-elle, la pandémie du coronavirus a ses bons côtés. Un peu partout au Québec, des adolescents et des jeunes adultes s’initient au bénévolat en donnant un coup de main aux plus âgés confinés à leurs maisons.

Il y a dix jours, Marika Poirier, 17 ans, a créé avec son amie Alicia un groupe Facebook pour livrer des sacs d’épicerie à des personnes isolées de Québec. Baptisé Les jeunes à l’action, leur service mobilise aussi d’autres jeunes de son école secondaire Saint-Jean-Eudes.

Elle dit qu’elle se sent utile, remarque les sourires dans les visages des gens qu’ils vont aider. « Il y en a plein qui nous disent qu’ils n’ont pas de famille pour s’occuper de ça, qu’ils sont vraiment tout seuls. »

Marika n’avait jamais fait de bénévolat avant. Elle dit qu’elle « savait » qu’il y avait des gens isolés ou dans le besoin, mais qu’elle ne le « voyait pas autant ». « Même que, après la crise, on veut continuer à en faire pour ces gens-là. Ils ont de la misère à sortir de chez eux même hors coronavirus. »

À Québec, au Centre d’information et de référence 211, on a remarqué cette semaine qu’une grande partie des personnes qui offraient de l’aide aux organismes communautaires sont des jeunes nés dans les années 1980 et 1990.

« Il y a beaucoup de jeunes, c’est intéressant. Ça doit être des étudiants », notait Thierry Durand, directeur du service dans la Capitale Nationale et de Chaudière-Appalaches.

Récemment, de nombreux organismes communautaires ont manqué de bras parce que la majorité de leurs bénévoles réguliers sont des personnes âgées, ceux-là mêmes qu’on invite désormais à rester chez eux pour se prémunir de la maladie.

Une expérience marquante

 

On aurait tort toutefois de penser que les jeunes ne s’intéressent pas d’emblée au bénévolat. Les statistiques montrent qu’ils sont au moins aussi nombreux que les autres générations à en faire. Mais de façon moins régulière et souvent à l’extérieur des organismes communautaires, explique Michel-Alexandre Cauchon, le directeur de la Fédération des centres action bénévole du Québec.

« Ce qui caractérise les jeunes face au bénévolat », c’est le caractère éphémère un peu dispersé », observe Jacques Hamel, sociologue spécialisé dans l’étude des jeunes. « Leurs activités sont aussi beaucoup liées à ce qui circule sur les réseaux sociaux. »

Le professeur de l’Université de Montréal pense aussi que des expériences de bénévolat vécues en ces temps de crise peuvent être marquantes. « Ça viendra leur révéler qu’il y a des personnes vulnérables auxquelles ils peuvent apporter un certain soutien. »

Les organismes déjà dépassés par l’aide

Avec l’engouement actuel des Québécois pour le bénévolat, le milieu communautaire est confronté à un nouveau problème : il manque désormais de gens pour les « gérer ». « Le problème qu’on a, c’est qu’on n’a pas de gestionnaires de bénévoles », a expliqué en fin de journée jeudi M. Cauchon, de la Fédération des centres action bénévole. « On a besoin de ressources pour gérer ce flux-là. » Les organismes doivent notamment s’assurer que les candidats n’ont pas d’antécédents judiciaires, les former sur les mesures sanitaires et leurs tâches, en plus de jumeler leurs disponibilités avec celles des organismes. Après le discours quotidien du premier ministre jeudi, la plateforme « jebenevole » a été littéralement assaillie. Dès 13 h 30, 791 personnes avaient répondu aux 200 annonces qui se trouvaient sur le site.



À voir en vidéo