Comment supporter ses parents quand on est confinés avec eux?

Confinés à la maison avec leurs parents, plusieurs adolescents commencent à trouver le temps long. Ce huis clos imposé exacerbe les sources d’irritation du quotidien et les chicanes avec les parents, mais permet aussi à certains de passer du temps de qualité avec ceux-ci et de se découvrir de nouveaux intérêts.
Louis Mathis Bizier, 12 ans, commence à s’ennuyer un peu. « Au début je me disais : « Cool ! Des vacances ! » Mais au final, je m’ennuie un peu de l’école parce que je voyais tous mes amis et il y avait de l’action. »
L’adolescent de Sherbrooke confie en riant qu’il commence à être un peu « tanné » de voir ses parents. Mais juste un peu. « C’est un peu difficile des fois, mais ça se passe quand même bien. »
Ce qu’il trouve le plus difficile dans sa relation avec eux ces jours-ci, ce sont les « chicanes » en lien avec le temps d’écran. « C’est vrai que je passe pas mal de temps sur les jeux vidéo, mais c’est une manière de parler à mes amis en m’amusant. Ma mère me dit de débarquer et des fois, ça ne me tente pas, alors on se chicane souvent là-dessus. »
Noam Chemin-Saury, 14 ans, commence, lui aussi, à s’ennuyer à la maison. « Pour l’instant, ça va, mais si ça dure plus que deux semaines, ça va sûrement être une autre histoire ! »
La cohabitation forcée avec ses parents se passe bien, explique-t-il. « Ils travaillent dans leur coin et je travaille dans le mien. »
Noam passe beaucoup de temps dans sa chambre et fait généralement trois heures de travaux scolaires par jour. Le reste du temps, il est sur les écrans « parce qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à faire »
À lire et à voir
Suivez la propagation de la COVID-19 à travers le monde.Il a passé une entente avec ses parents : il bénéficie d’un temps d’écran équivalent au temps passé à faire des travaux scolaires. Lorsqu’il franchit la barre des trois heures de travail quotidien, il a un accès illimité à ses écrans pour le reste de la journée. Cette entente limite les frictions entre l’adolescent et ses parents.
Félix-Antoine Bellemare, lui, a un « horaire spécial COVID-19 » à respecter au quotidien. « Je n’avais rien à faire, alors ma mère a décidé de me faire un horaire. Je me lève, j’ai ma routine à faire. Je fais des exercices et des travaux, comme lire un livre en anglais ou faire des mots cachés. Ensuite je dîne, j’écris un peu et ensuite j’écoute la télé. Tout est prévu d’avance, mais je peux choisir l’ordre dans lequel je fais chaque tâche. »
Son temps d’écran est limité à deux heures par jour et il trouve parfois difficile de s’y conformer. « J’essaie d’être un peu logique. Si je fais une heure de lecture, je vais faire une heure de téléphone après. Mais mes parents trouvent parfois que c’est trop et viennent me chicaner. »
Félix-Antoine tente également d’éviter son frère pour limiter les frictions familiales. « Mon frère a 7 ans, il aime ça m’agacer et me faire fâcher […] Avec ma grande sœur de 18 ans, ça se passe tout le temps bien. Quand elle était dans sa période ado, elle faisait plus de crises, ça m’agaçait. Mais là, j’aime ça quand elle est chez nous. »
Avec ses parents, ça dépend des jours. « Il y a des fois, quand je n’ai pas assez dormi par exemple, ils me tapent sur les nerfs. Et quand ils viennent me dire que je dois respecter mon temps d’écran, des fois ça commence à me tanner. »
Mais ce qui l’énerve par-dessus tout, c’est l’intrusion de ses parents dans sa chambre. « Des parents, ça cogne pas ! Alors, ils rentrent comme ça dans ma chambre et ça, ça m’agace. J’ai juste besoin d’être tranquille un moment donné. »
Retour à l’école
Aksel Selhi, 15 ans, est heureuse de passer plus de temps avec ses parents. « D’habitude, je vois plus mes profs que mes parents. C’est différent, mais c’est le fun. Ils me manquent des fois. Mon père, je le vois un peu moins vu qu’il travaille à l’extérieur, mais ma mère travaille de la maison alors on passe du temps ensemble, on écoute des films ensemble le soir, c’est le fun. »
À la demande de ses parents, l’adolescente de Sainte-Catherine fait plus de corvées dans la maison. Mais ce qui l’occupe une grande partie de la journée, c’est de discuter avec ses amis sur les réseaux sociaux.
Le retour à l’école la stresse davantage que la pandémie. « J’ai peur que l’année prochaine, on s’attende à ce que l’on ait appris certaines matières, mais qu’on ne l’ait pas vu. »
Camille Lambert, 15 ans, s’inquiète elle aussi du retour à l’école. « On est dans une zone pas claire : personne ne nous a jamais écrit de l’école pour nous dire ce qui va se passer. Donc, c’est quand même stressant. »
Le courrier du coronavirus
Abonnez-vous à notre infolettre pour tout savoir sur la pandémie de COVID-19.Enfant unique, avec des parents divorcés et une mère qui travaille, elle trouve le temps long. « Je ne fais pas grand-chose, vraiment. J’en profite pour lire, m’avancer dans mes trucs scolaires, c’est pas mal tout ce que je peux faire. »
Elle aussi passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux pour communiquer avec ses amis et s’informer de la situation exceptionnelle qui secoue son quotidien.
Ce temps d’arrêt forcé, qu’elle considère « un peu plate », lui a néanmoins permis de redécouvrir le plaisir de dessiner et de lire. « C’est quand même le fun ce côté-là, ça me permet de refaire des choses que je n’avais plus le temps de faire avec l’école et de ralentir un peu mon rythme de vie. »
Cuisiner en famille
Maxence Coté-Morin s’est lui aussi découvert de nouveaux intérêts. « J’ai commencé à cuisiner avec ma mère, raconte le jeune Montréalais de 15 ans. C’est ma mère qui me l’a proposé : on fait des recettes ensemble et j’ai même commencé à faire des recettes tout seul. Quand je le fais avec elle, elle m’apprend des choses, mais des fois, ça me tape sur les nerfs parce qu’elle me corrige à chaque chose que je fais ! »
Il en profite pour se lever plus tard, fait les entraînements à distance que lui a envoyés son entraîneur de football et fait un peu de travaux scolaires. « Ma mère me force un peu, mais pas trop ». Il souhaiterait parfois que ses parents sortent de la maison, mais profite aussi de ces moments privilégiés en famille. « Des fois, ça m’occupe de passer du temps avec ma mère, parce que ça n’arrive pas souvent… »