Les jeunes artistes relaient avec créativité l’appel de Québec à rester chez soi

« Lave tes mains, c’est pour ton bien […] On ne niaise pas, frenche pas ton voisin. Protège les autres, parce que l’été s’en vient. »
Deux heures après son lancement sur Instagram, la vidéo prophylactique nimbée d’humour de Coeur de pirate pour sensibiliser les jeunes à la lutte contre la COVID-19 est littéralement devenue virale mardi, avec plus de 80 000 visionnements.
Le courrier du coronavirus
Abonnez-vous à notre infolettre pour tout savoir sur la pandémie de COVID-19.À l’instar de la coach de La Voix, plusieurs autres jeunes artistes populaires, humoristes, influenceurs et sportifs ont emboîté le pas et répondu rapidement mardi à l’appel insistant lancé par le premier ministre, François Legault, de faire leur part pour convaincre les jeunes d’éviter les « rassemblements » pour endiguer l’épidémie du coronavirus.
Le premier ministre Legault avait surpris tout le monde plus tôt en journée répétant aux jeunes que ce temps n’était plus le temps des « partys », mais de rester chez soi.
Des artistes comme le rappeur FouKi, le groupe Alaclair ensemble, Ariane Moffat et Marie-Mai, entre autres, ont aussitôt relayé le mot-clic de la campagne gouvernementale #propagelinfopaslevirus sur leurs divers réseaux sociaux, et appelé les jeunes à appliquer les mesures de protection préconisées.
« Pour ton best, pour ta gang, ton frère, ta soeur, pour toi, #propagepaslevirus ». Moi je le fais pour elle et pour tous. Et toi, le fais-tu ? », a publié sur Instagram Marie-Mai, avec une photo d’elle et de sa fillette.
Avec un brin d’humour, Ogden Ridjanovic, alias Robert Nelson du groupe Alaclair, a interpellé directement ses fans : « Hey, le mince en confinement ! Il est important de suivre les conseils du Roé en ces temps de propagation [de la] COVID-19 !!! » Idem pour son collègue Olivier Guénette, alias Maybe Watson : « Chill chez toi ! Lis un livre, écris un livre, va sur l’Internet, joue à Tetris 99 ». FouKi, qui carbure chez les plus jeunes, a aussi invité ses followers à se protéger et à protéger les autres en appliquant les méthodes « Zayssentiels », clin d’oeil au nom de son premier album et à l’expression être « zay », qui signifie être vrai, libre, soi-même.
Des vidéos de millénariaux, notamment celle de l’humoriste Julien Lacroix, avaient déjà engrangé en deux heures des dizaines de milliers de visionnements, alors que celle de Danick Martineau, intitulée Chanson coronavirus, lancée la veille, carburait avec plus de 670 000 vues. « Si t’as 20 ans, fais donc fois deux, pis reste en quarantaine. »
Contactée hier, Élizabeth Rioux, une des influenceuses québécoises les plus populaires sur Instagram, dont le corps et les maillots attirent plus de 1,8 million d’abonnés, a indiqué qu’elle avait souvent parlé du coronavirus dans ses vidéos Instagram. « J’en parle depuis deux mois, car je travaille souvent en Chine, et certains abonnés me reprochaient de trop en parler. II faut partager, sans instaurer la panique », croit-elle.
Parents déboussolés
Le confinement proposé aux familles dans la foulée de la fermeture des écoles a provoqué un peu de surchauffe ces derniers jours entre parents et adolescents. À l’âge où la vie sociale tourne autour de la gang et des amis, de nombreux parents ont éprouvé dès vendredi dernier beaucoup de difficultés à convaincre leurs enfants ados de l’importance de limiter leurs activités sociales et les visites. Mais à l’aube du printemps, la pause scolaire forcée a été accueillie par de nombreux jeunes comme l’occasion rêvée de pouvoir multiplier les activités entre amis. D’où l’appel gouvernemental à mettre le holà sur les « partys ».
Aux bureaux de la ligne d’aide téléphonique Tel-Jeunes, on confirmait mardi au Devoir que les principaux motifs d’appels des derniers jours portaient sur la COVID-19, notamment sur la frustration vécue par beaucoup d’ados devant l’interdiction de sorties imposée par leurs parents.
« Plusieurs nous demandent carrément si leurs parents ont le droit de les empêcher de sortir », affirme Myriam B. Asselin, coordonnatrice au développement des contenus pour Tel-Jeunes. Le nombre d’intervenants ne suffit pas à répondre au flot d’appels, provenant aussi de parents impuissants face à la désinvolture de leurs jeunes.
« Ça entraîne des conflits parents-enfants. Mais ce que cela révèle, c’est beaucoup de stress, un manque de communications et un grand besoin de vulgarisation. On fouille pour savoir ce qui se terre derrière ces tensions pour aider les jeunes à trouver des solutions pour mieux communiquer », dit-il.
Selon Mme Asselin, plusieurs appels portent aussi sur l’anxiété provoquée par la surabondance d’informations entourant la pandémie, et la crainte d’élèves de voir leur année scolaire bousillée par la crise de la COVID-19. « Tout en donnant des directives claires, il faut que les parents ne dramatisent pas trop la situation. On donne des trucs aux jeunes pour gérer leur anxiété et se désennuyer. Il y a une grande part d’ennui qu’ils doivent apprendre à tolérer. Car personne ne sait pas combien de temps cette situation va durer. »
Le bilan grimpe au Québec
74 personnes souffrant de la COVID-19 étaient connues des autorités mardi, à 15 h, dont certaines qui ne rentraient pas d’un voyage à l’étranger. Le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, se refusait toutefois toujours de parler de transmission communautaire mardi. Le premier ministre, François Legault, a réitéré son appel à toutes les personnes de retour de l’étranger et à celles présentant des symptômes de grippe de s’isoler pendant 14 jours. « Si vous revenez de voyage, que vous avez des symptômes, puis que vous transmettez le virus à quelqu’un, puis qu’éventuellement ce quelqu’un-là meurt, bien, vous allez avoir ça sur votre conscience toute votre vie », a-t-il lancé en conférence de presse. Au même moment, 2949 personnes faisaient l’objet d’une investigation. Le ministère de la Santé a par ailleurs indiqué qu’une deuxième personne atteinte de la COVID-19 a utilisé les transports en commun à Montréal alors qu’elle était potentiellement contagieuse. Cette personne est montée à bord du métro de Montréal le 10 mars et a effectué un trajet entre les stations Angrignon et McGill sur la ligne verte, entre 10 h 55 et 11 h 20. Il s’agit d’un deuxième cas de fréquentation des transports en commun par une personne atteinte et potentiellement contagieuse dans le Grand Montréal.Le Devoir avec La Presse canadienne
Nouveaux décès au Canada
Le nombre de décès lié au coronavirus a doublé mardi au Canada, passant de quatre à huit en une journée. La Colombie-Britannique compte maintenant sept décès avec l’annonce de trois nouveaux morts mardi. Deux d’entre eux sont reliés à l’éclosion de la COVID-19 dans un centre de soins longue durée de Lynn Valley, à North Vancouver. Le huitième décès est survenu en Ontario, le premier dans la province. Il s’agit d’un homme de 77 ans qui était hospitalisé à l’Hôpital Royal Victoria de Barrie, au nord de Toronto. Le bureau du coroner enquête toutefois pour déterminer si la cause du décès est le coronavirus ou un autre problème de santé.
Le Devoir