Le Taser utilisé à plusieurs reprises pour maîtriser Pierre Coriolan

Pierre Coriolan était trop agressif et agité pour qu’il soit possible d’établir un dialogue avec lui, a expliqué lundi le policier Mathieu Girard. Et s’il a fallu utiliser le pistolet à impulsion électrique (Taser) à plusieurs reprises contre lui, c’est qu’il semblait insensible à la douleur, a indiqué le policier lors de son témoignage, lundi, dans le cadre de l’enquête du coroner sur la mort de Pierre Coriolan.
L’agent Girard était le seul à disposer d’un pistolet à impulsion électrique lorsque les policiers ont répondu à un appel d’urgence pour un homme en crise dans un immeuble à logements de l’avenue Robillard, dans le quartier Centre-Sud de Montréal, le soir du 27 juin 2017.
À l’arrivée des policiers à l’appartement de Pierre Coriolan, Mathieu Girard a sommé l’homme de 58 ans de lâcher les armes qu’il tenait à la main. Le sergent Jimmy Carl Michon, qui supervisait l’opération, a lancé le même ordre. Plutôt qu’obtempérer, Pierre Coriolan s’est levé et a foncé sur les policiers. L’agent Vincent Moore a décoché un premier tir avec son arme à projectiles de plastique, mais sans freiner Pierre Coriolan. Mathieu Girard a alors lancé une première décharge de Taser. Pierre Coriolan était à environ quatre mètres de lui, mais le coup n’a eu aucun effet sur l’homme. Des coups de feu ont été tirés par les policiers, qui ont reculé dans le corridor de l’immeuble.
Mathieu Girard a dû se défendre d’avoir eu recours à son pistolet à impulsion électrique plutôt que de tenter une procédure de désescalade et ainsi éviter que l’intervention ne dégénère. Quand le coroner Malouin lui a fait remarquer que le fait que deux policiers crient « Police ! Lâche tes couteaux » n’était pas de nature à calmer un homme en crise, Mathieu Girard a indiqué que l’agressivité de Pierre Coriolan et les circonstances de l’événement ne prêtaient pas au dialogue.
Le policier a insisté sur l’agressivité de Pierre Coriolan, dont l’attitude témoignait d’un « délire agité ». Il avait les dents serrées, le regard vide et il tenait ses armes fermement dans ses mains. « Il a l’air d’un robot. Il ne ressent pas la douleur. Je n’ai jamais vu ça », a souligné Mathieu Girard. Il a dit avoir eu peur quand il a vu Pierre Coriolan foncer sur les policiers après la première décharge, qui n’a pas eu d’effet. C’est pourquoi il s’est retiré dans le corridor, a-t-il expliqué.
Formation
Après les coups de feu, Pierre Coriolan s’est retrouvé à genoux, mais il était toujours « combatif » et tenait fermement un couteau dans une main et un tournevis dans l’autre.
Mathieu Girard a alors eu recours à trois cycles d’impulsion électrique pour tenter de le calmer, l’un de 20 secondes, l’autre de 11 secondes et le dernier de 5 secondes. C’est à ce moment que ses collègues ont été en mesure de désarmer l’homme couché au sol. « C’est plus dommageable de faire huit petits cycles de cinq secondes que de faire un ou trois longs cycles comme je l’ai fait », a indiqué l’agent Girard.
Quand il constate que Pierre Coriolan a cessé de bouger, qu’il perd conscience et qu’il n’a plus de pouls, le policier entreprend un massage cardiaque. Une ambulance a déjà été appelée.
Mathieu Girard a indiqué avoir suivi une formation de cinq jours sur l’utilisation du Taser en 2016. Chaque année subséquente, cette formation a été mise à jour. L’arme est généralement utilisée en « mode démonstration », une stratégie susceptible de calmer un individu menaçant, mais cette méthode ne pouvait s’appliquer au cas de Pierre Coriolan, a souligné le policier.
C’était la première fois que l’agent Girard déchargeait son Taser contre quelqu’un. Il a soutenu avoir agi de son propre chef même si le superviseur de l’opération, le sergent Michon, a crié à un certain moment qu’une autre « shot » serait nécessaire.
Les procédures encadrant l’utilisation du Taser par le Service de police de la Ville de Montréal, en vigueur depuis le 17 mai 2017, stipulent que les policiers doivent éviter une exposition totale excédant 15 secondes. L’agent Girard a toutefois expliqué que sa formation avait été basée sur les procédures en vigueur en 2012, qui prônaient de limiter le nombre de cycles et d’éviter les décharges de plus de 15 à 20 secondes.
Le policier a aussi précisé que le recours au poivre de cayenne n’avait même pas été envisagé en raison du risque pour les policiers d’en subir les effets puisqu’ils se trouvaient dans un espace clos.
Mardi, ce sera au tour des policiers Jérémie Leclerc-Ouellet et Simon Chrétien de témoigner à l’enquête publique.