Mobilisation sans heurts à Saint-Lambert

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Les militants du barrage ferroviaire de Saint-Lambert ont démonté leurs tentes, dégagé les rails de leur attirail et charrié leurs nombreuses caisses de nourriture en dehors du site, vendredi soir.

La tension a monté, puis est redescendue. Après plus de 48 heures à monter la garde, les militants du barrage ferroviaire de Saint-Lambert ont levé le camp, vendredi soir. Ils ont démonté leurs tentes, dégagé les rails de leur attirail et charrié leurs nombreuses caisses de nourriture en dehors du site. 

« À tous ceux et celles qui ont à cœur les souverainetés autochtones ancestrales, il faut agir maintenant. Répondez à l’appel des chefs héréditaires. Bloquez par tous les moyens ponts, ports, routes et rails », ont déclaré des militants, dans un point de presse vers 22 h, avant de quitter la voie ferrée.

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Après plus de 48 heures à monter la garde, les militants du barrage ferroviaire de Saint-Lambert ont levé le camp, vendredi soir.

Quelques heures plus tôt, l’intervention policière paraissait pourtant imminente. Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) a fermé la rue traversant le chemin de fer au niveau du blocus (empêchant du même coup le ravitaillement) ; des autobus vides (où des personnes arrêtées pourraient être détenues) circulaient autour du site ; et sept agents sont apparus quelques dizaines de mètres derrière les manifestants, sur la voie ferrée. À l’avant, plus d’une dizaine d’agents étaient en position.

Et pourtant, rien. Ou en fait, la poursuite des négociations. À plusieurs reprises, des agents du SPAL ont dialogué avec les manifestants, pénétrant même dans le camp. Ces dialogues semblent avoir porté leurs fruits, mais ni le SPAL ni les militants n’ont voulu commenter la situation pendant la levée de la barricade. Aucune arrestation n’a été constatée.

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir La police de Longueuil a érigé, vendredi, un périmètre autour du barrage maintenu depuis mercredi sur une voie du CN à Saint-Lambert.

Solidarité

 

Comme les militants autochtones de Tyendinaga, en Ontario, et de Kahnawake, au Québec, ceux de Saint-Lambert — surtout des jeunes, pas nécessairement autochtones — agissent en solidarité avec les chefs héréditaires wet’suwet’en opposés au gazoduc Coastal GasLink, en Colombie-Britannique.

« C’est pas juste le blocage des trains, c’est pas juste une crise ferroviaire : c’est avant tout une crise des souverainetés autochtones et de la défense de l’environnement. On a un gouvernement qui dit vouloir agir pour l’environnement, mais il adopte des projets de carburant fossile et il soutient l’industrie. C’est ça le scandale dans cette histoire-là ! » a lancé en avant-midi un militant du camp, un charpentier-menuisier, en brisant le silence à l’endroit des médias pour une rare fois.

Avant la fermeture de la rue, des sympathisants se sont joints aux manifestants, grossissant leurs rangs à plus d’une cinquantaine de personnes au plus fort de la journée. Certains sont arrivés avec des sacs de bûches, du café ou des croissants. Alors même que ceux-ci passaient le cordon délimitant le campement, on entendait parfois les chiens de l’escouade canine du SPAL depuis une autopatrouille circulant dans la rue.

Prise de bec

 

Des contre-manifestants se sont aussi présentés sur le site. Un entrepreneur dont les affaires écopent du blocage ferroviaire s’est de nouveau fait entendre, vendredi, après avoir déjà parlé aux médias la veille. « Je suis obligé de recourir au transport routier, je suis obligé de polluer avec des camions » plutôt que d’utiliser le transport par train, a indiqué Denis Bisson, le propriétaire d’une entreprise qui importe des matériaux depuis la Nouvelle-Écosse.

« Quelle autre solution on a pour faire bouger des gouvernements qui n’écoutent pas leur peuple ? Quelle autre solution ? » lui a répondu Yolande Charest, une manifestante de 63 ans. Ou bien on subit les conséquences de la crise climatique, a-t-elle ajouté, « ou bien on bouge en bloc, maintenant ».

Interrogée par Le Devoir quelques minutes plus tard alors qu’elle quittait le camp pour aller chercher du ravitaillement, Mme Charest juge que ses jeunes acolytes étaient « très informés, calmes, respectueux, et qu’ils font ce qu’il y a à faire ». « Je vois des gens en colère se présenter ici, insulter les jeunes. Je peux vous dire que ça ne se fait pas de l’autre côté », dit-elle.

Par ailleurs, un autre barrage érigé en début d’après-midi vendredi sur une voie du CN à L’Isle-Verte, dans le Bas-Saint-Laurent, a été levé. La Sûreté du Québec (SQ) suivait la situation de près. Les manifestants qui étaient présents sur la rue Béland ont quitté vers 23 h 00 vendredi, sans qu’aucune intervention de la SQ ne soit nécessaire.

Avec La Presse canadienne



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