Demande d’action collective contre des sites d’hébergement

Un Montréalais veut intenter une action collective contre 13 sites de réservation en ligne qu’il accuse de tromper leurs clients en affichant des prix attrayants qui ne reflètent pas la somme totale qu’ils débourseront réellement pour de l’hébergement. Une pratique qui contreviendrait à la loi québécoise sur l’affichage complet des prix.
« Les défenderesses violent de manière systématique et en toute connaissance de cause la Loi sur la protection du consommateur en annonçant sur leurs sites Web des prix décomposés et inférieurs au prix ultimement exigé pour des offres d’hébergement », peut-on lire dans la requête déposée lundi au palais de justice de Montréal.
Chafik Mihoubi veut faire cesser cette pratique répandue, qu’il qualifie de « véritable fléau ». Il reproche à 13 sites de réservation en ligne d’afficher des prix incomplets, qui ne tiennent pas compte de plusieurs séries de frais.
Les sites visés sont priceline.com, hotwire.com, homeaway.com, accorhotels.com, bedandbreakfast.com, canadastays.com, holidayinn.com, hilton.com, reservations.com, orbitz.com, wyndhamhotels.com, kayak.com et hyatt.com.
« Ce sont des sites qui utilisent la même stratégie : ils affichent un prix qui les fait paraître plus abordables qu’un concurrent, mais la réalité, c’est qu’ils cachent des frais. Les clients doivent franchir trois étapes avant de connaître le coût réel de leur réservation », souligne Me Bruno Grenier, un des avocats du demandeur.
M. Mihoubi estime avoir été floué à au moins deux reprises dans les dernières années. En août 2018, il a réservé un hôtel à Orlando, en Floride, à partir du site Internet priceline.com. Le prix annoncé n’incluait toutefois pas des frais de service de 11,73 $.
Puis, en octobre 2019, toujours sur priceline.com, il a réservé une chambre à Montréal pour héberger des amis en visite.
Une fois de plus, le prix annoncé n’incluait pas des frais de 25,53 $. Il a constaté que l’écart entre le prix annoncé et le prix exigé peut atteindre jusqu’à 30 % sur les sites visés par sa requête.
« Tout le monde utilise ces sites-là. Ça demande quand même du travail, parce qu’on compare les prix entre différents sites et, une fois qu’on a fait notre choix, on se rend compte que le prix affiché est loin d’être le montant qu’on va réellement payer. C’est abusif. Les gens vont souvent se résoudre à payer parce qu’ils n’ont pas envie de recommencer leurs recherches à zéro », souligne M. Mihoubi.
Le Montréalais a donc décidé de se tourner vers les tribunaux pour obtenir le remboursement des sommes dépassant le prix annoncé ainsi que l’octroi de dommages punitifs.
Il souhaite agir à titre de représentant de l’action en justice au nom de tous les consommateurs qui ont réservé, à partir du Québec, un hébergement par Internet et qui se sont retrouvés dans la même situation que lui depuis janvier 2017.
Au moment où ces lignes étaient écrites, aucun des responsables des 13 sites Internet n’avait donné suite à nos demandes d’entrevue.
Récemment, la multinationale du partage de logements entre particuliers Airbnb a accepté une entente dans le cadre d’une action collective similaire.