Bien-être et réussite: un lien étroit

Ce texte fait partie du cahier spécial Infopresse (culture d'entreprise)
Quelles sont les clés pour se développer et s’épanouir sur le plan tant professionnel que personnel ? Entrevue avec la psychologue Rose-Marie Charest.
À quel point le fait de mieux se connaître joue-t-il un rôle important dans la réussite ?
La réussite est d’autant plus bénéfique pour l’individu qu’elle lui permet de se réaliser. L’appréciation des autres est précieuse, mais ne suffit pas. Il faut se reconnaître et s’aimer davantage au travers de nos réalisations. Or, pour se reconnaître, il faut d’abord se connaître : nos talents, mais aussi ce qu’on croit, ce qu’on ressent, ce qu’on souhaite véhiculer, ce qui nous fait du bien.
Faut-il s’affirmer et toujours dire ce que l’on pense pour réussir et être bien ?
Il faut savoir s’affirmer pour garder la direction de notre vie. Là aussi, il importe de se connaître pour réellement savoir ce que l’on veut affirmer, au juste. À quoi veut-on dire non, mais à quoi veut-on dire oui, ce qui est tout aussi important. Les gens heureux savent ce qu’ils veulent, pas seulement ce qu’ils ne veulent pas. Et nos relations aux autres nous incitent constamment à faire des choix et à les communiquer. Les personnes passives ne peuvent mener leurs propres projets. Les personnes agressives se retrouvent souvent seules au bout du compte. Les personnes qui s’affirment tracent leur chemin en harmonie avec les autres.
Est-il important d’apprendre à dire non à des projets dans une carrière ?
Au cours d’une carrière, il est possible de se laisser porter par les offres. La personne pourra ainsi avancer, mais ne pas se réaliser. Elle pourra en venir à occuper des postes élevés et valorisés, mais qui ne lui apportent pas satisfaction. Il est difficile de refuser ce qui est vu de l’extérieur comme une progression, mais c’est parfois nécessaire. Certaines personnes ont, au contraire, de la difficulté à profiter des occasions qui leur permettraient de se développer davantage dans le sens de leur projet. Soit elles ont peur d’échouer, soit elles craignent le jugement des autres, qui ne la voient pas encore là. Il faut apprendre à faire le lien entre les circonstances extérieures et nos buts personnels, à visualiser un projet, à tenter de s’y voir, pour ainsi mieux choisir où s’investir.
On dit qu’il faut faire respecter ses valeurs ou rester en accord avec soi-même pour réussir et être heureux. Qu’en pensez-vous ?
L’être humain a besoin d’harmonie et de se sentir en accord avec lui-même. Les contradictions entre ce à quoi on croit et ce qu’on fait, entre nos projets personnels et notre implication actuelle, grugent beaucoup d’énergie. On passe son temps à se justifier, ne serait-ce qu’envers soi-même. De plus, il faut pouvoir compter sur cette grande énergie que nous procure notre motivation intrinsèque, celle qui nous pousse à devenir de plus en plus ce que nous sommes réellement.
Il y a parfois un écart entre ce que l’on pense et ce que l’on fait ou dit au travail et dans la vie. Pourquoi ?
Pour vivre en société, au travail comme ailleurs, chacun ne peut faire tout ce qu’il veut et dire tout ce qui lui passe par la tête. Il est toutefois un élément d’un système auquel il participe activement et sur lequel il peut exercer une influence. Il importe donc d’agir de manière aussi authentique que possible, en respectant les règles formelles et informelles, et en tentant de les modifier au besoin. Toute liberté existe à l’intérieur d’un cadre, mais les cadres sont rarement immuables.
À quel point la relation aux autres et l’ouverture sont-elles essentielles ?
La qualité des relations interpersonnelles est en lien direct avec le bonheur. On ne sait pas si c’est le fait d’être heureux qui rend les relations plus faciles ou l’inverse, mais on sait que chacun peut faire quelque chose pour améliorer ses relations. L’ouverture aux autres signifie être réellement curieux de les connaître, accepter d’être influencé par eux et travailler à maintenir des liens. Or, toute personne qui réussit vous dira qu’elle n’a pu y arriver seule. Si elle a pu compter sur d’autres personnes dans la réalisation de ses projets, c’est qu’elle a su créer et maintenir de bons liens avec elles.
Quels sont vos conseils pour atteindre un équilibre de vie ?
On revient toujours au même thème, l’importance de se connaître, pour faire les choix nécessaires à un certain équilibre. Tout au long de notre vie, nous aurons à composer avec nos différents besoins afin de les satisfaire suffisamment. Le travail peut être très prenant et même euphorisant au point que les autres besoins sont négligés. On devrait prévoir à nos agendas ce qui est nécessaire à notre bien-être physique, psychologique, familial, financier, social, faire des choix réalistes quant aux moyens d’y répondre, passer à l’action, observer l’effet et réviser régulièrement nos choix.
Nous n’aurons jamais trouvé l’équilibre parfait. Nous n’aurons jamais fini de nous connaître, et les nouvelles expériences que nous vivrons nous en apprendront toujours plus sur nous-mêmes. Au-delà de tout, nous devrons toujours faire et refaire nos choix. C’est la seule façon de réussir une vie qui nous ressemble, qui apporte notre couleur aux projets que nous réalisons, et de permettre aux autres d’en bénéficier.
Rose-Marie Charest exerce la psychologie clinique depuis plus de 30 ans. Elle a présidé l’Ordre des psychologues de 1998 à 2015 et commente fréquemment l’actualité dans les médias. Elle est conférencière et formatrice, notamment chez Infopresse, où elle met ses compétences au service des dirigeants, des professionnels et des entreprises.
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