MT Lab: d’incubateur à accélérateur

Ce texte fait partie du cahier spécial Tourisme d'affaires
L’expression « innovation touristique » est loin d’être sur toutes les lèvres. Même les acteurs de cette industrie reconnaissent qu’on pourrait en faire davantage usage.
« L’innovation n’arrivait pas à entrer dans le monde du tourisme depuis un bon moment, souligne Martin Lessard, directeur général de MT Lab. Comme dans beaucoup d’industries, celle du tourisme cherchait des solutions en son sein même », reconnaît Robert Mercure, président-directeur général du Palais des congrès de Montréal. Il fallait casser le moule.
Une des solutions a germé à Paris en 2015 lors du Welcome City Lab, un incubateur de start-ups en tourisme, une initiative qui a ébloui Tourisme Montréal ainsi que l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Un tel concept était-il exportable au Québec ? Ce fut la tâche de Martin Lessard, ancien consultant en stratégies pour le Web et chroniqueur techno, de démontrer la faisabilité du projet. Il fut d’ailleurs si convaincant que les premiers partenaires à avoir investi dans ce qui était alors une idée un peu floue l’ont persuadé d’en être à sa tête.
S’il fut d’abord surpris par une telle proposition, sa nomination tombait sous le sens, permettant de créer des ponts, sans a priori, entre un monde « tricoté serré » et des jeunes pousses qui n’avaient parfois aucune idée de ce qu’elles pouvaient apporter à l’univers du tourisme. Plutôt que « chacune reste dans son coin à faire des appels » de son côté, MT Lab propose à dix d’entre elles d’avoir accès pendant un an aux gros acteurs du monde du tourisme, dont Aéroport de Montréal, Air Canada, Air Transat, Loto-Québec ou la SEPAQ, pour proposer des solutions innovantes à leurs activités et à leurs clientèles.
Pour Martin Lessard, une meilleure connaissance du milieu constitue un gage de succès pour les entreprises émergentes. Depuis 2017, « on leur donne le temps de réfléchir, de se recentrer, de modifier leur produit pour être en phase avec les besoins de l’industrie, et ensuite expérimenter. » Celui qui rêve à l’arrivée « de 100 à 150 compagnies innovantes en tourisme » dans quelques années voit MT Lab comme un accélérateur d’entreprises bien plus que comme un incubateur.
Ouvrir les portes du palais
La vision de Robert Mercure à son arrivée à la tête du Palais des congrès en 2018 était claire : faire de ce lieu « une vitrine de la créativité montréalaise ». Et les start-ups associées à MT Lab « présentent des solutions uniques qui n’existent pas sur le marché », ainsi que des outils pour se démarquer dans un environnement hautement compétitif « où nous subissons tous une forte pression pour nous réinventer ».
À l’heure où les centres des congrès ne peuvent plus se réduire à n’être que de simples fournisseurs d’espaces, les protégés de MT Lab tentent d’apporter leur singulière contribution. Robert Mercure a d’ailleurs craqué pour plusieurs d’entre elles, comme Stay 22, spécialisée en réservation et en géolocalisation d’hébergement, « ce qui nous permet de combiner beaucoup de données sur une seule plateforme », ou Stimulation Déjà Vu, qui développe des créations… olfactives. « C’est tout simplement fascinant, affirme l’ancien directeur du Fairmont Le Château Frontenac de Québec. On ne réalise pas l’effet que cela a sur les congressistes, à quel point certaines odeurs peuvent les calmer ou au contraire les réveiller ! »
En plus du Palais, sept autres partenaires de MT Lab ont flairé la bonne affaire en s’associant à Stimulation Déjà Vu, entreprise qui s’est fait remarquer au Welcome City Lab de Paris, décrochant un partenariat avec les Galeries Lafayette, à la grande joie de Martin Lessard.
Autre coup de cœur : Les Cabinets. Cette entreprise propose de réinventer les toilettes publiques pour rendre inoubliable ce passage obligé ! « Une expérience VIP dans les toilettes, il fallait y penser ! » lance Robert Mercure en rigolant. Cette idée plutôt inusitée illustre aussi la diversité des candidats de MT Lab. « On accole souvent le mot “technologie” aux start-ups, mais l’innovation, c’est aussi offrir aux partenaires quelque chose qu’ils n’ont pas le temps ou les moyens de faire », précise Martin Lessard. Il donne comme exemple La navette nature, un service d’autocars permettant aux touristes, et aux Montréalais sans voiture, de se rendre du centre-ville jusqu’aux plus beaux parcs des Laurentides ou de l’Estrie.
« Apporter de l’innovation en tourisme, ce n’est peut-être pas glamour ni une occasion de faire des milliards, mais 90 % des participants de MT Lab ont fait tout le processus, et certains ont réussi à monter un financement de plus d’un million de dollars », conclut Martin Lessard.
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