Québec dépense moins de 5$ par élève pour l’éducation sexuelle

Alors qu’un nouvel épisode homophobe vient de défrayer la chronique au Québec, la Coalition pour l’éducation à la sexualité presse le gouvernement Legault de déployer plus de ressources pour que l’éducation à la sexualité soit offerte de façon uniforme au Québec.
Or, pour l’instant, c’est 4,73 $ par élève par an que consacre Québec à l’éducation à la sexualité, à raison de 15 heures par année. Un montant et des efforts nettement dérisoires compte tenu de certains chiffres préoccupants.
Dimanche dernier, les médias rapportaient l’agression présumée homophobe subie à La Malbaie par le designer Markantoine Lynch-Boisvert et son amoureux, battus à la sortie d’un bar. Une agression qui s’ajouterait aux 170 crimes haineux homophobes rapportés au Canada chaque année. Au Québec ce chiffre est passé de 12 à 42 entre 2015 et 2017.
Selon la porte-parole de la coalition, Julie Robillard, le gouvernement Legault doit s’assurer que le cours d’éducation à la sexualité soit implanté de façon uniforme dans l’ensemble du Québec et procéder à un sérieux bilan de sa première année de mise en oeuvre.
« On cherche à ce que l’éducation à la sexualité soit inclusive et positive. C’est important que les réalités différentes soient reflétées dans les contenus enseignés. Si, ces notions [homophobie et transphobie] étaient bien intégrées, ça [les agressions] serait moins fréquent », affirme Mme Robillard, également co-coordonnatrice de la Fédération du Québec pour le planning des naissances.
Chiffres alarmants
Les échos parvenus de différentes écoles ces derniers mois font plutôt état d’un programme offert de façon hautement inégale, et selon le bon vouloir des professeurs, dit celle qui rappelle que 66 % des personnes de la diversité sexuelle LGBTQ + et le tiers des élèves hétérosexuels subissent des agressions ou des insultes homophobes en milieu scolaire. Plus encore, 95 % des jeunes trans disent ne pas se sentir en sécurité en classe.
D’autres chiffres alarmants soulignent l’urgence de rendre l’éducation à la sexualité accessible à l’ensemble des élèves. Depuis 2008, les cas déclarés d’infection à chlamydia ont doublé chez les 15 à 24 ans et le nombre d’agressions sexuelles subies par les filles de 12 à 14 ans, parmi lesquelles les filles racisées ou autochtones sont surreprésentées, a augmenté.
Les jeunes filles en situation de handicap, elles, sont tout simplement exclues de l’éducation à la sexualité, déplore la porte-parole de cette coalition parapluie englobant une centaine d’organismes communautaires.
Le programme d’éducation à la sexualité du ministère de l’Éducation survole la notion des stéréotypes sexuels dès la première année du primaire. Mais ce n’est qu’à partir de la 6e année que les notions d’homophobie, de transphobie et de respect de la diversité sont clairement abordées en classe, selon les informations diffusées sur le site du ministère.