Les agents frontaliers bientôt équipés de matraques et de gilets pare-balles

L’équipement obligatoire comprend des matraques, un vaporisateur de gaz poivré et un gilet pare-balles.
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) obligera bientôt tous ses agents travaillant avec des migrants en détention à porter un équipement de protection, suscitant de nombreuses craintes quant à la prétendue « criminalisation » des demandeurs d’asile.
L’équipement obligatoire comprend des matraques, un vaporisateur de gaz poivré, un gilet pare-balles, mais pas d’armes à feu. La politique nationale a été adoptée à l’interne l’année dernière après que l’ASFC eut commencé à transférer dans l’un des trois centres de détention de l’Agence ceux qu’elle juge comme des détenus migrants représentant un risque élevé pour la sécurité publique. Auparavant, ces personnes étaient détenues dans des prisons provinciales.
Selon des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, l’agence a décidé que tous les agents travaillant dans ces centres devront être équipés d’un équipement de protection afin d’assurer une approche opérationnelle commune.
« Cela nécessitera une plus grande présence des agents de l’ASFC dans la gestion de la population de détenus dans les Centres de surveillance de l’immigration (CSI), qui devront avoir la capacité de désamorcer et d’intervenir physiquement si nécessaire, indique la note d’information. Le fait de veiller à ce que les agents d’exécution de la loi dans les bureaux intérieurs portent leur équipement de défense leur permettra de se protéger et de se défendre tout en protégeant les autres, si nécessaire, dans les CSI. »
Inquiétudes
Un groupe de médecins, d’avocats, de juristes et d’organisations de défense des droits de la personne a demandé, en vain, au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, d’annuler cette politique.
Le syndicat représentant les agents de sécurité a aussi exprimé des craintes. Il s’inquiète notamment des risques accrus liés à la présence d’armes en cas de situation à haut risque ou si un affrontement se produisait.
La décision d’équiper les agents travaillant dans les centres de détention pour migrants a été prise « pour assurer une harmonisation nationale des normes de l’ASFC de ses opérations et elle est conforme aux pratiques mises en oeuvre à l’échelle nationale et internationale en matière de détention », a déclaré une porte-parole de l’ASFC, Rebecca Purdy, par communiqué. Devant les inquiétudes soulevées par les groupes de défenses des droits de la personne et le syndicat des agents frontaliers, Mme Purdy a soutenu que l’ASFC « veille à ce qu’un équilibre soit trouvé entre la sécurité et la sûreté des agents et des autres détenus ».
Au Canada, les demandeurs d’asile peuvent être détenus pour un certain nombre de raisons, notamment si les agents de l’ASFC ont des raisons de croire qu’il leur sera interdit de rester au pays pour des raisons de sécurité, de criminalité ou de cas de violation des droits de la personne.
Un migrant peut également être détenu simplement si un agent de l’ASFC croit que la personne pourrait ne pas se présenter à l’audience de détermination du statut de réfugié. C’était le cas, l’an dernier, de 81 % des migrants détenus au pays, selon Ottawa.