La belle-mère de la fillette martyrisée de Granby accusée de meurtre non prémédité

La mort de la fillette, fin avril, avait secoué tout le Québec.
Photo: Paul Chiasson Archives La Presse canadienne La mort de la fillette, fin avril, avait secoué tout le Québec.

Journée d’anniversaire brutale pour la belle-mère de la fillette de sept ans décédée dans des circonstances troublantes le 30 avril dernier.

La dame, qui a eu 36 ans vendredi, fait désormais face à une accusation beaucoup plus grave de meurtre non prémédité qui s’est ajoutée, vendredi, aux chefs de séquestration et de voies de fait graves qui pesaient déjà contre elle.

La jeune femme, toujours cachée derrière son épaisse chevelure, a fait une brève apparition devant le juge Serge Champoux de la Cour du Québec et n’a pas bronché lorsque l’acte d’accusation a été présenté devant une salle remplie au maximum de sa capacité au palais de justice de Granby.

Le père de l’enfant, quant à lui, a vu son dossier alourdi d’une accusation de négligence criminelle ayant causé la mort.

L’homme de 30 ans faisait déjà face à une accusation de séquestration, une d’avoir omis de fournir les choses essentielles à la vie et une autre d’abandon d’enfant. Dans son cas, ces deux dernières accusations avaient été déposées lors de son enquête sur remise en liberté provisoire, liberté qui lui a été refusée par le juge Serge Champoux.

Rapport d’autopsie

Les deux nouvelles accusations, qui portent des peines maximales de prison à perpétuité, ont été rendues possibles par de nouveaux éléments de preuve que le ministère public attendait depuis un certain temps.

« Depuis la dernière date, nous avons reçu des rapports, notamment d’autopsie, afin de pouvoir prendre nos décisions finales quant à la responsabilité des deux individus », a expliqué la procureure de la Couronne, Me Laurence Bélanger.

Bien que la Couronne ne prévoit pas porter de nouvelles accusations, Me Bélanger n’a pas fermé la porte pour autant : « On garde toujours une ouverture d’esprit. S’il y a des éléments qui nous sont soumis, on va toujours évaluer l’ensemble de la preuve qui va nous être soumis, mais pour l’instant on considère avoir pris nos décisions suite à la réception d’un dossier complet. »

D’ailleurs, Me Bélanger a indiqué que les accusations de séquestration et de voies de fait graves, devenues secondaires à la suite du dépôt de l’accusation de meurtre, pourraient être abandonnées éventuellement, même si aucune décision n’a été prise en ce sens.

« Il y aura des réflexions à entreprendre sur le sort à réserver au deuxième dossier, celui de séquestration et de voies de fait graves, compte tenu du dossier plus important de meurtre », a-t-elle confié.

Renversement du fardeau de preuve

 

Le père a échoué dans sa tentative de recouvrer sa liberté après en avoir fait la demande en Cour du Québec, mais dans le cas de la belle-mère, l’accusation de meurtre implique automatiquement sa détention et, si elle souhaite demander une remise en liberté provisoire, elle devra s’adresser à la Cour supérieure.

Ainsi, contrairement à son conjoint, « ce n’est pas au ministère public de démontrer qu’il est nécessaire de détenir Madame ; par contre elle doit démontrer que ce n’est pas nécessaire de la détenir », a expliqué Me Bélanger.

Encore une fois, le juge Champoux a rappelé aux nombreux curieux dans la salle que l’ordonnance de non-publication visant l’identité de l’enfant, des parents et de toute autre personne impliquée ne s’appliquait pas qu’aux journalistes, mais à toute la population et que ces informations ne devaient pas être transmises sur internet ou tout autre média de communication.

« Les gens qui communiquent ces renseignements s’exposent à des poursuites criminelles », a averti le magistrat.

Onde de choc provinciale

 

La petite fille est morte à l’hôpital peu de temps après la première comparution du couple devant le tribunal, le lendemain du jour où elle a été retrouvée, mal en point, le 29 avril, dans la résidence familiale.

Son décès a provoqué une onde de choc à travers la province, entraînant la création d’une commission spéciale chargée de se pencher sur l’ensemble du système de protection de la jeunesse au Québec.

Localement, l’affaire est suivie de près par de nombreuses personnes et a profondément touché la population granbyenne.

Les entrées du palais de justice de Granby sont ornées de peluches en mémoire de la fillette et on peut y apercevoir plusieurs petites affiches dont une, où l’on peut lire : « Justice pour la petite martyre ».

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