La légalisation du cannabis n’a pas fait exploser sa consommation

Il va falloir revoir ses idées reçues. Non, la légalisation du cannabis n’a pas fait exploser la consommation de cette drogue au Canada, en général et au Québec en particulier, indique les plus récents chiffres de Statistique Canada. Le gardien fédéral du chiffre établit à 15,4 % le nombre de consommateurs de cette substance psychotrope dans les trois derniers mois de l’année dernière, soit autant qu’avant la légalisation, précise-t-il.
Les données du quatrième trimestre de 2018 de l’Enquête nationale sur le cannabis, dévoilées ce matin, confirment également que c’est au Québec que les consommateurs âgés de 15 ans et plus sont les moins nombreux : 13,6 %, soit la proportion la plus faible d’un océan à l’autre.
La fin de 95 ans de prohibition n’a eu aucun effet sur les personnes qui n’en ont jamais consommé et qui, dans une proportion massive de 98 %, ont indiqué qu’ils n’en consommeraient pas plus dans les trois prochains mois suivant le moment de l’enquête, menée entre mi-novembre et mi-décembre dans un bassin de 5600 Canadiens. 30 % des répondants se disant d’anciens consommateurs ont déclaré par ailleurs ne pas être en contact avec cette substance au moment de l’enquête.
Dans l’ensemble, 19 % des Canadiens ont dit qu’ils allaient s’exposer au cannabis d’ici la mi-février ou la mi-mars, soit 4 points de pourcentage de plus qu’au moment de l’enquête. Une très mince augmentation anticipée. Le portrait dressé par Statistique Canada indique également qu’un tiers des consommateurs de cannabis le font à des fins récréatives. Les autres s’y adonnent pour des raisons médicales, avec un document médical ou pas.
Les adeptes du cannabis sont plus présents chez les hommes (19 %) que chez les femmes (11 %).
Les résultats de l’enquête mettent également des chiffres sur la lente structuration du marché légal du cannabis en indiquant que 40 % des consommateurs sont passés par les réseaux légaux pour s’approvisionner, soit un peu moins que ceux qui ont toujours recours à des fournisseurs illégaux (43 %). Rappelons que ces réseaux font face à des ruptures de stock récurrentes en raison d’une production légale qui n’a pas totalement adapté son approvisionnement et ses capacités à la demande.
Par ailleurs, le cannabis reste une histoire d’amis ou de famille chez 38,7 % des répondants qui ont dit y avoir eu accès par cette voie. Un tiers des consommateurs de cannabis affirme d’ailleurs que cette drogue ne leur a rien coûté, même si 8 % reconnaissent en faire pousser chez eux. Cette pratique est illégale au Québec, malgré l’ouverture du fédéral sur cette question.