Des événements pour commémorer les deux ans de l’attentat à la mosquée de Québec

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a dévoilé mardi le mémorial qui rendra hommage aux victimes de l’attentat à la grande mosquée de Québec, survenu il y a deux ans jour pour jour.
Le 29 janvier 2017, en soirée, un tireur avait ouvert le feu dans le Centre culturel islamique de Québec, faisant six victimes et 19 blessés.
Mamadou Tanou Barry, Ibrahima Barry, Khaled Belkacemi, Abdelkrim Hassane, Azzeddine Soufiane et Aboubaker Thabti ont perdu la vie lors de l’attentat. Ils ont laissé derrière eux leurs femmes et 17 orphelins.
Mardi après-midi, le maire Labeaume a participé au dévoilement de la maquette d’une oeuvre en hommage aux victimes, en compagnie du président du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah.
Intitulé « Vivre ensemble », le mémorial conçu par l’artiste Luce Pelletier sera installé de part et d’autre de la route de l’Église, au coeur de Sainte-Foy : à l’entrée de la grande mosquée de Québec et en face, au site patrimonial de la Visitation.
L’oeuvre doit faire le pont, symboliquement, entre la mosquée et l’église, entre la communauté musulmane et la société québécoise.
À l’ouest, près de la mosquée, les noms des six victimes seront gravés sur trois pavés de pierre à base carrée, au-dessus desquels flotteront six feuilles d’arbres surdimensionnées.
Chaque feuille en aluminium sera ajourée d’après un motif rappelant l’ornementation traditionnelle des pays d’origine des victimes, soit le Maroc, la Guinée, la Tunisie et l’Algérie.
Côté est, au site patrimonial de la Visitation, l’aménagement sera composé d’un dallage circulaire avec un motif d’inspiration fléché, rappelant les traditions québécoises.
On y retrouvera un arbre et trois bancs cubiques en pierre sur lesquels seront encastrées des feuilles d’érable et d’orme.
Selon l’artiste, l’arbre s’est vite imposé comme thème, car il représente « le cycle de la vie et la force de la nature résiliente ».
Elle a rappelé que peu après l’attentat, des offrandes avaient été déposées spontanément au pied de l’orme du côté de l’ancienne église.
L’oeuvre, qui sera officiellement inaugurée le 29 janvier 2020, se veut apaisante, a-t-elle indiqué.
« À défaut de pouvoir effacer cette terrible journée, nous pouvons rendre hommage aux victimes, pour dire que nous pensons encore à elles et qu’à Québec on sait vivre ensemble », a déclaré pour sa part le maire Labeaume.
« La violence peut et doit se convertir en amitié, en bonté et en reconnaissance, a ajouté M. Benabdallah, visiblement ému. C’est la signification de ce mémorial. »
« Comme si ça c’était passé cette semaine »
Appelé à commenter l’oeuvre, Saïd Akjour, un des blessés dans l’attentat au Centre culturel islamique, a dit aimer les feuilles aux motifs variés, inspirés des pays d’origine des victimes.
« Ça rappelle tout ce qu’ils ont porté de positif, c’est un hommage à eux », a-t-il déclaré.
Philosophe, il croit que la composition artistique invite à se tourner vers l’avenir, même si cela demeure difficile.
Le deuil n’est pas « une ligne droite », a-t-il confié. « Il y a des hauts et des bas, mais dans des rassemblements comme ça avec les gens, c’est rassurant, c’est réconfortant.
« C’est un sentiment mitigé », résume celui qui a reçu une balle à l’épaule le soir de la tuerie.
« Même si ça fait deux ans, c’est comme si ça c’était passé cette semaine, confie-t-il. Tout est là, la perte est là. »
Soirée commémorative
En soirée, un rassemblement aura lieu au pavillon Alphonse-Desjardins de l’Université Laval, en présence du premier ministre du Québec, François Legault.
L’an dernier, les commémorations s’étaient étalées sur quatre jours et avaient culminé par un rassemblement extérieur auquel avaient participé des centaines de personnes, dont tous les chefs des partis politiques fédéraux et provinciaux.
Le tireur, Alexandre Bissonnette, a plaidé coupable aux six accusations de meurtre au premier degré et aux six chefs de tentatives de meurtre avec une arme à feu à autorisation restreinte qui pesaient contre lui. Il pourrait faire face à 150 ans de prison.
Sa peine sera prononcée le 8 février.