Tuerie de la mosquée de Québec: une veuve et ses enfants reconnus comme victimes

Le deuxième anniversaire de l’attentat, commémoré mardi, coïncidera avec la fin du délai pour soumettre une demande à l’IVAC.
Photo: Francis Vachon Le Devoir Le deuxième anniversaire de l’attentat, commémoré mardi, coïncidera avec la fin du délai pour soumettre une demande à l’IVAC.

À l’approche du triste anniversaire de l’attentat contre la grande mosquée de Québec, une veuve a obtenu gain de cause face au régime d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC).

Après deux refus, l’IVAC a finalement reconnu Khadija Thabti et ses deux enfants, âgés de 5 et 13 ans, en tant que victimes de cette fusillade, qui a coûté la vie au conjoint de Mme Thabti.

L’avocat de la famille, Marc Bellemare, précise que la ministre de la Justice, Sonia Lebel, est intervenue dans ce dossier vendredi, à quelques jours du procès qui devait s’amorcer devant le Tribunal administratif du Québec

Khadija Thabti pourra finalement être indemnisée pour sa perte de revenus et obtenir des traitements psychologiques aussi longtemps que nécessaire, tout en étant remboursée pour ses frais de déplacement.

 

« Être reconnu comme victime, ça change tout », souligne Me Bellemare.

Il reproche à l’IVAC de parfois refuser des prestations sous prétexte que le demandeur n’était pas sur place au moment du crime, un motif qui est, selon lui, « ridicule et contraire à la loi ».

« La loi exige que la personne ait subi un choc mental à l’occasion d’un acte criminel. Donc, la personne peut l’avoir subi en arrivant précipitamment sur les lieux du crime, en étant confrontée à des images d’horreur, en étant inquiète que la sécurité d’un proche ait été menacée, illustre-t-il. C’est ça, un stress post-traumatique : t’es pas obligé d’être là quand la balle sort du fusil ! »

Être reconnu comme victime, ça change tout

Un changement de mentalité est selon lui de mise du côté de l’IVAC, qui relève de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.

Certaines victimes se retrouvent sans ressources pour se battre et voient leur guérison compromise, fait valoir l’ex-ministre de la Justice.

« On joue avec les nerfs des gens, s’indigne-t-il. Ça complexifie la thérapie, ça crée énormément d’insécurité, les dettes s’accumulent. »

Le deuxième anniversaire de l’attentat, commémoré mardi, coïncidera avec la fin du délai pour soumettre une demande à l’IVAC.

Me Bellemare tend donc la main aux membres de la communauté musulmane de Québec, qui s’étaient précipités en grand nombre sur les lieux de l’attentat. Il s’engage à traiter de manière pro bono les dossiers d’autres personnes marquées par ce drame.

Et il ne serait pas surpris qu’elles soient nombreuses à avoir négligé de se manifester.

« Souvent, les victimes sont démolies, rappelle-t-il. Pour elles, c’est souvent un fardeau que de réclamer, de s’embarquer dans des procédures avec des fonctionnaires qui ne comprennent pas. »

Aboubaker Thabti figure parmi les six fidèles tombés sous les balles d’un tireur durant la prière du soir, le 29 janvier 2017.

Baisse des incidents haineux

Québec — Trois fois moins d’événements haineux ont été rapportés à la police de Québec en 2018 par rapport à l’année précédente, un renversement de tendance puisque leur nombre avait bondi dans la foulée de l’attentat à la grande mosquée. Le nombre de signalements pour des incidents haineux était passé de 58 en 2016 à 79 en 2017. La situation s’est toutefois calmée en 2018 avec 27 événements haineux rapportés à la police de la Vieille Capitale.


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