La mission de David Saint-Jacques en chiffres

L’astronaute québécois David Saint-Jacques envoie un baiser lors de la conférence de presse à la base de Baïkonour, au Kazakhstan.
Photo: Kirill Kudryavtsev Agence France-Presse L’astronaute québécois David Saint-Jacques envoie un baiser lors de la conférence de presse à la base de Baïkonour, au Kazakhstan.

Malgré le décollage raté d’octobre dernier, la confiance de David Saint-Jacques envers l’immense équipe qui assure sa sécurité semble inébranlable. La mission à laquelle participe le Québécois débute aujourd’hui dans les steppes arides du Kazakhstan, d’où une fusée Soyouz décollera en direction de la Station spatiale internationale. Le Devoir vous propose un survol de l’Expédition 58 en quelques chiffres.

6 h 31  Si tout va comme prévu, la fusée Soyouz décollera du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan, à 6 h 31, heure de Montréal. Neuf minutes après le lancement, l’agence spatiale russe saura combien de temps il faudra à la fusée pour rejoindre la Station spatiale internationale (SSI). Dans le scénario idéal, l’appareil piloté par le commandant russe Oleg Kononenko fera quatre fois le tour de la Terre en six heures avant d’atteindre sa destination. Sinon, il devra réaliser 34 orbites en deux jours pour rattraper la SSI, qui file à toute allure dans l’espace. « David est dans un état très calme, il est extrêmement concentré sur l’expérience qui s’en vient et il se considère extrêmement choyé de pouvoir y participer », relatait dimanche après-midi au Devoir Marie-Andrée Malouin, une porte-parole de l’Agence spatiale canadienne.

14  Nombre de jours que les trois membres de l’équipage de la fusée, qui compte aussi l’astronaute américaine Anne McClain, ont passé en quarantaine à Baïkonour, avant leur départ. Toutes les précautions sont prises pour éviter qu’un virus monte à bord clandestinement… Quelques heures avant leur départ, les voyageurs spatiaux ont salué leurs proches, et ont été bénis par un prêtre orthodoxe, à travers une fenêtre.

140e  Les fusées russes Soyouz en seront à leur 140e mission habitée. Le programme Soyouz (qui signifie « union », en russe) a démarré dans les années 1960 en pleine course à l’espace. Depuis l’abandon des navettes spatiales américaines, en 2011, les fusées Soyouz sont le seul véhicule qui permet de transporter des passagers vers la SSI. Toutefois, cela devrait changer bientôt. Dès l’an prochain, la NASA va confier le transport des astronautes vers la SSI à des entreprises privées. David Saint-Jacques pourrait donc être le dernier Canadien à s’envoler vers l’astre de la nuit à bord d’une Soyouz.

8300 km/h  La fusée qui transportera le trio atteindra cette vitesse quand le premier étage de la fusée — composé essentiellement de quatre énormes réacteurs — aura épuisé ses réserves de kérosène et d’oxygène liquide. Il aura fallu environ deux minutes à la Soyouz pour compléter cette première étape. À ce moment, la fusée sera encore en pleine phase d’ascension. Toutefois, petit à petit, elle adoptera une trajectoire plus horizontale et se mettra en orbite autour de la Terre. L’appareil atteindra finalement une vitesse frôlant les 30 000 km/h afin de s’approcher tout en douceur de la Station spatiale internationale.

9e  David Saint-Jacques deviendra aujourd’hui le 9e astronaute canadien à aller dans l’espace depuis que l’Agence spatiale canadienne a amorcé son programme, en 1983. Julie Payette, ex-astronaute et maintenant gouverneure générale du Canada, assistera d’ailleurs au décollage à Baïkonour. M. Saint-Jacques a été recruté en 2009 par l’Agence spatiale canadienne pour aller suivre une formation de deux ans à Houston, au Texas. Depuis ce temps, il a participé à plusieurs expéditions de glaciologie, de spéléologie ou de géologie. La mission d’aujourd’hui sera sa première sortie dans l’espace.

3000  La SSI effectuera plus de 3000 orbites autour de la Terre pendant les six mois et demi que David Saint-Jacques y vivra. Médecin de bord et copilote, l’homme né à Saint-Lambert en 1970 participera aussi à plusieurs expériences pour évaluer les effets de l’apesanteur sur le corps humain. Son système cardiovasculaire et sa moelle osseuse seront auscultés afin d’évaluer leur état en l’absence de gravité. Une autre expérience menée à bord s’intéressera à la manière dont le cerveau s’y prend pour s’orienter spatialement en l’absence de pesanteur. « On va aussi mettre en application le biomoniteur, qui permettra de prendre des données directes sur la santé des astronautes plutôt que de devoir ramener des échantillons sur Terre », indique Mme Malouin. Ces résultats pourraient servir à préparer un éventuel voyage sur Mars.

80  La NASA paie 80 millions $US à l’agence spatiale russe, Roscosmos, pour chaque astronaute qu’elle envoie dans l’espace à bord d’une fusée Soyouz. Les frais sont ensuite partagés entre les différents États qui contribuent à la Station spatiale internationale. En proposant des vols avec des fusées réutilisables, SpaceX et Boeing comptent offrir des prix plus avantageux à la NASA. Les deux firmes se sont engagées auprès de l’agence américaine à organiser six missions habitées vers la SSI d’ici 2024.

Observez la Station spatiale internationale

La Station spatiale internationale (SSI) sera visible dans la majorité du sud du Canada aujourd’hui.

À Montréal, elle sera visible entre 17 h 20 et 17 h 25.

La SSI, cet immense laboratoire scientifique, orbite la Terre à environ 400 km d’altitude et est visible à l’œil nu. Elle est généralement l’objet le plus brillant dans le ciel nocturne, après la Lune. Assez brillant pour être observé en milieu urbain.

Pour la reconnaître, il suffit de repérer un gros point un gros point blanc qui se déplace assez rapidement, toujours dans la même direction. À noter que, contrairement aux avions, la SSI n’a pas de feux clignotants.


 

Une version précédente de cet article, qui indiquait que David Saint-Jacques deviendra le 8e astronaute canadien à aller dans l’espace, a été corrigée. Il deviendra le 9e.

Le lancement de la fusée, prévu à 6 h 31, sera diffusé en direct sur toutes les plateformes numériques du Devoir. Si la fusée emprunte la trajectoire la plus courte vers la SSI, elle devrait arriver à destination vers 12 h 36, heure de Montréal.


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