L’UdeM divisée sur le traitement des plaintes pour violences sexuelles

Le processus de traitement des plaintes pour violences sexuelles divise toujours les professeurs, les étudiants et la direction de l’Université de Montréal à quelques semaines de la date butoir pour l’adoption de la politique pour prévenir et combattre les violences à caractère sexuel sur les campus.
Enlisé dans la convention collective du corps professoral, le processus de plainte sème la discorde dans les couloirs de l’Université de Montréal où tous les camps s’accusent de faire de la politique sur le dos des victimes de violences sexuelles depuis plusieurs semaines.
Lundi, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM) a publié une vidéo où elle accuse le syndicat des professeurs de censurer la communauté étudiante en refusant que les plaintes soient traitées par la direction de l’établissement universitaire.
Cette nouvelle offensive de l’association, qui représente 40 000 étudiants, s’inscrit dans le cadre de sa campagne « Omerta à l’UdeM », lancée dans la foulée du premier anniversaire du mouvement de dénonciation #MoiAussi, en octobre.
« Ça ne devrait pas être un conflit. La direction de l’université a décidé de se servir des violences sexuelles pour négocier notre convention collective, et les étudiants se sont immiscés dans le dossier », déplore Jean Portugais, président du Syndicat général des professeurs de l’Université de Montréal (SGPUM).
Actuellement, la direction et le syndicat des professeurs ne s’entendent pas sur la composition du comité de discipline qui traitera les plaintes en matière de violences sexuelles. Jusqu’à présent, celles qui impliquent un professeur étaient traitées par un comité composé uniquement de pairs.
« On a proposé de résoudre le problème en se dotant d’un comité autonome, mais ils ne veulent pas. Ce qu’ils veulent, c’est le plein pouvoir sur la discipline », dit M. Portugais.
L’Université de Montréal estime qu’il est temps de mettre fin au système à deux vitesses.
« La procédure appliquée dans le traitement d’une plainte envers les professeurs n’est pas le même que celui pour tous les autres employés de l’Université de Montréal, et ce n’est pas acceptable », fait valoir Geneviève O’Meara, porte-parole de l’Université.
Selon elle, tout ce qui concerne la discipline des employés de l’établissement scolaire doit être soumis au même processus de traitement. D’ailleurs, les chargés de cours de l’Université de Montréal ont tenu lundi à prendre leurs distances des positions du syndicat des professeurs.
« À l’exception du Syndicat général des professeurs, tous les syndicats et associations de l’Université de Montréal sont d’avis que les vols, le harcèlement et les agressions doivent faire l’objet d’un processus disciplinaire identique pour tous les membres de la communauté universitaire […] nous sommessurpris, et même attristés, qu’une discussion aussi fondamentale ne puisse avoir lieu dans les forums prévus au sein de l’Université », indique le syndicat qui représente 2500 chargés de cours.
Le syndicat a intenté un recours auprès du Tribunal administratif du travail accusant l’Université de Montréal d’entrave à la négociation en se positionnant publiquement sur la question. L’audience est prévue mercredi.
Toujours cette semaine, les professeurs seront appelés à voter sur l’offre déposée par l’Université de Montréal pour leur convention collective.
La direction de l’Université de Montréal est sûre de pouvoir instaurer sa politique pour combattre et prévenir les violences sexuelles avant le 1er janvier 2019.