Vivre grâce aux dons et au bénévolat

Photo: Catherine Legault Le Devoir Des musiciens lors d’une cérémonie de la Chapelle

Les églises évangéliques ont beau gagner en popularité, notamment auprès des jeunes au Québec, l’argent ne tombe pas du ciel. Sans vendre de biens ou de services pour en récolter des profits, comment ces églises réussissent-elles à survivre ?

Location de salles, salaires des employés, organisation d’événements : tout a un coût. Et ces dépenses ne pourraient s’effectuer sans la générosité des fidèles qui donnent chaque année, parfois sans compter.

L’Église la Chapelle, basée à Montréal, est ainsi loin de faire faillite. Pour l’année 2017, elle a déclaré à Revenu Canada un revenu total de 2 130 948 $, dont les trois quarts proviendraient essentiellement de dons pour lesquels l’organisme a remis un reçu pour crédit d’impôt. Des sommes qui lui permettent de rémunérer une équipe d’employés — de 11 à 25 personnes selon la déclaration de revenus —, pour une somme s’élevant à 876 641 $ en 2017. Les autres principales dépenses sont les activités de bienfaisance (805 431 $), ou encore les coûts d’occupation (264 032 $).

Contrairement à d’autres organisations religieuses, l’Église la Chapelle ne possède pas de lieu de culte, mais loue des salles à plusieurs endroits. Impossible de connaître les sommes versées par l’organisme aux propriétaires de salles, qui affirment que ces ententes sont d’« ordre privé », et donc « confidentielles ». Au moment où ces lignes étaient écrites, la Chapelle n’avait pas répondu aux appels du Devoir sur cette question.

2 millions
En 2017, l’Église la Chapelle a déclaré un revenu de 2 130 948 $, dont les trois quarts proviendraient de dons pour lesquels l’organisme a remis un reçu pour crédit d’impôt. 

« Ces coûts d’occupation sont vraiment importants, c’est à se questionner sur la rentabilité de ce modèle d’église qui ne veut pas de locaux, mais préfère en louer », constate de son côté Frédéric Dejean, professeur en sciences des religions à l’UQAM. D’autant plus que la loi québécoise prévoit une exemption de taxes municipales, incluant la taxe foncière, pour les lieux de culte. D’après la Commission municipale du Québec, la Chapelle n’aurait jamais fait de demande en ce sens. Mais l’Église est inscrite au fichier des organismes de bienfaisance enregistrés (OBE), ce qui lui permet, sur le plan fiscal, de remettre des reçus pour les dons recueillis et d’être exonérée d’impôt sur le revenu.

Aucune cotisation obligatoire

 

En plus de ses employés, la Chapelle compte environ 450 bénévoles qui n’ont « aucune cotisation obligatoire à payer afin d’adhérer à l’Église », précise Julie Desrochers, conseillère en communication pour l’organisme religieux. Que ce soit les musiciens et chanteurs sur scène, les artistes à l’origine de nombreux produits dérivés vendus sur place, ou encore ceux qui accueillent les fidèles les dimanches : tous sont bénévoles.

« Il ne faut pas voir ça uniquement comme du travail gratuit. Dans la culture protestante évangélique, les gens doivent être impliqués au sein de leur Église d’une façon ou d’une autre. […] Ils ont un rôle au sein de la communauté et doivent ressentir qu’ils ont un impact sur la pérennisation de l’Église », explique Frédéric Dejean.

Développer le sentiment d’appartenance chez les fidèles permet de compter sur leur aide pour faire fonctionner l’Église, mais aussi de recueillir plus de dons. « C’est évident qu’il y a des cas d’abus parfois, révélés par les médias. Mais pour des personnes très investies dans leur communauté religieuse, qui leur permet d’avoir des activités sociales, c’est normal de donner beaucoup d’argent », fait remarquer Frédéric Dejean.

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