Abus sexuels: une deuxième action collective sera autorisée contre les Clercs de Saint-Viateur

Une deuxième action collective sera intentée contre les Clercs de Saint-Viateur.

Au palais de justice de Montréal, jeudi matin, Me François-David Paré, qui représente les Clercs de Saint-Viateur, a annoncé que la congrégation religieuse ne s’oppose plus au recours.

La juge Chantal Lamarche de la Cour supérieure a donc déclaré qu’elle autoriserait l’action collective. Son jugement écrit sera rendu dans les prochaines semaines.

Toute personne ayant subi une agression sexuelle aux mains d’un religieux ou d’un laïc qui travaillait pour la Congrégation des Clercs de Saint-Viateur, de 1950 à aujourd’hui, peut participer à l’action collective.

Quelque 80 victimes se sont déjà manifestées. Une vingtaine d’agresseurs ont été identifiés jusqu’à maintenant.

« Ce qui est vraiment important maintenant, c’est que les victimes nous contactent », a déclaréMe Virginie Dufresne-Lemire, qui représente les victimes, à la sortie de l’audience d’autorisation de l’action collective.

La première action collective contre les Clercs de Saint-Viateur visait spécifiquement l’Institut Raymond-Dewar à Montréal, qui accueillait des enfants sourds. Un règlement conclu en 2016 a permis à environ 150 victimes d’obtenir 30 millions de dollars.

Cette deuxième action collective ne vise pas une institution en particulier, mais inclut tous les établissements d’enseignement, résidences ou camps d’été dirigés par les Clercs de Saint-Viateur. Parmi ces institutions se trouvent notamment le Collège Bourget, à Rigaud, l’Institut des sourds de Charlesbourg à Québec et le camp Ozanam, en Outaouais.

Les victimes ne sont pas uniquement des pensionnaires de ces institutions. Certaines agressions auraient été commises à l’extérieur des murs des établissements, a précisé Me Dufresne-Lemire.

L’avocate a dit « apprécier » que les Clercs de Saint-Viateur n’aient pas contesté la demande d’autorisation de l’action collective. Elle déplore toutefois que la congrégation refuse pour l’instant de négocier un règlement, ce qui éviterait la tenue d’un procès.

Me Dufresne-Lemire a rappelé que la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié il y a quelques semaines un guide dans lequel est mentionné que les témoignages en cour soumettent les victimes à « de nouveaux traumatismes ».

Au nom d’un policier

L’action collective est menée au nom de Brian Ford, un policier de 49 ans, qui agit à titre de demandeur. Selon la requête déposée en cour, M. Ford a subi plusieurs agressions alors qu’il était pensionnaire au Collège Bourget, de 1981 à 1986. Les premières agressions ont été perpétrées par le père Laurent Madore. Quelques mois plus tard, le jeune garçon décide de se confier au père Jean Pilon, qui l’agresse à son tour. En 2017, lorsqu’un article de journal est publié sur les abus commis par les Clercs de Saint-Viateur, l’épouse de Brian Ford lui demande s’il a subi des agressions. C’est alors que le policier parle pour la première fois des abus qu’il a vécus et qu’il réalise la gravité des gestes commis.

« La Congrégation a permis ou n’a rien fait pour prévenir et empêcher que ses prêtres, frères et/ou employés laïcs commettent les abus sexuels allégués », peut-on lire dans la requête.

Me Dufresne-Lemire croit que plusieurs autres victimes se manifesteront. Une vingtaine de victimes étaient d’ailleurs présentes au palais de justice de Montréal, jeudi matin.

Parmi celles-ci, Léopold Marion, âgé de 73 ans, qui séjournait à l’orphelinat Saint-Georges, à Joliette, durant son enfance. « Un des prêtres nous emmenait dans son bureau au minimum deux fois par année », a-t-il raconté au Devoir.

« Pour nous les orphelins, c’était ça ou la strap. »

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