Ottawa s’invite dans les foyers pour parler cannabis

Pour la plupart des Canadiens, le premier achat de marijuana légale se fera probablement en un clic. Sur la photo, un employé d’un centre ontarien de distribution de cannabis teste la fiabilité du système de lecture du code à barres.
Photo: La Presse canadienne Pour la plupart des Canadiens, le premier achat de marijuana légale se fera probablement en un clic. Sur la photo, un employé d’un centre ontarien de distribution de cannabis teste la fiabilité du système de lecture du code à barres.

Avant même de récolter l’argent de la légalisation du cannabis, Ottawa en dépense. Le gouvernement fédéral vient en effet de consacrer 1,7 million de dollars pour informer l’ensemble des ménages canadiens de l’entrée en vigueur mercredi de la Loi sur le cannabis au pays. Une circulaire a été portée à 14 millions d’adresses dans les derniers jours et résume les changements que le nouveau cadre légal apporte au quotidien.

Alors que la peur s’exprime avec force à l’approche du 17 octobre, Ottawa s’est invité chez l’ensemble des ménages du Canada pour rappeler que sa loi vise « à mieux protéger la santé et la sécurité des Canadiens », à « garder le cannabis hors de la portée des jeunes et les profits hors de la portée des criminels et du crime organisé », peut-on lire sur cette carte, qui détaille de manière simple et dans les deux langues officielles les grandes lignes du changement. Selon les informations obtenues par Le Devoir, le coût de chaque envoi est de 0,123 $ par adresse, selon le tarif en vigueur chez Poste Canada pour un publipostage d’une telle envergure. Le service postal fédéral dessert 15,3 millions d’adresses résidentielles au pays et près d’un million d’adresses commerciales.

Sur cette carte d’information, intitulée « La loi sur le cannabis : voici ce que vous devez savoir », Ottawa y rappelle que l’âge légal pour consommer du cannabis à partir de mercredi est de 18 ans ou plus, selon « votre province ou territoire » et que des « peines sévères » sont prévues par la loi pour « qui vend ou fournit du cannabis à une personne qui n’a pas l’âge légal ». Le document invite les Canadiens à s’informer sur les effets de cette substance sur la santé, à ne pas conduire un véhicule ou aller travailler avec les « facultés affaiblies » par le cannabis, et à conserver le produit « hors de portée » des enfants.

Le gouvernement insiste également sur le fait que, dans le nouveau cadre légal, il va rester « illégal de franchir la frontière canadienne avec du cannabis », que ce soit « pour entrer au pays ou en sortir ». Il précise : « cette règle s’applique à tous les pays, que le cannabis y soit légal ou pas ».

La campagne d’information d’Ottawa a lieu alors que les voix critiques se font de plus en plus entendre à l’approche du 17 octobre. Lundi, l’opposition a une fois de plus accusé Justin Trudeau d’aller trop vite, et ce, en pelletant par surcroît ses responsabilités sur le territoire des provinces. « C’est très préoccupant, ce que l’on risque de voir dans les prochaines semaines, les prochains mois, d’après moi, au Canada », a indiqué en conférence de presse, lundi, le lieutenant politique québécois du Parti conservateur, Alain Rayes. Selon lui, les acteurs concernés de près comme de loin par l’entrée en vigueur de cette loi, dont les municipalités, les corps policiers et les médecins, ont unanimement signalé qu’ils « n’ont pas eu le temps nécessaire » pour se préparer, a rapporté La Presse canadienne.

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a reproché pour sa part au gouvernement libéral de ne pas avoir « fait le travail » nécessaire pour aider les provinces et les territoires à être prêts pour le 17 octobre. Rappelons que la légalisation du cannabis était au coeur de la plateforme électorale des libéraux lors de la campagne de 2015 qui les a portés au pouvoir, il y a presque trois ans. La Loi sur le cannabis a obtenu la sanction royale le 21 juin dernier.

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