La piste cyclable du pont Jacques-Cartier encore fermée cet hiver

La fermeture de la piste cyclable du pont Jacques-Cartier pour un autre hiver entraîne des déceptions des deux côtés du fleuve Saint-Laurent. Les tests de déneigement menés l’hiver dernier, qui ont coûté 1,4 million, n’ont pas permis d’assurer la circulation sécuritaire des vélos, prévient la société fédérale responsable du pont.
De nouveaux tests de déneigement et de déglaçage doivent prendre place au cours des prochains mois sur cette piste qualifiée « d’unique » à cause de sa position en hauteur, au-dessus du fleuve Saint-Laurent. Le froid, le vent, l’humidité, l’étroitesse de la piste cyclable, les virages serrés et les longues pentes de 4,2 % sont des « défis importants » qui empêchent le passage des vélos en hiver.
« Je suis déçue que le projet pilote n’ait pas donné les résultats escomptés et j’ai bien l’intention d’avoir une conversation avec le ministre des Infrastructures, parce qu’il faut qu’on trouve des solutions. C’est une piste qui est largement utilisée, qui est très achalandée et qui permet vraiment d’encourager le transport actif », a déclaré Valérie Plante, mairesse de Montréal.
Elle connaît bien la piste du pont Jacques-Cartier pour l’avoir empruntée souvent en se rendant au boulot à vélo, du temps où elle travaillait à Longueuil. « On va parler pour le pont Jacques-Cartier, mais je vais vous dire : je veux surtout m’assurer que, pour le pont Champlain, on ne se retrouve pas dans la même situation. On veut une piste quatre saisons sur le pont Champlain », a-t-elle ajouté.
Joint jeudi par Le Devoir, le ministre de l’Infrastructure, François-Philippe Champagne, a indiqué par courriel qu’il ne « baisse pas les bras ».
« Nous continuerons de collaborer avec PJCCI afin de trouver une solution satisfaisante pour une éventuelle ouverture hivernale en toute sécurité de la piste multifonctionnelle du pont Jacques-Cartier », a-t-il écrit, ajoutant qu’il souhaite lui aussi une piste quatre saisons sur le pont Champlain.
L’Association des piétons et cyclistes du pont Jacques-Cartier s’explique mal l’impossibilité de faire circuler des vélos et des piétons en hiver alors qu’il n’y a aucun problème technique à déneiger et déglacer la chaussée pour les véhicules motorisés. « Les tests de l’hiver dernier nous semblaient pourtant prometteurs », a dit François Démontagne, représentant des piétons et cyclistes.
Le pont Jacques-Cartier est le seul lien hivernal entre Montréal et la Rive-Sud pour le transport actif, souligne-t-il. Le passage par les écluses de Saint-Lambert est fermé l’hiver.
La piste du pont Jacques-Cartier est pourtant achalandée : environ 2000 cyclistes empruntent cette voie chaque jour durant l’été, avec des pointes de plus de 3500 passages.
Autres essais en vue
Les ingénieurs de la firme Services professionnels ARUP, qui ont eu le contrat de tester une série de méthodes de déneigement et de déglaçage l’hiver dernier, concluent qu’il faut poursuivre les essais. Il est possible d’envisager un jour le passage des vélos et des piétons en hiver, mais au prix de prouesses techniques et financières, concluent les experts.
L’installation d’une membrane chauffante coûterait 14,9 millions et entraînerait des frais de fonctionnement, notamment en énergie, de 575 000 $ par année. Le simple déneigement mécanique nécessiterait un investissement de 2,69 millions et des frais annuels de 180 000 $. À plus long terme, les ingénieurs recommandent d’étudier l’hypothèse peu probable d’installer un toit au-dessus de la piste, ce qui limiterait les accumulations de neige au sol.
Au-delà des coûts, chaque méthode comporte des limites importantes, notamment sur le plan des communications. Par exemple, si les gestionnaires décidaient de simplement déneiger la piste, celle-ci serait accessible entre 55 % et 75 % du temps durant la journée. La voie cyclable serait souvent fermée en attendant le déneigement adéquat.