Le cardinal Marc Ouellet se porte à la défense du pape François

Le cardinal Marc Ouellet a fermement défendu dimanche le pape François, accusé par un ancien ambassadeur italien du Vatican d’avoir couvert les inconduites sexuelles d’un archevêque américain.
« L’accusation [de l’archevêque Carlo Maria Vigano] est un montage politique privé de fondement réel incriminant le pape, et elle blesse profondément la communion de l’Église », écrit le cardinal québécois Marc Ouellet, préfet pour la Congrégation pour les évêques depuis 2010, dans une lettre ouverte publiée dimanche par le Vatican.
Dans sa missive adressée à Carlo Maria Vigano, Marc Ouellet affirme que le prélat conservateur a en fait exploité le scandale des agressions sexuelles aux États-Unis pour marquer des points auprès des détracteurs du pape au sein de la droite catholique.
À la fin du mois d’août, Mgr Carlo Maria Vigano — qui a été ambassadeur du Vatican à Washington entre 2011 et 2016 — s’en est pris au pape François ainsi qu’à une vingtaine de prélats du Vatican et de l’Église catholique américaine. Il les accusait d’avoir dissimulé les inconduites de l’archevêque américain Theodore McCarrick déchu en juillet dernier.
D’après Mgr Vigano, l’ancien cardinal McCarrick était déjà soupçonné d’agressions sexuelles contre des séminaristes et des prêtres depuis plusieurs années. Le pape précédent, Benoît XVI, lui avait même imposé vers 2009-2010 des « sanctions », que le pape François, élu en 2013, aurait de facto annulées en consultant l’Américain sur de nombreuses nominations de cardinaux. Il avait ainsi demandé la démission du pape pour son rôle dans cette histoire.
Aucune preuve
Dans sa lettre ouverte, le cardinal Ouellet demande à Mgr Vigano, qui s’exprime depuis un lieu secret, de sortir de sa « clandestinité » et de se « repentir ».
Il ajoute qu’il n’existe aucune preuve — aucun document signé par Benoît XVI ou François — dans les archives pour étayer ses dires. Le cardinal McCarrick n’aurait ainsi jamais fait l’objet de « sanctions » formelles canoniques, selon lui.
Samedi, le pape François a autorisé une « étude approfondie » de toutes les archives du Vatican afin d’établir comment Theodore McCarrick avait pu monter dans la hiérarchie de l’Église catholique en dépit des rumeurs concernant son attitude prédatrice envers les séminaristes et les jeunes prêtres.
« La raison en est qu’on ne disposait pas alors, à la différence d’aujourd’hui, de preuves suffisantes de sa culpabilité présumée », explique le haut prélat, en évoquant la position de « prudence » du Vatican.
En revanche, Marc Ouellet a reconnu que le cardinal déchu avait été fortement encouragé à ne pas voyager ni faire d’apparition publique, et à mener une existence discrète centrée sur la prière à cause des rumeurs à son sujet.
Histoire connue
Le scandale McCarrick a durement ébranlé l’Église catholique aux États-Unis et le Vatican, étant donné que certains membres du clergé américain semblaient au courant de l’habitude de l’ex-cardinal d’inviter des séminaristes dans son lit.
En 2005, deux hommes ont obtenu un règlement de la part de deux diocèses du New Jersey après avoir accusé Theodore McCarrick de les avoir agressés sexuellement ou harcelés.
Le Vatican a été mis au courant des plaintes des séminaristes dès 2000.
Le Saint-Père avait accepté la démission de M. McCarrick comme cardinal en juillet après qu’une enquête menée par l’Église catholique américaine eut déterminé qu’une allégation selon laquelle le prélat avait fait des attouchements à un adolescent agissant comme enfant de choeur dans les années 1970 était crédible. Depuis, un homme a accusé Theodore McCarrick de l’avoir agressé lorsqu’il était adolescent, alors que d’autres ont affirmé qu’il les avait harcelés lorsqu’ils étaient séminaristes ou prêtres d’âge adulte.