Du cannabis de qualité, foi de producteurs

La Société québécoise du cannabis dit faire totalement confiance à ses fournisseurs pour ce qui est de la qualité des produits.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir La Société québécoise du cannabis dit faire totalement confiance à ses fournisseurs pour ce qui est de la qualité des produits.

À moins d’un mois de l’ouverture de ses premières succursales, la Société québécoise du cannabis (SQDC) n’a toujours pas mis en place de laboratoire pour s’assurer de la qualité et de la conformité des produits qu’elle se prépare à vendre. La nouvelle entité gouvernementale chargée d’encadrer le commerce de la marijuana récréative dit que « l’intention est là », mais compte se reposer, en attendant, sur les analyses effectuées par les fabricants pour rassurer ses premiers clients sur la qualité et la salubrité du cannabis mis en marché au Québec.

« Il n’y a pas d’empressement parce qu’il n’y a aucun doute sur la qualité des produits qui vont être vendus, a indiqué au Devoir Linda Bouchard, porte-parole de la SQDC. Les produits vont répondre aux exigences de Santé Canada », exigences qui se résument à des tests réclamés par le ministère fédéral de la Santé aux producteurs de cannabis pour mesurer la teneur en tétrahydrocannabinol (THC), cannabinoïdes, mais aussi pour évaluer la présence éventuelle de contaminants microbiens.

Mardi, la SQDC a reconnu ne pas avoir lancé d’appel d’offres afin de trouver un laboratoire pour effectuer des contre-vérifications de qualité, ne pas avoir trouvé de partenaire pour effectuer des échantillonnages sur les produits qui se préparent à rentrer dans ses succursales et a avoué ne disposer ni de l’équipement ni de l’expertise à l’interne pour tester ses produits. « Nous n’avons pas d’obligations à faire ces analyses pour une date précise, a justifié Mme Bouchard. Nous espérons le faire dès le début de la mise en marché et nous allons avancer en ce sens. »

Rappelons que la SAQ, dont la SQDC est une filiale, contre-vérifie régulièrement les prétentions des producteurs de vins et alcools qu’elle met en vente. L’an dernier, son service de gestion de la qualité a traité et analysé quelque 46 000 échantillons de boissons alcooliques. Par ailleurs, alors que la mise en commerce du cannabis approche, la Société indique ne pas avoir encore établi les critères d’évaluation de ses produits. « On va s’assurer que ce qu’on reçoit est conforme », explique simplement Mme Bouchard.

Même s’il s’agit d’une plante, la salubrité et l’innocuité du cannabis médical et récréatif sont loin d’être une évidence. À preuve, cet été, la Californie a lancé un vaste programme d’analyse de la marijuana vendue légalement dans les commerces de cet État. Plus de 10 000 échantillons ont été passés au crible. Un sur cinq environ n’a pas passé le test, et ce, en raison de la présence de résidus de pesticides, de salmonelles, de E. coli — des agents pathogènes néfastes pour la santé humaine —, de solvants, de taux de THC déclarés non conformes ou de la présence de corps étrangers, dont des restes d’insectes ou des fragments de cheveux, a indiqué le Bureau of Cannabis Control.

La non-conformité des produits était plus élevée dans les dérivés comestibles, les lotions ou crèmes (32 %), dans les huiles (20 %) que dans les fleurs séchées (10 %). Au Canada, la loi encadrant la production du cannabis permet l’utilisation de 17 pesticides différents, dont les résidus restent une éventualité dans les produits de consommation.

Les premiers produits mis en vente par la SQDC sont attendus par la Société au début du mois d’octobre, et ce, pour distribution à temps dans ses succursales dont l’ouverture va se faire le 17 octobre prochain. Sans donner une cible précise sur le moment où elle va lancer ses propres tests, la SQDC dit pouvoir réagir rapidement pour tester des échantillons avec l’aide d’un laboratoire externe. « À terme, nous pourrions développer cette expertise à l’interne », a indiqué Mme Bouchard.

Haro sur la contrebande

Même si le commerce du cannabis se prépare à entrer dans la légalité, la Sûreté du Québec (SQ) va continuer à garder à l’œil la contrebande de cette substance. Mardi, la SQ a annoncé que «54 nouveaux policiers» vont intervenir, après l’entrée en vigueur de la Loi sur le cannabis, le 17 octobre prochain, pour contrer la production illégale et la contrebande de cette substance. Le programme a été baptisé ACCES Cannabis, pour action concertée contre l’économie souterraine. La SQ a rappelé par voie de communiqué que «la culture de cannabis à des fins personnelles» va rester «interdite» au Québec et que «les citoyens» vont avoir l’obligation de «s’approvisionner en ligne ou dans les points de service de la Société québécois du cannabis».


À voir en vidéo