FADOQ et AQRP: défendre les retraites tous azimuts

Stéphane Gagné Collaboration spéciale
La FADOQ a mis sur pied un système de placement en ligne pour permettre aux personnes de 50 ans et plus de se trouver plus facilement du travail.
Photo: iStock La FADOQ a mis sur pied un système de placement en ligne pour permettre aux personnes de 50 ans et plus de se trouver plus facilement du travail.

Ce texte fait partie du cahier spécial Retraite

Au Québec, diverses associations et syndicats se préoccupent de la situation financière des retraités et veillent à assurer l’avenir des retraites. Deux d’entre elles, la FADOQ et l’Association québécoise des retraité(e)s du secteur public et parapublic (AQRP), partagent leurs revendications et certaines de leurs actions.

Depuis plusieurs années, les fonds de pension des salariés des secteurs public, parapublic et privé sont attaqués et menacés de diverses façons. Certains sont non indexés au coût de la vie ou indexés partiellement, d’autres voient la cotisation de l’employeur diminuée, ou d’autres encore sont transformés dans une forme moins avantageuse.

À cela, il faut ajouter les retraités d’entreprises en faillite, qui risquent de perdre une bonne partie de leur fonds de pension, car ils ne sont pas considérés comme créanciers prioritaires. « Ces gens ont pourtant cotisé pendant des années à leur fonds de pension et ils y ont pleinement droit », affirme Lyne Rémillard, directrice générale adjointe du Réseau FADOQ, le plus grand regroupement québécois des personnes de 50 ans et plus totalisant 500 000 membres. Les menaces sont donc multiples et sont présentes dans tous les secteurs.

Au Québec, il est bon de rappeler que le système de retraite comporte six étages. Le premier étage est la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), offerte par le gouvernement fédéral et accessible à tous à partir de 65 ans, travailleurs ou pas. Ensuite, il y a le Régime des rentes du Québec (RRQ), auquel tous les travailleurs ayant un revenu annuel d’au moins 3500 $ ont droit, mais ce n’est pas la panacée : le RRQ fournit une rente qui correspond à 25 % de remplacement du salaire (en hausse progressive jusqu’à 33,33 % depuis la réforme) jusqu’à un maximum de 13 610 $. Le 3e étage, ce sont les régimes complémentaires de retraite (RCR). L’un des plus gros est le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP). Certaines entreprises privées et parapubliques en offrent aussi à leurs employés. Le quatrième palier, ce sont les régimes enregistrés d’épargne-retraite, dont le plus connu est le REER. Ce sont des régimes avec aide fiscale publique. La 5e possibilité de revenu pour la retraite, ce sont les actifs accumulés (ex. : chalet, résidence à revenu) dont on peut se départir au besoin. Enfin, la dernière est le Supplément de revenu garanti (SRG). Il complète la PSV et est accessible aux gens très pauvres, qui souvent n’ont pas de rente du RRQ.

Le rôle de la FADOQ

 

L’important regroupement d’aînés est sensible au fait que près de 20 % des aînés vivent sous le seuil de la pauvreté. Ces gens n’ont accès souvent qu’à la rente du RRQ et à la PSV. Ils n’ont pas souvent de RCR, de REER, de CELI ou d’actifs. « Nous cherchons à défendre ces gens qui n’ont souvent pas de porte-parole pour plaider leur cause », dit Mme Rémillard.

L’autre grande préoccupation de la FADOQ est le vieillissement de la population et le rétrécissement de la population active apte à contribuer aux régimes publics de retraite. Car pour que les régimes demeurent viables, il faut qu’un grand nombre de travailleurs y contribue. « Pour atténuer le phénomène, il faudrait garder les gens au travail plus longtemps, quitte à diminuer la semaine de travail de cinq à quatre jours, dit Mme Rémillard. Il faudrait aussi s’assurer de mieux intégrer les immigrants au marché du travail. »

La FADOQ a aussi mis sur pied un système de placement en ligne pour permettre aux personnes de 50 ans et plus de se trouver plus facilement du travail. Selon Mme Rémillard, 4500 personnes y sont inscrites ainsi que plus de 800 employeurs.

Selon elle, ces questions comportent des enjeux de société importants. Elle croit donc qu’il faudrait des états généraux sur la retraite pour mettre tous les acteurs ensemble et en discuter.

Le rôle de l’AQRP

L’AQRP compte 31 000 membres retraités des secteurs publics et parapublics. Le président de l’AQRP, Donald Tremblay, admet qu’il doit lutter constamment contre le discours ambiant selon lequel les retraités des secteurs publics et parapublics sont des privilégiés de la société. « Ces retraités ont contribué à 50 %, parfois plus, à leur fonds de pension, dit-il. Il s’agit en fait d’un salaire différé. »

Son association s’insurge notamment contre la non-indexation des régimes de retraite. Cette situation s’est produite avec le Régime de retraite du personnel d’encadrement (RRPE). La loi 126 qui a modifié ce régime (qu’on disait en difficulté financière) a gelé l’indexation des rentes pour six ans. « Cela représente une perte nette chaque année et un appauvrissement des bénéficiaires du régime », affirme M. Tremblay, qui songe à contester cette loi devant les tribunaux. L’AQRP conteste déjà en cour les changements imposés par la loi 15 aux retraités des secteurs municipaux. Selon l’association, ces changements ont été imposés de façon uniforme à tous les régimes, qu’ils soient bien capitalisés ou non.

M. Tremblay trouve dangereuse la tendance généralisée, dans le public et le privé, à abandonner les régimes de retraite à prestations déterminées pour des régimes à cotisations déterminées, beaucoup moins avantageux. Dans un régime à prestations déterminées, le montant de la rente est fixé à l’avance selon une formule précise, alors que, lorsqu’il s’agit de cotisations déterminées, le montant des cotisations est fixé à l’avance, mais le revenu à la retraite ne l’est pas. « Le risque lié aux régimes de pension devrait être mutualisé », croit-il.

Pour faire valoir leurs points de vue lors de la campagne électorale, l’AQRP, la FADOQ et trois autres associations de retraités qui représentent plus de 700 000 aînés ont publié leur plateforme intitulée « Pour un Québec digne de ses aînés ». On y trouve 16 revendications relatives aux revenus à la retraite, à l’habitation, aux proches aidants, aux soins à domicile et ceux dispensés dans les CHSLD.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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