Le centre d'aide aux itinérants «Toit rouge» menacé de fermeture

George Greene, le directeur général de la Mission Saint-Michael, dirige les itinérants durant l’heure du dîner.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir George Greene, le directeur général de la Mission Saint-Michael, dirige les itinérants durant l’heure du dîner.

C’est l’incertitude à la Mission Saint-Michael. Après 91 ans d’existence, le centre, qui vient en aide aux itinérants — aussi connu sous le nom de « Toit rouge » —, craint de devoir fermer ses portes dans les prochains mois, faute de financement.

George Greene est inquiet. L’organisme qu’il dirige depuis 11 ans a perdu les contributions de deux fondations qui ont préféré, cette année, financer des programmes visant à réintégrer des sans-abri dans des logements.

« C’est une perte de plus de 100 000 $ pour nous », indique M. Greene, directeur de la Mission installée près de la Place des Arts. « Je suis d’accord avec ça [le programme de logements], mais il va toujours y avoir des besoins pour des services comme ici. Il y a des itinérants qui préfèrent ce qu’ils appellent la “liberté totale”. Ils ne veulent pas vivre entre quatre murs blancs. C’est correct. On ne peut pas les y forcer. »

Dans la salle commune, les habitués de la place avalent leur soupe. Jacques a passé 50 ans derrière les barreaux d’un pénitencier. Après plusieurs évasions, il a finalement recouvré la liberté, mais il vit désormais dans la rue. La nuit, il dort sur un banc de la Plaza Saint-Hubert. Et depuis quelques mois, il vient régulièrement à la Mission Saint-Michael prendre un repas. « Ici, les intervenants sont patients », explique-t-il.

Halte-chaleur coûteuse

 

La Mission Saint-Michael est ouverte du lundi au vendredi, de 8 h à 12 h 15. Elle sert des repas. Les itinérants peuvent y prendre une douche. En plus des services de soutien psychosocial, ils ont accès à des vêtements propres une fois par semaine et à un sac de nourriture une fois par mois.

Mais depuis trois ans, l’organisme offre aussi une halte-chaleur l’hiver. Au début, le service était accessible seulement les soirs de grand froid. Mais l’hiver dernier, la halte-chaleur a été ouverte tous les soirs, peu importe la température.

Malgré l’aide des trois ordres de gouvernement, la halte-chaleur a plombé les finances de l’organisme. Il a fallu engager des employés supplémentaires pour permettre à la Mission de recevoir près de 250 personnes par jour.

Et il a bien fallu retaper les douches, réparer le congélateur et remplacer le système d’éclairage. Toutes ces dépenses ont fait en sorte que le paiement des salaires est maintenant en retard, tout comme celui du loyer.

George Greene croit que, si l’organisme ne reçoit pas d’aide d’ici septembre, il faudra envisager la fermeture du centre après neuf décennies d’activités. Il a d’ailleurs rencontré des représentants de la Ville mercredi matin et espère une aide de leur part.

« Si on ferme, où iront-ils ? » demande-t-il en regardant autour de lui. Il évoque Philippe, qui couche aux abords de la Place des Arts et qui fréquente la Mission depuis 40 ans. Et d’autres, des réguliers dont il connaît le parcours semé d’embûches.

Deux autres centres de jour pour itinérants existent à Montréal.

La Porte ouverte (The Open Door) s’apprête à déménager sur l’avenue du Parc, mais des résidents et des commerçants ne voient pas d’un bon oeil l’arrivée de cette ressource dans leur quartier.

Le Centre de jour Saint-James est pour sa part installé dans la rue Pané.

 

Malgré les difficultés, George Greene ne perd pas l’espoir que la situation se rétablira au fil des semaines et des dons.

« Mais le loup est dans la porte », prévient-il.

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