De plus en plus d’immigrants en emploi au Québec

Même si leur taux d’emploi général demeure inférieur à celui des travailleurs nés au Canada, les immigrants sont de plus en plus présents sur le marché du travail, et cela suit d’ailleurs la courbe démographique.
Au cours des dix dernières années (2006-2017), les immigrants ont occupé un peu plus de la moitié des quelque 480 000 emplois nets créés, selon un nouveau bulletin de l’Institut de la statistique du Québec à l’aide des données de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada.
Voici trois faits saillants commentés.
Le taux de surqualification est en hausse chez les immigrants
Ce taux est passé de 37 % en 2006 à 44 % en 2017. Les immigrants récemment arrivés ont le taux de surqualification le plus élevé, qui peut s’expliquer par les délais dans la reconnaissance des diplômes, le temps qu’il leur faut pour trouver un emploi dans leur domaine, etc. Mais ce qui surprend est de voir qu’il s’est aggravé pour les immigrants qui sont ici depuis plus de 5 ans, passant de 33 % en 2006 à 42 % dix ans plus tard.
« Normalement, étant donné qu’il y a des interventions politiques pour aider les immigrants à s’intégrer, qu’on est plus conscient, on aurait dû solutionner le problème entre 2006 et 2017. Mais ces chiffres nous disent que ce n’est pas réglé, au contraire, ça s’est aggravé », soutient Marie-Thérèse Chicha, professeure à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal.
Chez les travailleurs nés au Canada, le taux de surqualification (27 %) est demeuré pratiquement inchangé en dix ans.
C’est surtout à Montréal que les immigrants travaillent
Bien qu’il y ait une pénurie de main-d’oeuvre dans les régions du Québec et que la régionalisation de l’immigration soit dans les plans des partis politiques, il semblerait que les immigrants travaillent surtout à Montréal. Sur les 250 000 emplois nets qu’ils ont occupés, 4 nouveaux emplois sur 5 seraient dans la métropole.
Durant les dix dernières années, c’est une proportion qui a augmenté, passant de 20 % à 26 %. C’est normal, selon Mme Chicha.
« Ils arrivent d’abord à Montréal et c’est là qu’il y a le plus de possibilités », fait-elle remarquer. « Si on les oblige à aller en région, il faudra trouver un emploi au conjoint ou à la conjointe et ça prend des services d’accueil. Mais déjà, on voit que les régions n’arrivent pas à attirer des natifs, alors pourquoi les immigrants y iraient ? »
Par ailleurs, les immigrants demeurent sous-représentés à Québec et à Sherbrooke.
La santé et les services sociaux sont les secteurs les plus prisés
C’est dans ces domaines qu’on enregistre la plus forte croissance de l’emploi chez les immigrants (50 000 emplois sur 250 000).
C’est toutefois dans l’industrie du transport et de l’entreposage que la croissance a été la plus forte au cours des dix dernières années (en hausse de 13 points de pourcentage), suivie de la finance (8 points de pourcentage).
Les immigrants sont cependant sous-représentés dans les secteurs de la fabrication et de la culture et des loisirs.